Editorial

Enfin la bourse de Bujumbura

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Après plusieurs années de tractations, le projet de développement du marché des capitaux vient d’aboutir. Le projet entre dans sa phase d’opérationnalisation surtout avec la mise en place de l’Autorité de Régulation du Marché des Capitaux (ARMC) et la création d’une société boursière du Burundi. Elle a pour mission de gérer les opérations sur la bourse des valeurs mobilières et les intermédiaires qui vont conduire les affaires sur ce marché.

Les inquiétudes planent sur la viabilité de ce marché dans un contexte de crise économique qui perdure. Les points de vue divergent sur l’efficacité de ce projet. Certains disent qu’un marché financier ne peut pas fonctionner dans un pays où 80% de la population n’a pas de compte en banque. Il importe de signaler que les marchés des capitaux permettent la rencontre entre les agents économiques ayant un excédent de capitaux et les agents en besoin de financement. Or, dans notre pays, les opérateurs économiques et l’Etat accusent un manque criant des capitaux. Les entreprises privées sont en rude concurrence avec l’Etat qui doit apurer sa dette intérieure colossale.

Les initiateurs du projet se targuent d’avoir mis en place un outil de mobilisation des financements pour les projets à long terme pour booster le développement socio-économique du pays. Cependant, avec un secteur bancaire très fragile, il y a un grand risque que les ressources générées auprès du marché financier soient récupérées par l’Etat au grand dam des opérateurs privés.

Actuellement, les banques commerciales n’arrivent pas à mobiliser les ressources nécessaires pour financer les industries locales. Les banques contractent des crédits auprès des institutions financières régionales et internationales pour créer des lignes de crédits pouvant garantir l’approvisionnement en matières premières et faire face à la pénurie des devises qui handicape l’activité économique. Les banques font également un encours crédit élevé avec plus de 1000 milliards de FBu qui n’ont pas été recouvrés.  

Dans l’entretemps, il reste encore du chemin à faire pour une opérationnalisation effective de la bourse de Bujumbura. L’étape suivante consistera à agréer tous les intermédiaires (courtiers, analystes conseillers en investissement, négociants, dépositaires des banques d’investissement…). Il faudra également sensibiliser les investisseurs et les entreprises pour qu’ils apportent leurs capitaux. L’opérationnalisation effective du marché des capitaux est projetée au mois de juin 2024.

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Benjamin Kuriyo.

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