Commerce

Filière café : Du mécontentement à la fraude

Les mois d’avril et de mai derniers ont été marqués par la vente frauduleuse du café dans les provinces du Nord du Burundi. D’autres formes de fraude dont la manipulation des balances ont été signalées. Cependant, des interrogations restent posées sur ces cas de fraude. Si les responsables administratifs crient halte à la fraude, les caféiculteurs affirment ne pas être satisfaits par le prix proposé sur le marché local   

La saisie de plus de 26 tonnes de café parche washed sur la colline Kagume de la zone Ngoro, commune Gatara de la province de Kayanza fin mai 2022 a levé le voile sur le trafic important de ce produit. Le cas n’est pas isolé. Une demi-tonne de café dépulpé sera saisi dans la commune Gatara de la même province le 29 mai, quatre jours seulement après la première saisie. « Cette quantité non négligeable de café prend une route clandestine vers le voisin du Nord, le Rwanda », affirment des sources administratives. Plusieurs cas ont ensuite été signalés et les autorités affirment avoir eu souvent des cas de fraude de ce genre à traiter.

Les nombreuses perturbations qui s’observent sur le marché burundais justifient la vente frauduleuse du café.

Les stations de lavage et les commerçants soupçonnés de verser dans la fraude

Les agriculteurs interrogés pensent que certains responsables des stations de lavage seraient de mèche avec les fraudeurs. « Il est difficile pour les agriculteurs de dépulper et de sécher le café à la maison », indique un ancien responsable d’une coopérative des caféiculteurs dans la commune de Muruta. Selon lui, les collecteurs de café travaillant pour le compte des stations de lavage paient cash au cas où un caféiculteur éprouve un besoin d’urgence. « Peut-être que c’est cette quantité qui est fraudée », conclut-il.  

Cependant, les causes principales de cette fraude seraient la modicité du prix proposé et le retard de paiement sur le marché local. Pour cet ancien responsable d’une coopérative des caféiculteurs de Muruta, seules les longues distances empêcheraient la majorité des agriculteurs d’être tentés par la fraude. Selon A.N, seuls les commerçants sont capables d’exporter le café car, ils en ont les moyens. Il pense que le besoin urgent en argent chez les producteurs les conduits à chercher à être payés cash. Ce qui encourage la fraude.

La manipulation de la balance, un instrument pour encourage la fraude?

Selon un responsable certains propriétaires de stations de lavage manipulent la balance. A. N, un employé d’une Coopérative à Ngozi affirme que certains acheteurs peuvent profiter du monopole leur offert par les coopératives pour tromper les producteurs. Ce qui serait à l’origine des querelles autour de la fraude sur la balance. Selon d’autres opinions, une fraude à la balance pourrait permettre aux acheteurs et aux coopératives de générer des quantités supplémentaires qui finiraient par prendre le chemin de la fraude. 

«La création des coopératives des producteurs était partie d’une situation d’injustices qui s’observait sur la balance lors de la vente du café», indique un ancien responsable d’une coopérative des caféiculteurs dans la commune Muruta.  

Les autorités affirment avoir suivi de près l’évolution de la situation 

Toute la lumière n’est pas donnée sur cette fraude nourrie principalement par la différence de prix du café offert sur deux marchés dans deux pays voisins. Qui sont les auteurs de cette vente frauduleuse du café vers le Rwanda? Selon Colonel Remy Cishahayo, gouverneur de la province Kayanza, certaines gens vendent en cachette le café au Rwanda. « Nous pensons que ce café est vendu au Rwanda, car nous attrapons de temps en temps des gens en train de l’exporter », affirme-t-il. 

Le numéro un de la province Kayanza a donné des explications à ce sujet. « Nous avons constaté qu’il y avait du café qui ressemblait à celui des stations de lavage », a-t-il indiqué avant de préciser que l’enquête conjointement menée par l’administration, le parquet et l’ODECA a révélé le contraire. Selon le numéro Un de la province Kayanza, 4 agents des usines de lavage du café avaient même été arrêtés avant d’être relâchés plus tard. Les autorités se seraient plutôt rendu compte que certains particuliers se sont procuré des machines modernes semblables à celles utilisées dans les usines de lavage du café. Le gouverneur affirme que cette situation témoigne de la complicité de certains responsables administratifs. 

Lors de la conférence de presse qu’il a animée vendredi le 22 juillet 2022, Dr Déo Guide Rurema, ministre ayant l’agriculture dans ses attributions a appelé la population à dénoncer toute fraude liée au trucage des balances. Rurema affirme de vive voix l’existence d’une volonté ferme de l’Etat de satisfaire le caféiculteur. Cependant, différentes sources dans la population considèrent le modique prix offert sur le marché local comme la cause principale de la fraude sur le café.

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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