Gouvernance

Une carte d’identité biométrique à l’horizon 2025 ?

A la veille des élections de 2025, le gouvernement donne un coup d’accélérateur au processus de digitalisation des services publics. Désormais, chaque citoyen en âge de voter aura une carte d’identité biométrique. Cependant, la tâche s’annonce difficile avec le faible taux d’électrification du pays et le temps qui reste avant le jour j.

Pour des besoins de transparence des élections, le gouvernement a entrepris un vaste projet de digitalisation des services d’état-civil. C’était dans le cadre des préparatifs des élections de 2010. La plupart des communes ont été équipées pour produire des cartes d’identité biométrique, mais le projet s’est clôturé en queue de poisson.

A une année des élections de 2025 et dans le contexte du nouveau découpage administratif, le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique vient de relancer le projet de fabrication des cartes d’identité biométriques. Au cours de cette année, toute la population burundaise éligible à la possession de la carte nationale d’identité disposera de cette nouvelle carte biométrique. Cela pour éviter les lamentations de certains politiciens après les élections, mais aussi pour se conformer aux autres pays de la région.

Une carte non falsifiable

Le ministère en charge de la sécurité publique estime que la carte d’identité biométrique va réduire drastiquement les cas de criminalité. « Les criminels seront retracés sans difficulté, car certains criminels cachaient leur vraies collines d’origine en présentant des cartes d’identité erronées. La carte biométrique va aussi faciliter le mouvement des personnes n’ayant pas de passeports à travers les pays limitrophes signataires des conventions régionales de libre circulation », lit-on sur le site dudit ministère.

Nous osons espérer que la carte d’identité biométrique va corriger certaines anomalies et pratiques obscures de l’administration. Il n’est pas rare de trouver des cartes d’identité aux mains des étrangers. Une personne pouvait disposer de plus d’une pièce d’identité. Ce qui est délicat c’est que deux personnes avec une identification différente se retrouvaient avec un même numéro de la pièce d’identité. Certains ont eu du mal à se procurer des cartes SIM chez les opérateurs télécoms locaux.  Une loi de protection de la carte d’identité biométrique serait en cours d’élaboration. Le projet sera présenté en conseil des ministres pour analyse et adoption dans les prochains mois.

Des résultats probants

Le gouvernement et ses partenaires ont déjà lancé la phase pilote de ce méga projet dans 11 communes pilotes. Il s’agit de Ruyigi, Bukinanyana, Kayanza, Bubanza, Gitega, Ngozi, Kirundo, Muyinga, Cankuzo, Rutana et Makamba.

Lors d’une émission publique animée depuis Karusi le 29 mars 2024, Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur a fait savoir que les activités de production d’une carte d’identité biométrique sont en cours. Il a également ajouté qu’après le recensement de la population en cours jusqu’en août de cette année, les données recueillies pourraient être utilisées pour délivrer cette carte d’identité biométrique à la population et cette dernière serait utilisée lors des élections de 2025.

Il importe de signaler que la carte nationale d’identité biométrique permet de centraliser deux types de données : les informations complètes sur le titulaire et les données biométriques qui ne changent pas (les empreintes digitales, la couleur des yeux, les données biologiques) et son identité économique, notamment le NIF, les comptes bancaires…

Les défis ne manquent pas

La formation des agents d’état-civil à la manipulation de l’outil informatique et la maîtrise les techniques de fabrication de cette carte biométrique reste une préoccupation majeure du gouvernement. Cependant, les autorités tiennent à rassurer que des efforts seront déployés pour fournir aux Burundais une carte d’identité biométrique avant les élections de 2025. Un pari difficile à gagner compte tenu du temps qui reste avant les échéances électorales. La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) projette l’enrôlement des électeurs vers la fin de cette année.

Le compte à rebours est lancé, mais dans l’entretemps le pays vit au rythme des coupures intempestives d’électricité. Le mieux serait de créer plusieurs points d’enregistrement dans chaque circonscription mais, avec la lenteur de la connexion internet et le taux d’électrification relativement faible, la tâche s’annonce difficile et complexe.

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Jonathan Nzoyibonera.

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