Développement

Les migrations, une source de développement

Plus de 365 000 Burundais sont établis légalement à travers les pays d’Europe, de la sous-région et aux Etats unis. La diaspora Burundaise contribue au développement du pays. Ils participent à la construction des écoles, des centres de santé etc. En 2010, les fonds transférés par la diaspora représentaient 37% du budget de l’Etat

Un client opérant des transactions au guichet Western Union à la RNP

L’Organisation des Nations Unies (ONU) estime à près de 250 millions le nombre de migrants dans le monde. Et la grande majorité d’entre eux (90%) sont des migrants économiques qui sont ceux à la recherche d’un meilleur emploi ou qui vont faire leur business en dehors de leur pays d’origine. Les membres de la diaspora Burundaise sont estimés à 365 000. Ils vivent principalement dans les pays européens, les Etats unis, le Canada, et les pays limitrophes dont la Tanzanie, le Rwanda, la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda.

Transfert de fonds

D’après la Banque Mondiale, les transferts d’argent sont une source cruciale de revenus pour les plus pauvres, voire parfois la seule source.
La Banque Mondiale estime à 429 milliards USD les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays en développement en 2016. L’Inde se place au premier rang mondial des pays destinataires de fonds avec 62,7 milliards USD. Au sein de la Communauté Est-Africaine (CEA), le Kenya vient en tête avec 1,7 milliard USD. Il est suivi de l’Ouganda qui a enregistré 1,1 milliard USD. Pour le cas du Burundi, les transferts de fonds de la diaspora Burundaise constitue une source importante de devises puisqu’ils ont représenté le double de la valeur des Investissements Directs Etrangers entre 2008 et 2012. Le Burundi était sous la barre de 48 millions USD en 2012. Et, en 2010, l’envoie des fonds de la diaspora était à 37% du budget national qui était de 726 469 934 836 FBu.

Migration et développement

Selon la Banque Mondiale, les envois de fonds des travailleurs migrants constituent une importante source de revenus pour des millions de familles dans les pays en développement. Les deux tiers des fonds transférés servent à acheter des biens de consommation et à payer les frais de santé et de scolarité. Le reste est consacré à l’acquisition de biens immobiliers, terrains ou maisons ou encore à l’investissement pour lancer de petites entreprises.
S. N. est un commerçant qui exerçait au Burundi, mais qui fait son business en Afrique australe. Il affirme qu’après avoir constaté que les recettes étaient en régression, il a décidé de rejoindre ses amis au Mozambique. Actuellement, il est fier de son business (commercialisation des téléphones portables), car il est plus ou moins rentable dans ce pays. « Je parviens à gagner plus de 500 USD par mois. Et j’envoie de temps en temps de l’argent à ma famille restée au pays. Je compte dans un proche avenir réinvestir au Burundi. Car rien n’est plus envoûtant que d’être dans son propre pays », a-t-il indiqué.

Causes ou types de migrations

D’après Antoine Ndinkabandi, directeur de la diaspora au ministère des Relations Extérieures et de Coopération Internationale, les gens quittent le pays pour chercher une vie meilleure ailleurs par rapport aux besoins d’emploi. Les autres partent pour des raisons d’études et trouvent des opportunités en emplois dans les pays d’accueil. L’autre catégorie est celle de la migration forcée liée à des catastrophes naturelles comme la sécheresse, les inondations, les conflits, les guerres ou d’autres formes de violence. De plus, il existe des travailleurs saisonniers qui partent suivant les saisons dans les pays limitrophes et ceux qui travaillent la journée et rentrent au pays la nuit. D’après la Banque Mondiale, de nombreux facteurs militent pour que le phénomène de migration persiste. Il s’agit entre autres du chômage généralisé des jeunes, du vieillissement de la population dans de nombreux pays développés, mais aussi le changement climatique et les conflits.

Des initiatives pour réduire le coût

La Banque Mondiale appelle les pays d’accueil à abaisser les coûts du transfert d’argent vers les pays pauvres. Un transfert de 200 USD coûte en moyenne aujourd’hui 7 % de la somme envoyée. Par ailleurs, le coût moyen des transferts de fonds des migrants vers l’Afrique subsaharienne a légèrement augmenté, passant de 9,7% en 2016 à 9,8% au premier trimestre 2017, soit le taux le plus élevé à l’échelle mondiale.
Pour le cas du Burundi le projet « migration et développement » de la Régie Nationale des Postes RNP, répond à cette recommandation de la Banque Mondiale. Il vise la réduction des coûts de transfert et l’éducation financière pour les migrants et leurs familles. D’après Jean Marie Mundanikure, assistant du directeur de la poste finance à la Régie Nationale des Postes, grâce à ce projet un nouveau système de transfert d’argent électronique au niveau domestique dénommé « Rungika » qui signifie « Envoyer » a été lancé en 2015. Et il va s’étendre à l’échelle internationale, ce qui va réduire le taux de transfert des fonds.
M. Mundanikure indique que la Régie Nationale des Postes (RNP) utilise actuellement trois systèmes de transfert d’argent à l’étranger. Ce sont notamment le Mandat Express International (MEI) qui est beaucoup plus utilisé au niveau de la sous-région (EAC), le Western Union et Ria Financial. Ces services connaissent une évolution comme le montre le graphique .

Des activités de développement

A côté du transfert de fonds, les membres de la diaspora ont initié des projets de développement au Burundi. M. Ndinkabandi parle du cas de Jean Marie Rurimirije, un Burundais résidant en Belgique qui a initié plusieurs projets de développement dont la microfinance MUTEC, une mutualité d’épargne et de crédit qui propose des crédits aux personnes à de faibles revenus afin de leur permettre de monter des projets de développement. La MUTEC a débuté avec un capital de 200 millions en 2004.
Les membres de la diaspora Burundaise participent également à d’autres activités de développement. Il s’agit de la construction des écoles et des centres de santé ainsi que l’achat des équipements pour les structures de santé. Le cadre du Ministère des Relations Extérieures et de Coopération Internationale parle aussi des travaux d’adduction d’eau potable réalisés par le président de la diaspora Burundaise en Norvège dans la province de Kayanza. Et l’abbé Alphonse Ndabiseruye de la diaspora Burundaise en Allemagne, qui a érigé un complexe scolaire et sanitaire à Kimina en commune Kabezi de la province Bujumbura. La diaspora burundaise investit également dans d’autres secteurs comme l’hôtellerie et tourisme, le transport et les médias.

Le transfert des connaissances

La diaspora Burundaise initie plusieurs projets dans les secteurs de la santé et de l’éduction. M. Ndinkabandi met en évidence la contribution de membres de la diaspora à la mise en place d’une filière de santé mentale et psychiatrique pour combler le manque de psychiatres au Burundi. Ainsi, la filière de santé mentale et psychiatrique à l’Institut National de Santé Publique (INSP) a déjà certifié 19 lauréats qui vont prester comme infirmiers psychiatres dans les différents hôpitaux et districts sanitaires. Dans ce même cadre, des professeurs membres de la diaspora dispensent des cours de temps en temps à l’Université du Burundi et de façon temporaire.
Rappelons que depuis 2015, le Burundi s’est doté d’une politique nationale des migrations et de celle de la diaspora. La première consiste à adopter une stratégie de gestion des migrants Burundais. Cela dans le but de les protéger et de corriger les irrégularités qui peuvent s’observer. Et la seconde vise à renforcer la confiance de la diaspora et à améliorer l’échange des informations entre les communautés burundaises vivant à l’étranger et les institutions publiques.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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