« Urafise iyakera ? », que l’on peut traduire en français par « As-tu une Amstel ancienne ? », voilà la question devenue quasi rituelle que les amateurs de la sainte mousse posent aux cabaretiers dès qu’ils franchissent le seuil d’un débit de boissons.

Mélance Maniragaba, rédacteur en chef adjoint.
Faute d’Amstel, ils enchaînent souvent : « Basi, nta Primus canke Bajou ? » traduit en français : « A défaut, pas même une Primus ou une Bajou ? » car ces bières également, jadis abondantes, se font rares et précieuses, devenues aussi difficiles à obtenir que les fameuses « pierres de racines ».
La pénurie des produits Brarudi frappe de plein fouet. Avec la disparition progressive de l’Amstel 65 cl, cette emblématique sainte mousse produite par la Brasserie et Limonaderie du Burundi (BRARUDI), la bière est devenue un luxe.
Bonjour la spéculations autour de la bière. Les prix ont triplé. Officiellement vendue à 3 500 FBu, l’Amstel 65 cl s’écoule aujourd’hui au marché noir autour de 15 000 FBu. La Primus 72 cl, affichée officiellement à 2 500 FBu, grimpe allègrement à plus de 5 000 FBu. Des prix réservés aux hôtels et restaurants de luxe, détenteurs des autorisations spéciales de l’Office Burundais des Recettes (OBR) leur permettant de fixer des prix proportionnels à leurs standings.
Fait encore plus étonnant : la vieille condition qui imposait de consommer des brochettes pour être servi en boissons a disparu. Aujourd’hui, la bière est distribuée à compte-gouttes, souvent par favoritisme, comme s’il s’agissait d’un produit interdit, à l’image du chanvre ou d’un alcool de contrebande.
Plus grave encore : même l’Amstel Bright, ce nouveau venu censé pallier la pénurie des boissons de la Brarudi (Amstel 65 cl et 50 cl, Primus 72 cl et Bajou, Amstel Bock et Royale) est parfois introuvable. Et quand il est disponible, son prix dépasse déjà le prix officiel de 5 000 FBu pour atteindre 6 000 FBu voire 7 000 FBu.
Pour compenser, certaines boissons localement fabriquées ont été promues. Mais elles ne suffisent pas à combler la demande. D’autres, vendues dans des emballages imposants à des prix exorbitants, sont revendues au détail dans de petits flacons, souvent au mépris de la santé publique.
Dernièrement, des inspections ont été initiées pour veiller au respect des prix officiels. Mais en vain. Les spéculations continuent en attendant que les nouveaux élus fassent de la relance de la production brassicole une priorité, elle qui contribue pourtant largement aux recettes fiscales du pays.
Sainte mousse, un peu d’indulgence pour les consommateurs.
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