Le Syndicat National des Travailleurs de la Santé (SNTS) dénonce une iniquité dans l’octroi des primes de stabilisation, accordées exclusivement aux médecins, alors que le secteur de la santé repose sur un travail d’équipe. Le syndicat réclame une justice sociale par le dialogue et demande des mutations équitables, indépendamment des relations personnelles.

Marie Bukuru, présidente du SNTS : « Nous voulons une répartition équitable de l’indemnité de stabilisation à tout le personnel ».
Selon Marie Bukuru, présidente du SNTS, le personnel infirmier est confronté à de lourdes difficultés économiques et sociales. Elle rappelle que ces professionnels sont des citoyens comme les autres, affectés par un coût de la vie élevé alors que les salaires restent insuffisants.
« Ils mènent une vie critique qui ne permet pas de travailler dignement ni de vivre en famille dans des conditions de santé acceptables », souligne-t-elle avant d’ajouter qu’on s’attend à un salaire permettant de couvrir les besoins essentiels ; bien se nourrir, scolariser ses enfants, assurer leur santé, épargner et investir pour améliorer durablement ses conditions de vie.
Epanouissement du personnel : un droit souvent négligé
Mme Bukuru insiste aussi sur le besoin d’épanouissement personnel, au-delà du travail.
« Il ne s’agit pas seulement de rentrer à la maison après le travail. Il faut pouvoir se reposer, se consacrer à sa famille, participer à des activités de loisir ou de sport. Mais tout cela dépend des revenus familiaux. Avec un salaire bas, on ne peut subvenir qu’à quelques besoins fondamentaux, et les activités sociales deviennent hors de portée ».
Elle signale qu’il est difficile de faire du sport avec un ventre vide, car cela demande souvent des frais d’adhésion.
Une profession mal comprise et peu reconnue
La présidente du SNTS déplore que le secteur de la santé soit considéré comme une profession délicate mais mal reconnue.
« En 2009, une loi avait été adoptée à la suite d’accords syndicaux. Aujourd’hui, elle a été abrogée unilatéralement sans consultation. Nous avons épuisé tous les recours administratifs, jusqu’au Parlement et au Sénat, sans succès. »
Elle critique le manque de concertation et déplore les conséquences de cette suppression.
« Les agents de santé travaillent souvent de nuit, en gardes, au service des urgences. Leur retirer les avantages sans les consulter impacte lourdement leur motivation », fait-elle remarquer.
Selon Mme Bukuru, les prestations de santé sont désormais réduites pour le personnel soignant à l’essentiel. « Quand vous allez à la mutuelle, vous ne recevez presque rien. Oui, certains examens sont pris en charge, mais les plus coûteux ne le sont pas, surtout dans le privé. L’employeur semble ne pas reconnaître la pression et la complexité du métier », déplore-t-elle avant de notifie que les personnels soignants sont traités comme des employés ordinaires, sans tenir compte des spécificités de leurs conditions de travail.
Des indemnités de fin de carrière toujours suspendues
Mme Bukuru souligne aussi la suspension des indemnités de fin de carrière.
« Ceux qui préparaient leur retraite pouvaient épargner via les fonds de pension. Maintenant que les annales sont bloquées, les épargnes ont perdu leur valeur. »
Elle précise que l’indemnité de risque professionnel et la stabilisation étaient calculées sur base des annales. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
« Depuis 2020, les retraités n’ont pas touché leur indemnité de fin de carrière. Pire encore, l’âge de la retraite est passé de 65 à 60 ans pour le personnel de la santé et de l’enseignement ayant les statuts spéciaux. Beaucoup sont partis sans préparation, avec des crédits non couverts. L’Etat n’a pas négocié de solution avec les banques », fait-elle savoir.
Mme Bukuru insiste sur le fait que toute décision unilatérale devrait être accompagnée de mesures sociales, comme cela se fait ailleurs.
Une promesse de pension non tenue
Autre déception ; la pension promise, censée être équivalente au dernier salaire, n’a pas été respectée.
« Cela a des répercussions psychologiques. Une pension équivalente au salaire aurait permis de rembourser les crédits ou d’en étaler les paiements », dit-elle.
Elle appelle à un retour à la table des négociations. « L’Etat devait concilier ses réformes avec les réalités du terrain. Passer des nuits blanches au chevet des malades mérite une reconnaissance », rappelle-t-elle.
Des médecins privilégiés, une équipe oubliée
Mme Bukuru s’interroge, comment un médecin peut-il bien travailler aux côtés d’un infirmier frustré ? Ce dernier n’a aucune prime alors qu’il assiste aux opérations. Pourquoi lui accorder une prime d’un million de FBu par mois et rien aux autres membres de l’équipe ?
Elle regrette que les avantages ne soient accordés qu’aux médecins, alors que le travail est collectif.
« Nous ne réclamons pas les mêmes indemnités que les médecins, mais une répartition équitable selon les catégories professionnelles », précise-t-elle.
Mutations et indemnités d’éloignement pour tous
Elle aborde aussi la question des mutations et des conditions de travail loin des familles.
« Les médecins peuvent se déplacer facilement pour voir leur famille, car pas mal d’entre eux ont des facilités de se déplacer. Ce n’est pas le cas pour les infirmiers. Nous demandons une indemnité d’éloignement », signale-t-elle.
Elle critique les mutations disciplinaires non négocié et les refus de mutation basés sur les relations personnelles plutôt que sur des critères objectifs.
Mme Bukuru appelle enfin les soignants à garder courage et à ne pas faire payer aux patients les conséquences des injustices subies, à garder l’éthique et la déontologie et à revendiquer leurs droits.
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