Culture

Une vie d’art

Les instruments traditionnels peuvent servir de sources de revenus une fois exploités efficacement. Joseph Torobeka est un septuagénaire artiste qui a su développer ses talents en jouant à la cithare (Inanga). Il fait vivre sa famille et paie les frais de scolarité pour ses huit enfants grâce aux revenus issus des festivals et des événements nationaux et internationaux auxquels il participe

Il est 19h13 min quand j’arrive au domicile de Joseph Torobeka. Sa femme fait la cuisine. Je lui demande si le chef du ménage est présent. Elle répond par l’affirmative. Un mot de bienvenue est prononcé au salon. Elle se dirige vers la chambre pour l’aviser de ma visite. Cinq minutes après, M.Torobeka me rejoint au salon vêtu en chemise noire de courte manches et en pantalon blanche, le cithare à la main. On se salue mutuellement et on ouvre le débat.

Joseph Torobeka : « A la maison, nous n’avions pas d’Inanga. Je l’empruntais chez un voisin pour m’entrainer »

Qui est Joseph Torobeka ?

Né en 1948 sur la colline Bunyange de la commune Rusaka en province Mwaro, Joseph Torobeka est un artiste traditionnel. Monogame, il informe qu’il est père de huit enfants (5 garçons et 3 filles) dont quatre se sont mariés. Il joue à beaucoup d’instruments traditionnels comme la cithare (Inanga), l’Ikembe et l’umuduri. Il est très reconnu surtout pour ses performances à manipuler l’Inanga, une activité qu’il a commencé à l’âge de 12 ans. Il fait également des éloges lors de la célébration des fêtes sociales (mariages, dots, intronisation à lm’ubushingantahe) selon la commande du responsable des cérémonies. C’est son art qui fait vivre sa famille.

Son inspiration

Son attachement à la cithare a une histoire. Nous sommes en 1958. M.Torobeka vient d’une visite chez sa grande sœur. En cours de chemin, il aperçoit dans un ménage un homme entouré de ses enfants en train de jouer à la cithare. Il est intéressé et s’y introduit pour assouvir sa curiosité. Il observe avec attention la scène. Il se familialise avec le propriétaire de cet instrument de musique. Selon lui, à travers l’inanga, on jouait à l’énigme. On identifiait l’emplacement de quelque chose à travers le son de l’inanga. C’était une façon de faire attention au message que l’artiste voulait transmettre à travers cet instrument. C’est à ce moment qu’il a appris les notes de la cithare. « A la maison, nous n’avions pas d’Inanga. Je l’empruntais chez un voisin pour m’entrainer. C’est à ce moment que j’ai constaté que mon père lui aussi savait jouer à cet instrument », raconte-t-il. Gêné de toujours emprunter, Torobeka décida d’acheter le sien. Il se rendit au marché de Muzinda où il l’achèta à 30 FBu. Il joua à l’Inanga après les travaux ménagers puisqu’il est benjamin de la famille. Il fut tellement intéressé qu’il passa une nuit blanche à jouer à cet instrument.

Son parcours professionnel

A 20 ans, c’est-à-dire en 1968, il descend à Bujumbura à la quête du travail. Au cours d’une conversation avec ses pairs, il apprend que le ministère de la Jeunesse a lancé un appel d’offre pour le recrutement des artistes pour constituer son orchestre traditionnel. Torobeka se présente, fait les formalités administratives et finit par être retenu comme fonctionnaire de ce ministère. Celui-ci disposait d’un orchestre moderne national et d’un orchestre traditionnel. « Nous avons participé à des compétitions en Allemagne, en France et en Amérique. En 1974, nous sommes partis en France avec l’équipe de Guinée ou nous y sommes restés pendant un mois et demi. C’était lors d’un festival. Ensuite nous sommes partis en Italie, en Allemagne, en Ile Canarie, (pour aussi un mois et demi). Et enfin en Belgique, au Luxembourg et au Pays-Bas », a-t-il informé. Il a gagné beaucoup de médailles dont deux lors des jeux à l’« Ikembe »

Son art vaut ce qu’il est aujourd’hui

A son retour au Burundi, il fonde son foyer et met au monde huit enfants. Il continua son travail d’artiste en tant que fonctionnaire de l’Etat. Son salaire était de 3.000 FBu par mois. Il fit des réclamations pour que celui-ci soit majoré jusqu’à 10.000 FBu. Pour compléter son salaire, explique Torobeka, il était invité dans des fêtes sociales pour agrémenter les cérémonies. Ce qui lui procurait des revenus importants. C’est à partir de ces moyens qu’il a pu tenir le foyer et scolariser tous ses enfants.  Pensionné depuis 1988, Torobeka continue à jouer à l’inanga et à d’autres instruments traditionnels comme l’umuduri, et l’ikembe. Il fait également des éloges et de la poésie. Lui et d’autres artistes de sa génération ont constitué un orchestre dénommé « Akiwacu ». Ce qui signifie de chez nous.

Ses œuvres sont entre autres « Umugabo mubu, Kirezi ciza, Bumbatira amahoro ». Il interprète aussi les œuvres des autres artistes comme « Rufuku, Urabanza uribaze, Iyamamure wa musore, Akarwa karaho, etc.. ».

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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