Commerce

Covid exige, les pertes se substituent aux gains au marché « Chez Sion »

Les commerçants exerçant au marché « Chez Sion » disent travailler à perte. Cela depuis que le Burundi a pris la mesure de fermer les frontières terrestres et maritimes pour les passagers afin d’éviter la propagation de la Covid-19. Les grands clients congolais ne viennent plus s’approvisionner à ce marché. Les Burundais s’approvisionnant en RDC se rabattent sur l’achat en ligne, un système dont certains estiment risquant

Tout a commencé au mois de mars 2020. La frontière entre le Burundi et le Rwanda a été fermé au poste frontière de Ruhwa. Cela faisait suite à la découverte des cas de Covid-19 au Rwanda. Ce poste frontière servait également de passage pour les Burundais et des Congolais qui faisaient les voyages et le commerce entre Bujumbura (Burundi) et Bukavu (capitale du Sud-Kivu).

La réouverture des frontières avec le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) a eu lieu au mois d’avril 2020 pour permettre la continuité de la libre circulation des biens. Seuls les camions et les véhicules transportant les marchandises sont autorisés jusqu’aujourd’hui à traverser ces frontières.

Depuis lors, le mouvement a diminué au marché communément appelé « Chez Sion » dont la fréquence des Congolais laisse à désirer. Ceux-ci venaient avec des sommes énormes de devises incontrôlables par la Banque centrale, surtout que les changes s’effectuaient sur le marché noir. Actuellement, ce marché est interdit suite au retrait de l’agrément des bureaux de change en février 2020.

L’arrêt du mouvement des Congolais au marché « Chez Sion » occasionne le ralenti du mouvement de vente des marchandises et, partant, celui de la circulation monétaire à ce marché.

L’achat en ligne, une alternative à risque

Fidélité Mucowera, vendeuse de pagnes au marché « Chez Sion » témoigne que la fermeture des frontières avec la RDC a été comme une lance dans le dos du commerçant. Toutefois, elle indique qu’elle s’est adaptée en s’approvisionnant en ligne. Ce qui a augmenté le prix d’achat et, partant, le prix de vente.

« Mes grossistes se trouvent à Bukavu. Je fais le transfert électronique d’argent en BIF. Les grossistes fixent leur valeur en dollars et puis m’envoient des pagnes. Ces pagnes ne sont pas fournis directement via à la frontière de Ruhwa. Ils transitent plutôt de l’autre côté de la RDC, Uvira et passent par la frontière de Gatumba. Ce qui rallonge le temps de livraison et augmente les frais de transport », explique Mme Mucowera.

Selon elle, avant la fermeture des frontières aux passagers, le pagne dénommé « Gashwashwa » acheté en RDC se vendait au marché « Chez Sion » entre 17 mille et 18 mille FBu. « Aujourd’hui, il se vend à 22 mille FBu », informe-t-elle avant d’ajouter que le pagne dénommé « demi-hollandais » qui était à 28 mille FBu se vend pour le moment à 50 mille FBu, tandis que le pagne dénommé « petit hollandais » qui était à 50 mille FBu se vend actuellement à 70 mille FBu.

Mme Mucowera déplore qu’avant la fermeture des frontières, le gain sur un pagne était estimé à 3500 FBu alors qu’aujourd’hui il est estimé à 1500 FBu.

Elle confirme que l’achat en ligne est risquant. En témoigne le fait que parfois les fournisseurs des pagnes ne sont pas connus. Dans ce cas, on se rabat sur les commissionnaires moyennant paiement de l’équivalent d’1 dollar par pagne. « Par ailleurs, le fournisseur peut envoyer les pagnes dont la qualité n’est pas appréciée par le client et au temps voulu », regrette-t-elle avant de s’inquiéter que l’argent virtuel n’est pas fiable et peut facilement disparaître.

La perte n’est pas enregistrée du côté des marchands des pagnes seulement. Un commerçant vendant les produits Savonor (eau minérale, jus…) avoue qu’avant la fermeture des frontières, on vendait des produits équivalents à 6 millions de FBu ou 7 millions de FBu. C’est rare que ce commerçant vende pour le moment des produits équivalents à 2 millions de FBu. Cela au moment où les Congolais n’ont pas encore commencé à s’approvisionner en ligne au marché « Chez Sion ».

Désiré Mugisha s’approvisionne en jus en Tanzanie et les revend aux Congolais. Tenant un stand au marché « Chez Sion », presque vide, il notifie qu’il a abandonné de s’approvisionner en Tanzanie à cause du manque de clients. «Ce business que j’ai abandonné me procurait entre 200 mille FBu et 300 mille FBu d’intérêt par mois», certifie-t-il. Et de marteler : « Ma présence au stand est un signe que je le garde. Sinon, la location du stand est chère. C’est 150 mille FBu par mois ».

Le quadragénaire annonce que le ralenti de la fréquence du mouvement de ses activités commerciales affecte sa vie quotidienne. Il cite notamment le paiement du loyer mensuel de 300 mille FBu, de la ration journalière de 10 mille FBu, du déplacement de chaque jour de 2 mille FBu…

Les commerçants souhaitent au moins la réouverture des frontières pour les personnes exerçant le commerce transfrontalier.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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