Editorial

Le protectionnisme ne profite à personne !

Il est interdit d’importer la farine à base de maïs et des grains de maïs de la Tanzanie sur une période de six mois. Le gouvernement argue que « ces produits pourraient avoir des conséquences néfastes sur le plan sanitaire ».

Les écologistes sont amplement satisfaits par cette mesure au même titre que l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO). Ils arguent que la protection de la santé de la population prime surtout. Entre deux maux, il faut choisir le moindre, dit-on. Depuis des années, le Burundi importe du maïs ou de la farine à base de maïs de la  Tanzanie. L’aflatoxine étant une substance toxique rencontrée souvent dans les céréales plus particulièrement dans le maïs, cela implique que la population est exposée aux risques de maladies infectieuses.

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Sur les ondes de la radio Isanganiro Pierre Claver Semayugi explique que l’aflatoxine se caractérise par la présence des moisissures sur l’épi de maïs. Ce phénomène est dû à la mauvaise conservation des récoltes, surtout dans des endroits humides. La même source précise que ce produit est à l’origine des cancers du foie. Des mécanismes de contrôle devraient être initiés pour éradiquer a jamais ce produit à  fort degré de toxicité.

Le protectionnisme est-il à encourager au moment où le Burundi fait partie du bloc régional de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE)? Le Burundi est un marché d’écoulement pour les productions céréalières des pays limitrophes en l’occurrence la Tanzanie. Le Burundi importe presque tout. Le déficit chronique de la balance commerciale en est la preuve.

De surcroît, le pays est enclavé et le gros des importations et des exportations transitent par le port de Dar-es-Salaam. S’il advenait que la Tanzanie réplique, l’onde de choc risquerait de se propager à l’échelle du pays. Les pays de l’EAC sont censés défendre les mêmes intérêts tel que transparaît dans le slogan: « Un peuple, une destinée! ». Par contre le protectionnisme embrase la sous-région.  Au début de ce mois, le Kenya a interdit l’importation du maïs en provenance de la Tanzanie et de l’Ouganda. Cette décision a été prise après avoir détecté de grandes quantités de mycotoxines dans les échantillons de maïs importés.

Cette décision risque de coûter cher au pays. En 2018, le Burundi a importé 17 305,5 tonnes de maïs d’une valeur de plus de 8 milliards de FBu. Les statistiques montrent que  plus de 9 000 tonnes de maïs ont été importées rien qu’au 1er trimestre 2019. Malgré la bonne production céréalière, la rupture des stocks ne va pas arranger les affaires. Il importe de signaler que la production est relativement bonne dans certaines régions.

La plupart des pays qui font recours au protectionnisme veulent protéger l’industrie locale. En 2018, le Nigeria a dû fermer ses frontières pour limiter la dépendance vis-à-vis des autres pays.  Le pays a instauré d’une taxe de 110 % sur ses importations de riz, le gel des devises devant servir à l’importation de 41 produits. Mais les mesures prises n’avaient pas produit l’effet escompté.

Par définition, les mycotoxines dont font partie les aflatoxines sont des toxines élaborées par diverses espèces de champignons microscopiques telles que les moisissures. Ce sont des molécules de faible poids. Ces substances sont difficilement dégradables. Elles peuvent subsister dans les denrées même après l’élimination des moisissures, avertissent les écologistes.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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  • Journal n° 606

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