Editorial

L’activité économique paralysée

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Depuis plus d’une année, le pays est aux prises avec une grave crise de carburant. Les stations-services sont à sec. La pénurie récurrente du carburant ralentit l’activité économique. Cette situation fausse les hypothèses macroéconomiques et plombe la collecte des recettes budgétaires.

La pénurie du carburant frappe de plein fouet l’économie du pays. Il s’agit d’un produit stratégique qui, par effet de contagion, affecte d’autres secteurs de production. Le transport des biens et des personnes est perturbé. Ce qui se répercute sur les prix des biens et des services. Pire encore, la pénurie du carburant plombe la collecte des recettes fiscales. La fiscalité en pâtit. Le rapport d’exécution budgétaire du 1er trimestre dévoile une contreperformance au niveau de la collecte des recettes.

La prévision des recettes de l’année budgétaire 2022-2023 a été fixée à 1769,16 milliards BIF. Des mesures d’accompagnement pour réussir cet objectif ont été également proposées. Au cours  du 1er trimestre 2022-2023, les recettes enregistrent une baisse. Sur 438,94 milliards BIF de recettes prévues, l’OBR n’a collecté que 387,26 milliards BIF.

 

Cette contreperformance est due au retard enregistré dans la mise en œuvre effective de certaines mesures prises pour améliorer la collecte des recettes prévues en 2022-2023. C’est notamment l’informatisation de tous les services de l’Office Burundais des Recettes (OBR), le système de facturation électronique ainsi que d’autres facteurs imprévus qui ont impacté la collecte des recettes comme la crise du carburant qui a occasionné des difficultés à l’économie nationale et, par conséquent, sur les recettes, lit-on dans le rapport.

Entre juillet et octobre 2022, les importations des produits pétroliers affichaient une baisse sensible des produits pétroliers. Les quantités de carburant mises en consommation au premier trimestre 2022-2023 ont diminué de 14 566 779 litres, passant de 71 855 482 litres à 57 288 703 litres respectivement à la fin du premier trimestre 2021-2022 et 2022-2023. Malgré cette contreperformance par rapport aux prévisions, les recettes collectées au cours du premier trimestre 2022-2023 dépassent de 55,83 milliards BIF celles collectées en 2021- 2022 à la même période (331,43 milliards BIF), soit une croissance de 16,8%, rassurent les auteurs de ce rapport.

L’économie burundaise bat de l’aile. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Le déficit chronique de la balance commerciale entraine une hausse continue des prix des produits importés. Ce qui plonge le pays dans une spirale inflationniste. En pleine période de récolte du riz, cette céréale très consommée dans les centres urbains est hors prix. Les cours restent volatiles sur le marché.  D’ailleurs, l’inflation tirée par les produits alimentaires s’établit à 36.4 % au mois de mai 2023.

Le gouvernement tente d’apporter des réponses à cette problématique, mais les stations-services ne sont pas servies régulièrement. Il subsiste des perturbations dans l’approvisionnement du carburant. L’arrivée d’un nouvel acteur (la REGIDESO) dans le circuit en août dernier semblait prometteuse, mais la situation demeure préoccupante.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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  • Journal n° 606

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