Entrepreneuriat

Tharcisse Sentore : Un jeune homme déterminé à bâtir un empire à partir de zéro

Les jeunes cherchent activement des solutions pour lutter contre le chômage. C’est le cas de Tharcisse Sentore, un jeune commerçant originaire de la province de Mwaro, qui a développé une approche inédite pour créer son propre emploi. Parti de zéro, son capital s’élève actuellement à plus d’un million de FBu. Il a pour ambition de mettre en place une usine de transformation des produits agricoles.

Tharcisse Sentore : « Ce n’est pas nécessaire d’avoir une grosse somme d’argent pour démarrer une activité génératrice de revenu ».

 

Certains jeunes de la province de Mwaro brisent les barrières et élaborent des stratégies pour s’autonomiser malgré les conditions de vie difficiles dans leurs familles. Tharcisse Sentore est un exemple frappant de ces jeunes qui exploitent le capital humain à leur disposition pour se développer. Après ses études secondaires, il a réussi à lancer un petit business en utilisant l’argent qu’il avait gagné en tant que domestique.

« J’ai toujours été curieux. Un jour, mon enseignant du cours de français m’a fait un clin d’œil que la situation de l’emploi allait empirer et qu’il était temps de réfléchir à une activité génératrice de revenu sans attendre un quelconque boulot. Cela m’a profondément marqué », raconte Sentore en présentant la source de son inspiration pour se lancer dans les affaires. « Il nous a encouragés à choisir une discipline qui nous passionne et à développer un savoir-faire à partir de cette discipline afin de créer un emploi avec les compétences acquises », ajoute-t-il.

De domestique à travailleur indépendant

Selon Tharcisse Sentore, son objectif à l’école n’était pas simplement d’obtenir un diplôme ou un certificat, mais de développer les compétences nécessaires pour générer des revenus.

« Je viens d’une famille pauvre et je savais que le nombre d’élèves et d’étudiants qui finissent leurs études augmente chaque année. J’étais conscient depuis la classe de 7ème que j’avais peu de chances de décrocher un emploi pour subvenir aux besoins de ma famille », témoigne Sentore avant de préciser qu’il a dû travailler comme domestique pendant cinq mois pour amasser un petit capital et lancer son propre business. Il touchait alors 40 000 FBu par mois.

Il explique qu’il n’avait que 100 000 FBu pour démarrer son commerce après avoir dépensé une partie de son maigre salaire pour fêter son certificat des humanités générales en 2019. Il a choisi de commencer avec un petit projet : ouvrir une cafétéria dans son village natal à Ruvumu dans la commune de Kayokwe.

« Avec ce montant, j’ai pu louer une maisonnette pour 15 000 FBu par mois. J’ai payé une avance de deux mois », raconte Tharcisse. Il lui restait alors 70 000 FBu en poche. Avec cette somme, il a acheté quelques ustensiles dont trois gobelets, un bassin, un thermos pour 25 000 FBu ainsi que quelques produits alimentaires dont un kilo de sucre. « Je n’avais que 15 000 FBu pour acheter les ingrédients nécessaires à la préparation des beignets et faire tourner mon business », explique-t-il.

Malgré cela, le business de Sentore a évolué progressivement. « Pour chaque sou que je gagnais, j’achetais un autre article ou un autre ustensile », raconte-t-il.

L’éducation financière, une obligation pour réussir dans les affaires

Son travail a été remarqué par sa mère   qui lui a prêté 100 000 FBu pour augmenter son capital. Cela lui a permis de booster la production comme il disposait déjà d’un local de travail et des équipements. « Dans le business, n’importe qui peut te soutenir s’il a confiance en toi », confie Sentore.

Il ajoute que le secret de la réussite dans les affaires réside dans l’éducation financière qu’il considère comme le pilier de toute initiative entrepreneuriale. Cette éducation lui a permis en seulement cinq mois de rembourser le prêt que sa mère lui avait accordé et de commencer à vivre de son propre capital. « Pendant ce temps, j’ai jonglé avec les dépenses. Les frais de ration n’ont jamais dépassé le montant gagné et me voici aujourd’hui commerçant au marché provincial de Mwaro », explique-t-il.

Actuellement, il profite de la réhabilitation de la route Nyakararo-Mwaro-Gitega pour développer son business en approvisionnant des haricots, du maïs, de la farine, de l’huile et d’autres produits en provenance du marché de Gitega et d’autres régions

Un message à l’endroit des jeunes migrants : investir dans son pays d’origine

M .Sentore lance un appel aux jeunes qui envisagent de migrer à l’étranger à la recherche d’un emploi : « Avant de prendre une telle décision, je les invite à réfléchir sur l’impact de cette migration. Quoi qu’il en soit, les activités qu’ils exercent à l’étranger contribuent au développement d’autres pays. »

Il encourage donc sa génération à privilégier les investissements dans leur pays d’origine : « J’appelle les jeunes de ma génération à investir dans leur propre pays », déclare-t-il, déplorant que de nombreux jeunes burundais préfèrent migrer en payant des sommes exorbitantes pour le transport et les visas. « Je ne comprends pas comment un jeune peut se targuer d’être chômeur tout en débloquant des millions de FBu pour un billet d’avion », s’indigne-t-il. Il constate également que certains jeunes préfèrent emprunter de l’argent pour le loisir au lieu de demander des prêts pour investir.

D’après lui, les jeunes qui souhaitent démarrer une activité génératrice de revenus mais qui manquent d’argent doivent d’abord établir un plan d’affaires avant de solliciter une assistance financière, en se basant sur des actions concrètes et les ressources disponibles.

« Commencer avec rien et construire un empire »

« Ce n’est pas nécessaire d’avoir une grosse somme d’argent pour démarrer une activité génératrice de revenu. On peut commencer avec zéro FBu comme moi. Si quelqu’un veut cultiver des pommes de terre, il est tout à fait possible de commencer avec seulement 5 kg, puis d’augmenter la quantité au fil du temps jusqu’à plusieurs tonnes », explique le jeune commerçant. Il s’inspire également de l’expression anglaise : « Start by nothing and build an empire » (Commencez avec rien et construisez un empire).

Quant à ses perspectives d’avenir, Tharcisse Sentore envisage d’implanter une industrie de transformation des produits agricoles afin de limiter les importations et de créer de la valeur ajoutée localement.

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A propos de l'auteur

Méchaël Tuyubahe.

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