Culture

Fabrication de tambours : Un des métiers les moins en vue, mais salvateur pour les initiés

Grand symbole de la culture burundaise, le tambour a pu faire vivre une partie de la population éprise de folklore, les « Batimbo ». Cependant, l’exploitation de cet instrument musical ne fait pas vivre que des Batimbo. Nous avons rencontré un fabricant de tambours pour savoir plus sur son métier

11h passée, sous un ciel dépourvu de nuages et un soleil qui chauffe l’atmosphère à plomb, nous débarquons à Kajaga, ce centre commercial qui s’est développé dans la commune Mutimbuzi. Notre cible est un fabricant de tambour. Il s’appelle Isidore Kakunze. C’est une des victimes des inondations de Kajaga. Il habite une maison en cours de construction où il s’est réfugié avec sa famille. Devant sa maison dépourvue de fenêtres et à clôture sans portail, huit tambours sont exposés au soleil. Un enfant d’environ 7 ans est assis devant un âtre à attiser le feu. « Où est ton père? », lui lançons-nous. « C’est celui-là », se précipite l’enfant à répondre en le désignant de l’index avant de se lever et d’aller l’appeler.

L’exploitation du tambour ne fait pas vivre que les Batimbo. La fabrication de cet instrument musical est aussi une source de revenus pour d’autres personnes.

Du haut de ses 46 ans, Kakunze est toujours plein de courage et semble déterminé à lutter pour sa survie et celle de sa famille. Il endure paisiblement sa vie de misère. Cinq de ses huit enfants sont partis à la quête d’un travail plus rémunérateur ailleurs. « Je reste ici avec mes 3 enfants. Cinq sont partis chercher du boulot en Tanzanie», indique-t-il.  Dans son pantalon gris et sa vieille chemise, l’homme boitillant au niveau de la jambe droite ne s’empêche pas de sourire. En cette fin de l’avant-midi, il pose devant sa demeure. Depuis le matin, il a tendu des pièges aux poissons dans un étang d’eaux qui ont envahi son quartier et qui s’est formé à cinq pieds de son domicile. Il s’attend à une éventuelle bonne surprise. De temps en temps, il chasse les enfants qui fourmillent dans les environs de sa zone protégée.

La survie d’un fervent partisan du « non-stop »

Kakunze a, depuis longtemps, vécu de son métier. “Fabriquer et réparer les tambours, c’est le métier qui me fait vivre. J’ai exercé ce métier depuis très très longtemps”, a-t-il réagi quand nous avons voulu savoir quand il a commencé son métier. Kakunze est un autodidacte. Il s’est aventuré dans le métier qui le fait vivre depuis son jeune âge avant d’en faire sa carrière. « Si tu ne t’y aventures pas toi-même, personne ne peut trouver un travail pour toi », souligne cet homme que le poids de l’aventure a rendu sage. Originaire de Mulenge en RDC, il séjournera quelques années dans la province de Karuzi avant de quitter l’intérieur du pays pour s’installer à Bujumbura.

Cet infatigable aventurier vivant de l’un de ces métiers les moins en vue ne roule pas sur l’or. Il dit ne travailler que pour parvenir à nourrir sa famille, ne travailler que pour sa survie. Un tambour peut coûter jusqu’à 120 mille FBu, mais le prix varie selon sa taille. Cependant, il a la chance de ne pas faire face à une concurrence acharnée. A notre question de savoir s’il connait d’autres personnes exerçant le même métier que lui, il a répondu que non. « Je pense qu’il n’y en a pas, du moins à Bujumbura », répond-il. Et d’ajouter : « La preuve est que mes clients viennent des endroits les plus reculés comme ceux de la zone Gatumba et des communes de la province de Bujumbura Rurale et de la municipalité de Bujumbura», explique-t-il.

Malheureusement, Kakunze est obligé de faire face au manque de matériels utilisés dans la fabrication du tambour. « Quand j’ai un marché de nouveaux tambours, je suis souvent contraint de monter à Gitega pour m’approvisionner en mortiers », explique-t-il. Souvent, il répare ou fabrique les petits tambours utilisés  dans les églises. Ses clients sont principalement les églises, les militants des partis politiques et les troupes de tambourinaires.

Il n’est pas différent des autres travailleurs vivant de petits métiers. Pour lui, la fabrication des tambours devrait être aussi soutenue au nom du respect du plus grand symbole de la culture burundaise. 

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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