La présence du président Ndayishimiye au 2 ème sommet Russie-Afrique n’est pas passé inaperçu au Burundi. Sa première rencontre avec le président Russe a été l’occasion de se promettre un soutien mutuel. Cependant, le Burundi poursuit sa politique de remettre au beau fixe sa coopération avec l’Occident.
Comme d’autres présidents africains, le numéro Un Burundais Evariste Ndayishimiye a répondu présent au 2 ème sommet Russie-Afrique de fin juillet 2023. Il a été l’occasion pour les deux présidents de consolider les perspectives d’avenir pour leur coopération. « Des perspectives de construction d’un partenariat entre la Russie et le Burundi existent », écrit le journal Sputnik qui reprend les propos du chef d’Etat russe. Le dossier du nucléaire est mentionné dans une série d’accords à signer entre les deux pays. En tout cas, Vladimir Poutine manifeste son intention de consolider les relations avec Gitega en mettant sur la table tout le menu de sa diplomatie. Le président de la puissance qui cherche sa place dans le commandement du monde ne cache pas ses ambitions pour le continent africain. « Il y a de bonnes perspectives pour construire notre partenariat. Nous élargissons la base juridique de nos liens, avec la partie burundaise. Il est prévu [de signer] des accords dans les domaines de l’énergie nucléaire, de la santé, de la justice et du travail », a déclaré Poutine dont les paroles sont retransmises par Sputnik.
Des intérêts réciproques…
Le Président Burundais promeut une diplomatie « économique ». Il aura reçu donc de son homologue Russe des promesses. Le Burundi a obtenu des engagements de soutien de la part de la Russie dans le secteur énergétique, l’appui au système sanitaire burundais, notamment en ce qui est du matériel médical et le développement au Burundi des laboratoires d’études sur les maladies infectieuses.
Cependant, la Russie a aussi sans doute des objectifs à poursuivre au Burundi. Lors des échanges entre les deux présidents, Poutine a surtout souligné le soutien lui apporté par le Burundi à travers les instances internationales, en l’occurrence les Nations Unies. En contrepartie, le président Burundais a promis au président Russe de lui apporter toujours son soutien toujours quand la Russie en aura besoin.
« Nous sommes reconnaissants du soutien des initiatives russes au sein des instances multilatérales et, bien sûr, nous sommes déterminés à poursuivre une interaction constructive avec vous, principalement à l’Onu », a promis le président Poutine. Pour ce dirigeant qui veut positionner son pays par rapport aux grands enjeux de la géopolitique, le Burundi est un pays ami fiable de la Russie sur le continent africain. Il notera également l’intérêt que présente la langue russe pour les Burundais, affirmant que le nombre d’étudiants Burundais évoluant en Russie a été revu à la hausse partant de 84 à 100. « Nous notons avec satisfaction l’intérêt croissant des Burundais pour l’apprentissage de la langue russe », a-t-il déclaré.
Le Burundi entre deux mondes
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Evariste Ndayishimiye a réactivé les relations entre son pays et l’Union Européenne qui avaient été mises à mal par les événements de 2015. Jusqu’aujourd’hui, le Burundi subit les contrecoups de cette crise qui a brusquement changé le cours des événements.
Aujourd’hui, le Burundi n’abandonne pas les relations avec la Russie en tension avec l’Occident. Y’a-t-il donc lieu de se poser des questions en rapport avec l’évolution de la situation entre le Burundi qui essaie de réparer ses relations avec l’UE tout en restant proche du pays de Poutine.
Selon Guillaume Ndayikengurutse, politologue et enseignant d’Université, c’est évident que l’approche diplomatique développée par le Burundi ne plait pas à ses partenaires du Nord. Cependant, Ndayikengurutse revient sur la logique d’une diplomatie de non alignement adoptée par la plupart des pays africains. Interrogé sur la question de savoir si cette proximité avec la Russie ne risque pas d’enfreindre les efforts du gouvernement de Ndayishimiye à renouer avec le monde occidental, le professeur a répliqué : « Les occidentaux savent que le Burundi n’a pas raison de travailler exclusivement avec telle ou telle autre puissance ». Il trouve donc que le jeu diplomatique du Burundi n’a rien d’anormal.
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