Editorial

Une pénurie qui ne dit pas son nom

Les centres urbains du pays font face à des pénuries intempestives d’eau potable. Ce qui favorise l’irruption des maladies des mains sales dont le choléra. Malgré une forte mobilisation du gouvernement et de ses partenaires pour investir dans le secteur d’eau potable, il y a du pain sur la planche. L’offre reste en deçà de la demande. La vision d’accorder l’eau en quantité et en qualité suffisantes a toute la population recule de plus en plus.   L’ensemble du pays connait des épisodes de pénurie d’eau potable.  La ville de Bujumbura et la région de l’Imbo sont les plus touchées. Les habitants peuvent passer 3 jours voire plus sans eau dans les robinets. Ceux qui ont des moyens ont installé des systèmes de collecte des eaux des pluies ou des forages. Dans les quartiers périphériques, le projet de construction des forages fonctionnant à l’aide des plaques photovoltaïques est venu comme une solution salvatrice même si son impact reste minime compte tenu des besoins.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La Regideso fait également face à la pollution des eaux du lac Tanganyika, principale source d’eau en Mairie de Bujumbura. Les débris végétaux et les masses de terre charriés par les affluents du lac augmentent le degré de turbidité. Par conséquent, le point de captage s’éloigne de plus en plus du littoral du lac. Pour rappel, le Burundi ne dispose que de 8% des eaux du lac sur une distance de 7 km uniquement. Le point de captage ne cesse de progresser vers les eaux congolaises. On est à mi-chemin des eaux de la RDC. En plus de la pollution des eaux du lac, le réseau de distribution de l’eau est vétuste. Ce qui cause des pertes d’eau et des coupures à répétition.

Le rationnement de l’eau potable ajoute le drame au drame. L’eau c’est la vie. A quoi ressemblerait la vie en l’absence d’eau potable ? L’eau est une denrée stratégique qui dicte notre quotidien. La modernisation impose de nouveaux modes de vie : faire sa toilette autant de fois par jour, la lessive, la cuisson, la propreté de nos habitations, etc. Les industries agroalimentaires, les hôtels, les restaurants, les car washs, les abattoirs, les salons de beauté doivent être raccordées au réseau hydrique. En cas de pénurie d’eau, l’activité économique est touchée. Si rien n’est fait, l’eau potable deviendra un luxe que le citoyen lambda ne peut se permettre avec le foisonnement des unités de transformation d’eau minérale qui profitent des contreperformances de la Regideso.

Cela étant, le réseau hydrographique du Burundi est très dense. Le pays connait une saison des pluies dure 9 mois. Ce qui signifie que les nappes aquifères sont très riches en eau. Il est incompréhensible de connaitre un déficit hydrique alors qu’il y a moyen de développer des techniques de forage dans les nappes phréatiques ou de construire des usines de traitement des eaux a l’image des autres villes. Dans le cas contraire, l’importation de l’eau potable coûtera cher au pays. Et une grande partie des habitants de la ville de Bujumbura dira adieu à l’eau potable. Tous les ménages de la ville n’ont pas les moyens pour acheter l’eau minérale à boire. Des recherches devraient être diligentées pour trouver une solution durable à la pollution des eaux du lac.

Le secteur fait également face à un manque de coordination des différents acteurs. En 2018, la Regideso s’est doté d’un schéma directeur d’alimentation en eau potable de la ville de Bujumbura. C’est un outil de planification pour stimuler les investissements dans ce secteur. Cependant, rien n’est moins sûr que les interventions en cours s’alignent avec ce plan qui a couté une cagnotte de 1,5 milliards de FBu.

Les politiques dénoncent la corruption endémique qui entache les processus d’attribution des marchés pour l’achat du matériel de raccordement. Certains d’entre eux proposent la diversification des sources d’eau, la réparation ou le remplacement des équipements vétustes ne supportent plus la pression de l’eau. D’autres estiment que la politique d’adduction d’eau potable mérite d’être revue. « Il faut que les techniciens en la matière et d’autres experts qui peuvent contribuer se mettent ensemble pour redéfinir la politique de l’eau potable au Burundi », suggèrent-ils.

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Benjamin Kuriyo.

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éditorial

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  • Journal n° 606

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