Environnement

Quid des facteurs de destruction des ponts ?

Le pont reliant les quartiers Musaga et Kamesa sur la RN7 est au bord du précipice. Il risque de s’effondrer. Si rien n’est fait dans les meilleurs délais, le pire est à craindre. La population environnante et les conducteurs des véhicules craignent que l’effondrement de ce pont ne provoque des accidents. Dans ce numéro, Ir Marc Rugerinyange nous fait découvrir les causes de cette situation et les pistes de solution. Les travaux d’aménagement d’une déviation à Kamesa sont en cours en attendant que ce pont soit réhabilité

Nous nous trouvons le 16 mars 2020 dans les quartiers de Musaga et Kamesa sur la RN7. Une partie du pont séparant ces quartiers s’est effondrée. Si rien n’est fait dans les meilleurs délais, tout le pont risque de s’écrouler, car même la partie qui reste présente déjà des fissures. La population environnante et les conducteurs des véhicules craignent que l’effondrement de ce pont ne cause des accidents. Malgré cette situation, la circulation continue même si le croisement de deux véhicules n’y est pas possible. Il serait mieux que ce pont soit réhabilité dans l’immédiat. Sinon, le pire est à craindre, indiquent les conducteurs des véhicules. La population environnante s’inquiète de cette destruction, car elle est prématurée. Selon elle, il s’agit d’un ouvrage qui ne date pas de très longtemps, car il a été réhabilité en 2013 par une société chinoise. Elle pense plutôt qu’il a été mal conçu et construit.

Néanmoins, Ir Marc Rugerinyange, coordonnateur des travaux au sein du Groupe EIS-EKA balaie du revers de la main cette interprétation de la population. Il indique que ces destructions prématurées qui sont devenues monnaie courante sont liées à beaucoup de facteurs.

L’activité anthropique comme facteur principal de destruction d’un ouvrage

Le 1er facteur  de l’effondrement des ponts est l’activité anthropique. Les montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura sont dénudées. La population ne cesse de couper les arbres pêle-mêle, soit pour défricher ou construire des habitations. Elle ne pense pas à planter d’autres pour combattre la déforestation et ses effets pervers. La pression des eaux de pluie est forte. Ce qui ne cesse de fragiliser les différents ouvrages en général et les ponts en particulier. Il n’y a pas de végétation qui permet à l’eau de s’infiltrer. S’il pleut, l’eau coule directement avec une très grande vitesse et emporte tout ce qui est sur son passage. Les cailloux, les pierres, etc charriés par ces eaux endommagent les ouvrages (même ceux qui sont construits en bêton armé).

Une partie du pont séparant les quartiers Musaga et Kamesa sur la RN7 s’est effondrée.

Comme la plupart de ces ouvrages sont construits dans des zones montagneuses, il y a des ponts qui sont en aval des autres. Si l’eau vient avec une grande vitesse, Rugerinyange fait savoir qu’elle se crée des affouillements verticaux avec les différences de niveau entre un pont et un autre pour avoir une pente plus ou moins abordable. Au moment où l’affouillement vertical est atteint, il se crée un affouillement latéral. L’eau ne fait qu’affouiller le long de l’ouvrage qui finit par s’effondrer. La raison qui fait que ces ouvrages ne parviennent pas à résister est que le dimensionnement de l’étude ne tient pas compte des réalités du moment.  Il y a des ouvrages qui ont été construits en 1972 alors que les études hydrologiques et hydrographiques n’ont pas tenu compte de la situation actuelle. Il fait remarquer qu’une mise à jour de l’étude pour prévenir les conséquences  de la pression de l’eau qui s’exerce sur les ouvrages s’avère nécessaire. Des équipes de surveillance régulière sont donc nécessaires pour maintenir ces ouvrages en vie.

On constate que la destruction de ces ouvrages est systématique sur tout le territoire, car même leur construction a été systématique.  Sur la RN1, on a remplacé toutes les buses métalliques par des dalots en béton armé entre Bugarama et Bujumbura. Près de 40 ouvrages ont été réhabilités. On les a remplacés, car ils ont été complètement détruits.

Les matériaux, facteur de destruction d’un ouvrage

Selon Ir Rugerinyange, un autre facteur de destruction est constitué par les matériaux. Le sable, le ciment, le gravier, les fers à bêton, les pierres, etc doivent être de bonne qualité pour être utilisés. Sinon, on ne fait que se heurter à de graves problèmes liés à l’utilisation des matériaux de mauvaise qualité.

La mise en œuvre comme facteur de destruction d’un ouvrage

Et  Ir Rugerinyange d’ajouter la mise en œuvre. Avant de construire, on devrait vérifier si les matériaux sont de bonne qualité. On vérifie si on a respecté les normes, les plans d’exécution approuvés et les dosages offerts par les laboratoires. Tous ces paramètres doivent être analysés.

Rugerinyange signale qu’une étude minutieuse du projet  nécessite que toutes les disciplines soient réunies. Dans  la plupart des pays, on vote le budget avant de connaître l’ampleur des constructions. En principe, on devrait faire l’inverse. D’abord l’étude du projet et le vote du budget après. C’est à partir de l’étude du projet qu’on dégage le budget à y  allouer. Vis-à-vis d’un pont qui vient de s’écrouler, il faut d’abord une technicité qui montre ce qu’il faut faire pour pallier à ce problème de façon efficace. Pour gagner le pari, on doit réunir toutes les données techniques. L’histoire devra avoir sa place. La géographie, la géologie, l’environnement, l’architecture et le génie civil ne sont pas épargnés.

Dans une interview accordée à la RTNB, le directeur général de l’agence routière du Burundi a indiqué que le pont musaga sur la RN7 est gravement menacé par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville de Bujumbura. Par conséquent, la reconstruction de ce dernier nécessitera des moyens colossaux. D’où la priorité est d’aménager une déviation à la localité de Kamesa en vue de faciliter la continuité de la circulation sur cette route. Il précise que les travaux d’aménagement de cette dernière ont déjà commencé et prendront fin d’ici deux semaines.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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