Editorial

Un nouvel élan économique ?

La première édition du forum national du secteur privé  vient de se tenir à Bujumbura, la capitale économique du Burundi. Il s’agit d’un cadre d’échange instaure une fois pour toutes pour parler des défis du secteur privé. Les membres du gouvernement, les opérateurs économiques toutes catégories confondues et les partenaires au développement s’étaient rassemblés pour discuter des obstacles au développement du secteur privé.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

C’était également une occasion de présenter les résultats du rapport diagnostic du secteur privé établi par la Société Financière Internationale (IFC), une filiale du Groupe de la Banque Mondiale qui œuvre pour le  développement du  secteur privé.  Les auteurs de ce rapport passent au crible les défis et les opportunités liés au développement du secteur privé. Pour Malick Fall, représentant régional de l’IFC pour le Burundi, le pays est en mesure de créer assez d’emplois et d’offrir plus de perspectives à sa population. Il suffit d’avoir un secteur privé fort et mobilise. La Représentante Résidente de la Banque mondiale au  Burundi Mme Hawa Cissé Wagué  garde espoir que les réformes macro-économiques et structurelles en cours peuvent attirer beaucoup d’investissements privés. 

Lors des séances plénières, la partie gouvernementale a pu défendre les actions  déjà menées pour améliorer le climat des affaires. Ce sont notamment la restructuration de la politique de change. D’autres mesures seront annoncées d’ici peu pour faciliter la circulation des devises. La libéralisation du marché de change n’exclut pas le contrôle de la part du régulateur. Raison pour laquelle nous suivons à la loupe l’évolution du marché de change. Nous envisageons l’unification des taux de change pour casser le différentiel du taux de change. C’est un travail délicat. Raison pour laquelle le gouvernement sollicite le concours des institutions de Breton Woods pour éviter les effets indésirables à l’économie nationale. 

Le gouvernement envisage également un contrôle rigoureux des devises aux mains des importateurs en instaurant un système de paiement sécurisé. Les opérateurs n’auront plus à voyager avec du cash sur eux. Cette mesure vise à réduire les fuites de devises vers les paradis fiscaux et le marche noir.  

Sur le plan industriel, le pays a besoin des industries fortes et compétitives. La création du marché des capitaux pour multiplier les canaux de financement du secteur privé rentre également dans les réformes envisageables. Au niveau du secteur minier, les réformes entreprises tardent à se concrétiser. Pour Audace Ndayizeye, ex-président de la CFCIB, le secteur minier mérite une attention particulière. Il peut changer la donne économique. Le pays exploite l’or depuis la nuit des temps. Pour le moment, le pays nécessite à la fois des contrats gagnants-gagnants  et un transfert de technologie. La mise en place d’une raffinerie d’or pourrait permettre au pays d’en découdre avec la pénurie récurrente des devises et de renflouer les caisses de l’Etat à travers la collecte des recettes minières. 

Le secteur agricole présente des potentialités énormes pour investir dans l’agro-industrie.  «Le pays connaît entre 8 et 9 mois de saison pluvieuses, mais il n’arrive pas à atteindre l’autosuffisance alimentaire alors que dans les pays comme l’Israël où on  se pratique l’irrigation des champs, on dégage un surplus destine à l’exportation», s’écrie Denis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB. Il cite notamment le secteur horticole qui est encore vierge. 

Pour lui, parmi les secteurs de prédilection des investisseurs  figure le tourisme. En moyenne, un touriste laisse au moins 1 000  USD dans le pays qu’il visite. Si on parvient à attirer un million de touristes par an, le pays engrangerait près d’un milliard de dollars. Ce n’est pas de l’utopie, il s’suffit d’investir sur le littoral du lac Tanganyika pour en faire une attraction touristique par excellence. 

La libéralisation des filières des produits commercialisables serait un atout pour attirer les investisseurs vers le secteur agro-industriel. Les auteurs du rapport suggèrent notamment de moderniser certaines chaînes de valeur agricoles afin de renforcer la sécurité alimentaire du pays. Les industriels réclament un  mécanisme d’arbitrage et une autorité de régulation pour lutter contre la concurrence déloyale. L’autre préoccupation est liée à la mise en place d’une cour commerciale pour éviter que les affaires commerciales trainent dans les tribunaux.

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Benjamin Kuriyo.

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éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

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