Culture

L’Etat, grand absent dans l’industrie culturelle

Le Conseil National de la Communication (CNC) a retoqué une trentaine de chansons des artistes burundais lundi le 24 avril 2023, car elles ne respectent pas les valeurs culturelles burundaises. Il est désormais interdit aux médias de les diffuser. Cela survient alors que lors de la deuxième édition du forum national sur développement du Burundi, on a souligné que l’Etat ne soutient presque pas les initiatives des artistes ou l’industrie culturelle en général

Alain Amrah Horutanga estime que les opérateurs du secteur culturel font de leur mieux pour appuyer les artistes. Il évoque notamment la mise en place des centres culturels. Mais cela ne suffit pas, il faut l’intervention de l’Etat. (Photo: Akeza net)

 

Désormais, les médias burundais ne sont plus autorisés à diffuser une trentaine de chansons retoquées par le Conseil National de la Communication (CNC) lundi le 24 avril 2023. La raison de cette interdiction, selon le CNC, est que les chansons en question ne respectent pas les valeurs culturelles burundaises. Cette mesure a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux où certaines personnes sont désolées et d’autres saluent la mesure. D’autres mélomanes disent qu’il y a quelques chansons  qui ne méritent pas de figurer dans cette liste, car elles ne véhiculent pas des contenus « déplacés ». C’est par exemple la chanson « Abagabo bararya imbwa zikishura » de Léonard Niyomwungere.

Les artistes se lamentent de voir l’Etat retoquer certaines chansons mais paradoxalement, il ne soutient pas les artistes qui produisent des meilleurs tubes. « Si le CNC a retoqué certaines chansons, il vaut mieux qu’il établisse une liste de bonnes chansons pour que nous sachions ce que les autorités préfèrent ou ce qu’elles dénigrent. Comme l’Etat a découragé certains chanteurs, qu’il soutienne également les bonnes initiatives des artistes au lieu de voir le mal seulement », a écrit sur sa page Facebook Boniface Girukwishaka connu sous le nom de scène B-Face. L’artiste Philbert Cimpaye (DJ Philbyte) estime que le fait de punir rapidement les artistes devrait aller de pair avec le fait de les soutenir.

L’industrie culturelle a besoin du soutien

« Compte tenu des réalisations issues des recommandations de la première édition du forum national sur le développement du Burundi, le domaine culturel n’a pas été pris en compte », a fait savoir Alain Amrah Horutanga, entrepreneur dans l’industrie culturelle à travers son exposé lors la deuxième édition du Forum national sur le développement du Burundi qui s’est tenue à Bujumbura du 20 au 21 avril au Palais des Congrès de Kigobe.

Pour M. Horutanga, la plupart des industries culturelles et créatives évoluent dans le secteur informel. En plus, les personnes qui tiennent lesdites industries sont des jeunes en qui les investisseurs ne font pas souvent confiance, car ils sont considérés comme inexpérimentés.

« Même si l’industrie culturelle est dans l’informel, cela ne devrait pas être une raison valable pour ne pas les appuyer. Qu’à cela ne tienne, c’est un secteur qui emploie beaucoup de jeunes notamment dans l’audiovisuel, dans le cinéma, etc. », indique M. Horutanga.

Le soutien de l’Etat est primordial

Selon M. Horutanga, pour développer le secteur culturel, il faut le soutien de l’Etat mais également l’appui des privés. Par exemple, le partenariat public-privé (ppp), c’est quelque chose qui pourrait aider un peu plus les artistes ou l’industrie culturelle en général. « En attendant, avec nos maigres moyens, nous parvenons à mettre en place de petites structures comme des centres culturels qui donnent la place aux jeunes pour s’exprimer. Mais ces centres ne peuvent pas nous permettre de placer les artistes ou les génies créateurs burundais sur la scène régionale ou internationale », précise M. Horutanga.

Il explique que les centres qui ont été mis en place pour soutenir les artistes n’ont pas de moyens financiers suffisants. En conséquence, les artistes peinent à persévérer dans leur métier et se lancent dans d’autres  activités pour subvenir à leurs besoins. D’autres migrent vers d’autres pays où l’herbe est encore verte. Pour développer l’industrie culturelle, les artistes devraient être compris et soutenus. Le soutien commence d’abord par le changement de mentalités, en promouvant et en valorisant des artistes médiatiquement visibles. En plus, l’élite burundaise devrait s’approprier ou promouvoir les produits culturels burundais. Qu’à cela ne tienne, il y a des centres culturels publics qui sont à l’agonie partout dans le pays. Il est temps de les redynamiser.

 

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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