Société

Développement économique et intellectuel des filles : Un chemin parsemé d’embûches

La fille burundaise est confrontée à pas mal de défis dans son cheminement vers le développement tant économique qu’intellectuel, entre autres la tradition burundaise. Malgré les efforts déployés par de certaines filles pour briser les limites leur imposées par la société, les défis persistent. Le changement de mentalité serait d’une grande nécessité pour inverser la tendance   

La tradition burundaise constitue une barrière au développement économique et intellectuel de la fille burundaise. Celle-ci est le fruit d’une société qui considère un garçon dès le bas âge supérieur de loin à une fille. De même, elle surestime certaines capacités masculines et place une limite à celles de la fille. Cela fait que certaines filles burundaises n’osent pas exploiter pleinement leurs différentes potentialités tant intellectuelles qu’économiques. Si une fois la fille burundaise tente de briser les barrières lui imposées par la société, elle est souvent marginalisée et est taxée d’autoritaire et cela peut se répercuter sur sa vie sociale, surtout qu’elle peut manquer de mari.

Malgré les efforts déployés par de certaines filles pour briser les limites leur imposées par la société, les défis persistent.

L’autonomisation féminine, synonyme d’insoumission ?

Dans la  tradition burundaise comme dans beaucoup d’autres sociétés patriarcales, c’est l’homme qui amène la farine et la femme qui en fait le pain. L’inverse ne marche pas. Certains de nos interlocuteurs masculins ont témoigné qu’ils n’oseraient pas draguer une fille fortunée. Pour certains, la première qualité d’une fille avec qui on veut se marier est la soumission. « Il est rare qu’une femme qui a plus d’argent que son mari soit soumise. Si une fois tu tombes dans l’erreur d’épouser une fille qui a plus d’argent que toi, sois en sûr, elle sera une cheffe de famille et toi tu ne feras que te soumettre à ses ordres », répond G.N, l’un d’eux.

D’après Lambert Hakuziyaremye, sociologue, la tradition burundaise veut que la femme soit condamnée à dépendre toujours de son mari. Selon la tradition burundaise, un homme, un chef de famille digne de ce nom est celui qui a une mainmise sur sa femme. « Il y a même des cas où un mari peut influencer sa femme à abandonner le travail, quand il constate qu’il commence à perdre son autorité sur elle », regrette-t-il. Selon ce sociologue, cela peut démotiver les filles dans leur combat vers le développement économique.

Limites intellectuelles

De même, la tradition burundaise peut constituer une barrière au développement intellectuel de la fille burundaise. Comme l’explique Hakuziyaremye, il y a certains proverbes burundais par exemple « Le diplôme d’une fille est le mari » qui démotivent les filles à faire de longues études. Malheureusement, certaines filles se courbent devant les limites imposées par la tradition. Cela se fait remarquer surtout dans l’enseignement supérieur. C’est comme s’il y avait des facultés faites pour les garçons et d’autres faites pour les filles. « Dans la plupart des facultés qui ne permettent pas aux filles d’entretenir leur féminité comme les facultés des sciences, il y a toujours beaucoup de garçons que de filles », fait-il savoir. En 2020, dans les écoles d’ingénieurs, les filles ne représentaient qu’à peu près 8% des effectifs.

Les rares filles qui ont eu le courage d’être trop ambitieuses et de faire de longes études sont aussi considérées par la société comme des femmes autoritaires surtout à ne pas épouser pour certains. « Tout comme les femmes fortunées, peu de filles qui ont fait de longues études restent soumises. Elles se croient souvent plus intelligentes que les hommes et imposent leurs ordres dans le ménage. Peu d’hommes tolèreraient une telle domination », pense J.N, un autre interlocuteur.

Le développement économique d’une fille, une possibilité

Selon Me Hakuziyaremye, les filles devraient prendre comme modèles les femmes qui ont réussi dans la vie et qui sont culturellement valorisées. Cela contribuerait au changement de mentalité. Aux parents, ce sociologue demande de fournir une même éducation à leurs enfants dès le bas âge, que ce soient les garçons ou les filles.

Lors de la célébration de la Journée Internationale de la Fille qui a eu lieu le 11 octobre 2021 dans la commune Kabezi de la province de Bujumbura, Emmanuel Sinzohagera, président du Sénat, a fait savoir que le Burundi attend beaucoup de la fille Burundaise. Il a appelé toute la population burundaise à contribuer à un avenir meilleur de la fille burundaise et, partant, au bien-être de notre pays.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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