Editorial

Au-delà de l’ambiance festive, des actions  

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Le 8 mars de chaque année, le monde célèbre la Journée Internationale des Droits de la Femme. Normalement, cette journée officialisée par les Nations Unies en 1977 n’est pas synonyme pas d’une journée pour célébrer la splendeur ou l’apothéose de la femme. Il s’agit plutôt d’une journée de lutte pour ses droits qui restent d’ailleurs bafoués dans la plupart des communautés.

C’est une occasion pour dresser un bilan des avancées enregistrées en matière de respect des droits de la femme. Il s’agit d’une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. Les défenseurs des droits de la femme en profitent pour défendre la cause féminine, réfléchir, échanger, se mobiliser pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Cela requiert une prise de conscience collective pour ne pas sortir du contexte global de cette journée.

Malheureusement, la tendance est de considérer uniquement cette journée comme une journée festive. Les débits de boissons sont pleins à craquer. Des concerts sont organisés çà et là pour célébrer la « fête » de la femme. Dommage qu’il y ait des femmes qui dépassent les bornes alors que le 8 mars devrait être une occasion d’évaluer les acquis en matière de leurs droits. C’est notre journée, ça se fête !, raisonnent les voix des femmes émerveillées dans les différents quartiers de la capitale. Normalement, l’ambiance festive devrait être précédée par des sessions de réflexions, des débats scientifiques sur le cadre légal favorable à l’entrepreneuriat féminin, le droit à l’héritage, etc.

Pire encore, certaines femmes ternissent même leur image sans le savoir. Elles veulent montrer à l’opinion publique qu’une femme peut s’enivrer sur la voie publique. On dirait qu’il s’agit d’une vengeance contre leurs époux qui passent des nuités sur les comptoirs des bars. Les hommes se permettent des rentrées tardives après des soirées fraîchement arrosées, les « sorties» quasi quotidiennes comme si la femme était condamnée à rester solitaire à la maison.

En ville comme dans les campagnes, les femmes vivent sous le poids du patriarcat absolu qui limite leur épanouissement. Ils n’ont pas le dernier mot sur la gestion des biens de la famille. Dans certaines entreprises privées, les femmes n’ont pas le droit au congé de maternité ou quand elles en bénéficient, elles touchent la moitié du salaire ou elles perdent leur emploi dans le pire des scenarii.  C’est une injustice envers les femmes. L’accès à la terre reste l’apanage des hommes en l’absence d’une loi qui régit la succession. Certes, la liste des revendications n’est pas exhaustive, mais ces thématiques devraient focaliser l’attention des pouvoirs publics et des militantes des droits de la femme au Burundi.

Au lieu d’organiser des cérémonies en grandeur nature avec toutes les dépenses que cela suppose, nous ne devons pas perdre de vue ce dont pour quoi les pionnières se sont sacrifiées. Les femmes, toutes les catégories confondues, devraient dénoncer les inégalités, les injustices, le harcèlement sexuel sur les lieux de travail, les violences conjugales, les féminicides, le viol, l’inceste, etc. En novembre 2023, le cas d’une fillette de 5 ans violée puis tuer par son agresseur à Buterere a choqué l’opinion.

Le centre Seruka spécialisé dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles basées sur le genre a recensé 241 cas de victimes de viols dont 185 mineurs entre décembre 2022 et février 2023. Sur la même période, 4 femmes ont été tuées par leurs maris en commune Ntega de la province Kirundo. Un phénomène qui tend à se répandre dans d’autres localités des provinces de Kayanza, Rumonge, Bujumbura… où des cas d’homicides conjugaux ont été signalés tout au long de l’année. Même si les auteurs sont parfois punis, les faits ne semblent pas alerter l’opinion d’une façon générale.

Nous rendons hommage à des milliers de femmes qui se battent jour et nuit pour la survie des familles, aux femmes leaders qui guident notre société, aux patronnes des entreprises, aux femmes qui ont rejoint les corps de défense et de sécurité. Hommage également aux nombreuses femmes qui excellent dans les secteurs jadis réservés aux hommes. Une pensée particulière pour les veuves, les mères célibataires qui gardent la tête au-dessus de l’eau malgré les difficultés qui les assaillent.

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Benjamin Kuriyo.

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  • Journal n° 607

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