Environnement

Changement climatique au Burundi : Le pire est-t-il à venir ?

Au Burundi, dans la période de mars à mai 2024, les précipitations seront très abondantes et les conséquences seront nombreuses, entre autres les inondations, les glissements de terrains… C’est dans ce cadre que le ministère en charge de l’environnement a organisé à Bujumbura un atelier de réflexion le 04 mars 2024 avec toutes les parties prenantes afin d’échanger sur les solutions envisageables à court terme pour réduire les effets néfastes du changement climatique.

Le ministère en charge de l’environnement et toutes les parties prenantes réfléchissent sur les solutions efficaces au changement climatique.

Pendant la période de mars à mai 2024, il est probable que les précipitations soient au-dessus de la moyenne selon les prévisions météorologiques. Des précipitations excédentaires seront observées dans les régions naturelles de Mugamba, Buyenzi, une partie de Mirwa et une partie de l’Imbo.

Mais il y aura des précipitations normales à tendance excédentaire pour le reste des régions naturelles du pays. Durant la même période, les températures seront supérieures à la normale (plus chaudes que d’habitude) partout au Burundi. Cela a été annoncé par Ezéchiel Kayoya, météorologiste à l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU).

Changement climatique vs rendement agricole

« Autour de 90 % des catastrophes en Afrique de l’Est sont liés aux aléas climatiques (sécheresse, cyclones, pluies diluviennes, inondations…) et, au Burundi, la sécurité alimentaire dépend fortement du comportement climatique », indique Ir Isaac Nzitunga, conseiller au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. Pour lui, la pluviométrie ne suit plus un régime régulier et ces changements ont des effets directs sur le rendement des cultures et de l’élevage. Pour une saison agricole donnée, on assiste à des variations de pluies dans la distribution temporelles et spéciale créant ici et là des inondations ou des sécheresses.

Parfois, cela peut produire des effets positifs. Comment ? Ir Nzitunga donne quelques exemples. Le début précoce des précipitations implique directement le début précoce des semis. Suite à l’augmentation des précipitations, le rendement agricole peut être amélioré sans oublier l’humidité sur une grande partie du pays. Les cultures saisonnières comme le haricot, le maïs, les légumes… sont susceptibles d’avoir une durée culturale suffisante favorable à leur maturité. Le fourrage s’accroit au profit des animaux (herbivores). Ce qui augmente le volume des produits issus de l’élevage comme le lait, la viande et autres sous-produits contribuant à l’amélioration de la sécurité alimentaire. A ne pas ignorer aussi la réduction de la prolifération des chenilles suite aux conditions pluviométriques qui le permettent.

Les conséquences négatives font froid au dos

« Comme il y aura des précipitations très abondantes, le pire est à craindre », s’inquiète Ir Nzitunga. Il y a un risque de prolifération des maladies fongiques des cultures suite à l’humidité élevée et de destruction des infrastructures d’irrigation à cause des pluies diluviennes ainsi que d’érosion des sols cultivables pour les exploitations agricoles mal ou non aménagées. Les plaines et les marais seront inondés. Il y aura beaucoup de pertes post-récolte si les pluies interfèrent avec les récoltes (pour les cultures qui ont été semées précocement). Les maladies liées à une prolifération des parasites tant internes qu’externes pour le secteur de l’élevage augmenteront. La destruction des routes et des ponts pourrait rendre difficile l’approvisionnement des marchés en produits de première nécessité y compris les denrées alimentaires. Les éboulements pourraient se déverser dans les routes et entraver la circulation des biens et des personnes. Ces éboulements des terrains risqueront également d’emporter les cultures installées dans ces endroits. L’augmentation continue des eaux du lac Tanganyika avec la probabilité élevée d’envahir les habitations se trouvant au bord dudit lac entraînera des déplacements de population.

Comment s’adapter ou atténuer les conséquences du changement climatique ?

« Pour faire face au changement climatique, la population doit être informée en temps réel sur les prévisions météorologiques, les risques potentiels et les mesures possibles d’adaptation », précise Audace Ndikumana, chef des projets chez l’Inades Formation. Pour lui, les ménages sont appelés à gérer de façon responsable leurs récoltes. Il faut promouvoir les cultures associées et l’utilisation des intrants organiques, car l’association des cultures permet de moins appauvrir les sols et d’accroître le rendement agricole. Il faut appuyer aussi les ménages vulnérables en l’acquisition du bétail comme source de fertilisant organique et développer la résilience face aux conditions météorologiques difficiles. Il faut aussi protéger les exploitations agricoles contre l’érosion par le reboisement en amont, l’aménagement des courbes de niveau, la protection des lacs et des bas-fonds, etc.

Ir Nzitunga propose de penser à collecter et conserver les eaux de pluie pour une utilisation ultérieure (par exemple pendant l’été). Il faut toujours aménager des dispositifs de collecte et de conservation des eaux de pluie pour continuer à se préparer à d’autres incertitudes climatiques futures.  Il est conseillé de planter des variétés de cultures plus tolérantes à des pluies excédentaires ; par exemple le haricot volubile. En plus de cela, la réduction des émissions de gaz à effet de serre par l’augmentation des puits de carbone à travers la promotion de l’agroforesterie et la gestion durable des écosystèmes terrestres et forestiers est une piste de solution pour le long terme.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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