Education

Une mesure qui sacrifie la qualité de l’enseignement

La ministre de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle a mis  en garde les directeurs des écoles qui auront obtenu moins de 30% aux concours nationaux. De sérieuses mesures sont mises en place pour encourager ces directeurs à un meilleur rendement scolaire. Au cas contraire, la destitution peut s’ensuivre

Dans sa correspondance N° Réf : 610/CAB/IGEFPF/2861/2017 adressée aux Directeurs Provinciaux de l’Enseignement (DPE), la ministre de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle, Janvière Ndirahisha demandait à ces derniers d’aviser tous les directeurs et directrices des écoles publiques qui n’auront pas atteint 30% de réussite au concours national,  édition 2018 qu’ils seront destitués avec l’année scolaire 2017-2018.

Selon elle, la compétence d’un directeur ou d’une directrice se manifeste à travers les résultats obtenus aux évaluations nationales. En dessous de 30%, ces résultats s’avèrent comme un indice d’incompétence pour la direction à mener l’école à atteindre le seuil minimal de la qualité souhaitée des enseignements-apprentissages. L’objectif de cette correspondance est donc de mettre en garde les directeurs et les directrices dont les écoles n’auront pas dépassé ce seuil minimal de réussite lors du concours donnant accès à l’enseignement post fondamental qu’ils seront sans doute limogés.

Une mesure louable mais entâchée de contradictions

Le limogeage des directeurs des écoles ayant enregistré un taux élevé d’échecs est une bonne mesure, estime un parent éducateur. Pour lui, le fait d’exiger aux directeurs de tout faire pour améliorer le niveau de réussite de leurs élèves  est une bonne option, car il y a des éducateurs qui ne dispensent pas les cours comme il faut. Ce qui va pousser les directeurs a suivre de près les enseignants.

Toutefois, le discours de la ministre de tutelle est contradictoire selon Daniel Ntunzwenimana, un enseignant à une école secondaire de Bujumbura. Ces contradictions concernent notamment l’avancement de classe et la passation du test national pour les élèves de l’école fondamentale. «En 6ème primaire, pour être orienté au secondaire, l’élève doit avoir entre 70 et 80% en classe. Mais en 9ème, pour passer le concours national, les points obtenus en classe ne sont pas considérés, C’est-à-dire que même un élève qui a 20 % et qui devrait normalement redoubler l’année passe le concours national, comment ce dernier pourra-t-il avoir les 30%  exigés? Ils font passer le test national à des incapables», regrette cet éducateur avant d’ajouter que le manque criant de matériel didactique est un autre aspect qui handicape les enseignants.

Les conséquences se font remarquer

Emmanuel Mashandari, président du Conapes : « C’est déplorable que les directeurs soient impliqués dans de telles magouilles».

Les récentes tricheries au concours national en province de Bubanza montrent la précarité de cette loi. Selon Emmanuel Mashandari, président du Conseil National  du Personnel de l’ Enseignement Secondaire (CONAPES), c’est la complicité des directeurs des écoles et des directeurs provinciaux de l’enseignement pour se protéger mutuellement. « C’est déplorable que les directeurs soient impliqués dans de telles magouilles. L’exemple de Bubanza est loin d’être un cas isolé et cela a un impact sur la qualité de l’enseignement», assène M. Mashandari avant d’ajouter que c’est la loi du moindre effort et les retombées sont dangereuses pour l’avenir.

Il fustige cette tricherie organisée qui entraîne dans son sillage la qualité de l’enseignement et l’avenir des élèves. « Le problème dans tout ça est que le ministère ne privilégie pas le dialogue social avec les syndicalistes. Ce sont des mesures unilatérales, car il n’y a plus de consultation avec les  partenaires de l’enseignement», déplore Mashandari.

L’application de cette mesure du ministère entre en vigueur avec l’année scolaire 2017-2018, mais des signes avant coureur montrent que les conséquences risquent de faire plus de mal que de bien.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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