Société

AICNDH : Pour l’autonomisation de la femme musulmane

Les femmes musulmanes sont appelées à connaître et à défendre leurs droits dans le but d’être économiquement, socialement et politiquement autonomes. Pour y arriver, elles doivent étudier. Les Imams, quant à eux, sont appelés à faire des textes musulmans une lecture claire, compréhensible par tout le monde. Cela a été dit le 10 mars 2018 à l’Université Islamique de Nyakabiga lors de la célébration de la Journée Internationale de la Femme.

Léonie Aminah Baramfataniye, commissaire chargée des droits de la femme au sein de l’Alliance des Imams du Corridor Nord pour le Développement Humanitaire (AICNDH) indique que les droits des femmes musulmanes sont bafoués. La principale cause de cela est que les femmes et les filles musulmanes ne connaissent pas leurs droits. Mme Baramfataniye précise que des fois les femmes musulmanes sont victimes des facteurs locaux qui influencent leur vie. Parmi ceux-ci figure l’interprétation erronée des textes musulmans qui se placent toujours du côté de l’homme.

Léonie Aminah Baramfataniye, commissaire chargée des droits de la femme au sein de l’AICNDH : « Les femmes musulmanes sont victimes des facteurs locaux qui influencent leur vie. Parmi, ceux-ci figurent l’interprétation erronée des textes musulmans qui se placent toujours du côté de l’homme ».

D’après Mme Baramfataniye, en plus des facteurs locaux s’ajoute la culture burundaise qui donne moins d’importance aux femmes. Ce qui renforce l’inégalité des chances entre les hommes et les femmes en matière d’éducation et de travail et, par conséquent, sur les aspects socio-économiques et politiques. Il y a également la marginalisation historique de la communauté musulmane considérée comme une communauté à part. Ce qui, selon Mme Baramfataniye, fait que toutes les initiatives visant la promotion de la femme musulmane pénètrent mal dans cette communauté. Un nombre important d’imams gardent une conception misogyne du statut de la femme, renchérit-elle.

Le rôle de la femme musulmane dans la situation qu’elle vit

Mme Baramfataniye fait remarquer qu’il y a un obstacle à l’éducation de la femme musulmane au Burundi malgré la gratuité de l’enseignement fondamental. Parmi cette gamme d’obstacles, elle cite un nombre important de femmes musulmanes privées du droit de travail. Et, quand elles travaillent, elles n’exécutent que des activités de moindre importance, donc peu rentables. Ce qui, d’après elle maintient la femme sous la dépendance de son mari ou de sa famille.  A cela s’ajoute le mariage précoce forcé parce que la fille musulmane ne choisit pas son futur époux. Et, comme l’indique Mme Baramfataniye, cela constitue un frein à l’épanouissement de la femme musulmane

La promiscuité dans les quartiers dit Swahili

Pour Mme Baramfataniye, la promiscuité dans les quartiers musulmans appelés communément quartiers swahilis joue en défaveur de la femme musulmane. Elle conduit à des grossesses précoces non désirées. Cette situation est entretenue et renforcée par un niveau de connaissance médiocre des femmes musulmanes en matière de santé sexuelle et reproductive aggravée par la position des leaders musulmans face à la contraception. Il va sans dire que le taux de fécondité par femme est extrêmement élevé (supérieur à 5,6 %) par femme contraignant celle-ci à s’occuper uniquement des enfants et du foyer. Les conséquences sont mauvaises et malheureuses et enfoncent la femme dans la misère et la pauvreté. Elles renforcent également le pouvoir du mari sur elle.

« Leurs droits leur ont été reconnu par l’Islam »

Elie Khalfan  Bukuru, représentant des imams du corridor nord  fait savoir  que les femmes n’ont pas acquis leurs droits suite à leur lutte, mais plutôt grâce à Allah depuis que son messager Muhammad a eu la parole Il y a de cela 14 siècles et  a indiqué que  « si je voulais faire un ami , je choisirai  les femmes » Cependant , même si les choses sont ainsi , grâce à la conquête des droits des personnes , il a été constaté que certaines gens ont arraché aux femmes les droits  qu’Allah leur avait  accordé. Sur ce, l’AICNDH a pris la question en main pour aider les femmes musulmanes en général et toutes les femmes en particulier à recouvrer leurs droits.

L’AICNDH a un grand rôle à jouer. Celui d’enseigner la jeunesse islamique à défendre les droits des femmes. L’imam Bukuru rappelle qu’il n’y a pas de développement durable si la femme n’est pas impliquée. Il note que le Recensement Général de la Population et de l’Habitat effectué en 2008 dénombre 52 % de femmes au moment où les hommes sont à 48 %. Ce qui implique que laisser derrière 52 % de la population, c’est laisser derrière l’économie nationale de 52 %.

Pour valoriser les femmes, l’mam Bukuru reprend les propos de l’ex-président Américain Hussein Barack Obama qui disait : «derrière un homme fort, il y a une femme forte». Ce qui signifie que pour avoir des Etats forts, il faut valoriser les femmes. Il reprend également les citations d’un écrivain arabe qui disait que « la femme est une bonne école si elle est bien entretenue ». Ce qui signifie que pour avoir des connaissances suffisantes, nous devons aider les filles à aller à l’école.

« Sans vous, nous ne pouvons rien »

Saidiki Kajandi, représentant de la Communauté Islamique du Burundi « COMIBU » indique que dans cette communauté, la femme occupe une place de choix. Car « ce n’est pas nous qui lui avons accordé cette place.  C’est plutôt Allah à tel enseigne que même dans le Saint Coran il y a un chapitre réservé à la femme (AN-NISA’) de la page 77 à la page 105. Il rappelle que sans la femme, l’homme n’est rien « c’est vous qui nous mettent bas.  Vous êtes nos fleurs. C’est vous qui apaisent nos cœurs. Sans vous nous ne pouvons rien ».

« Les filles doivent étudier »

Anne Casper, ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique qui avait rehaussé de sa présence les cérémonies a, dans son allocution, indiqué que même si beaucoup de choses ont été réalisées pour la défense des droits de la femme, le chemin est encore long. Elle souligne qu’il y a encore des filles qui se font marier de force et précocement. Elle explique que   le thème retenu au Burundi pour cette année rappelle que le développement des femmes concerne tout le monde, les instruits comme les non instruits, les jeunes comme les vieux, les pauvres comme les riches.

En ce jour mémorable, j’aimerais que chaque femme ait la possibilité de fréquenter l’école, car comme le dit l’adage Kirundi « Akanyoti katagurutse ntikamenya iyo bweze » qui se traduit par « On ne nait pas intelligent, on le devient ».   

Rappelons que le thème retenu pour cette année est « Acteurs ruraux et urbains ensemble, transformons la vie des femmes ».

A propos de l'auteur

Mathias Ntibarikure.

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