Société

Les travailleurs issus des agences de placement désillusionnés

Ces derniers jours, certaines entreprises adoptent un nouveau mode de recrutement. Elles préfèrent faire recours aux agences de placement au cas où elles ont besoin de travailleurs. Malheureusement, les travailleurs issus de ces agences déplorent la manière dont ils sont traités et les salaires modiques qu’ils perçoivent 

Actuellement, différentes entreprises confient le recrutement d’une partie de leurs travailleurs à des agences de placement. Ces dernières donnent des travailleurs qui ne sont pas directement employés dans l’entreprise utilisatrice où ils exercent le travail. Ce genre d’emploi relève d’un arrangement contractuel impliquant plusieurs parties. L’employé est juridiquement lié avec l’agence de placement qui l’a recruté, mais il doit remplir son cahier de charge là où il est placé. Ces travailleurs sont notamment les agents de sécurité, certains employés de banques ou d’autres entreprises privées.

Parfois, ces travailleurs déplorent les conditions dans lesquelles ils travaillent et les salaires qu’ils touchent à la fin du mois. Sous couvert d’anonymat, un lauréat de l’université du Burundi qui, en 2019, associait la vie estudiantine et le travail de gardiennage parle des défis auxquels il faisait face. «Je travaillais de 17 h à 7 h du matin. Ce qui fait 14 heures de service par jour. En tout, mon salaire mensuel était de 50 000 FBu le mois sans oublier que je pouvais percevoir moins que cela à cause des fautes disciplinaires sanctionnées par le retrait d’une certaine somme sur le salaire», précise-t-il.

Célestin Nsavyimana, président de la COSYBU : « Le non-respect du Code du travail est l’un des problèmes majeurs auxquels les travailleurs issus des agences de placement font face ».

Ce n’est pas que les agents de sécurité

Même les travailleurs placés dans d’autres services comme dans les banques se lamentent qu’ils ne touchent pas le même salaire à niveau égal que ceux avec qui ils exercent le même travail. A cela s’ajoute qu’ils ne sont pas traités de la même façon. Ils peuvent même être licenciés sans raison valable. Un autre travailleur qui a requis l’anonymat affirme qu’il est tombé malade pendant quelques jours mais que malheureusement, après la convalescence on lui a annoncé qu’il a été licencié. La raison : inaptitude à remplir son cahier de charge.

Selon Célestin Nsavyimana, président de la Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU), certains travailleurs issus des agences de placement se plaignent. Parfois, le Code du travail n’est pas respecté surtout en matière de protection sociale : l’assurance maladie et la pension de vieillesse. En plus de cela, les salaires qu’ils perçoivent sont insignifiants, notamment chez les agents de sécurité où il y a même ceux qui travaillent sans contrat signé.

Que dit la loi ?

Selon Me Rodrigue Majambere, la loi est claire là-dessus. En ce qui est des salaires, l’article 184 du Code du travail stipule que les travailleurs exerçant un même travail ou un travail de valeur égale ont droit, sans aucune discrimination, à une rémunération égale. Mais l’article 185 précise que les salaires sont fixés librement par négociations entre les employeurs et les travailleurs, sous réserve des dispositions légales relatives au salaire minimum légal et des salaires de base minimaux par catégories professionnelles fixés par les conventions collectives.

En ce qui est du fonctionnement des agences de placement, l’article 438 stipule que les employeurs recrutent librement et sans intermédiaire les chercheurs d’emploi, munis de leur carte d’inscription délivrée par le service public de l’emploi, qu’ils désirent employer. Mais ils peuvent faire recours au service public de l’emploi ou aux agences d’emploi privées autorisées. Le domaine de l’emploi pour ces agences est limité à quelques opérations, entre autres le fait de fournir des services consistant à embaucher des travailleurs ayant la qualité de travailleurs de l’agence dans le but de les mettre à la disposition d’une tierce personne physique ou morale utilisatrice qui détermine leurs tâches et en supervise l’exécution.

Pour relever ce défi, M. Nsavyimana propose une mise en place d’un autre texte législatif ou règlementaire qui complète le code du travail ou toute autre convention collective en la matière qui pourrait clarifier beaucoup plus les aspects incomplets du code du travail, entre autres la fixation du salaire minimum.

L’agence de placement se distingue de la sous-traitance et du travail temporaire. Le contrat de sous-traitance est celui par lequel une entreprise dénommée entreprise principale confie à une autre entreprise dénommée sous-traitant, l’exécution de tout ou partie d’un ouvrage.

Et un travailleur temporaire est engagé pour une période de courte durée et pour l’exécution d’un travail qui n’exige pas le recours à une main-d’œuvre permanente. Le travailleur temporaire signe un contrat à durée déterminée.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

Un commentaire
  • Me David DUSABE dit :

    Un très bon article. Mais, la loi ne stipule pas, elle dispose. Merci de corriger cette erreur.

Les commentaires sont fermés.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques