Développement

Amélioration du climat des affaires : le chantier reste encore vaste

La problématique d’accès au crédit, le mauvais état des infrastructures, la non digitalisation des services, des avantages fiscaux laissant de côté les investisseurs locaux sont quelques défis qui rendent défavorable le climat des affaires au Burundi. Les experts proposent de renforcer la qualité des institutions et la bonne gouvernance    

Des pas appréciables ont été franchis, notamment en ce qui est du cadre légal et réglementaire. Ce sont entre autres le code des investissements, la création depuis 2012 d’un bureau chargé du dialogue public-privé à travers lequel des questions trouvent des solutions… précise Denis Nshimirimana, secrétaire général de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB) lors d’une conférence-débat sur le climat des affaires au Burundi organisée le 26 août 2022 par le Club d’Ouverture et la Recherche Economique regroupant les étudiants de l’Université du Lac Tanganyika. Toutefois, il affirme que les des défis de taille persistent.

Pour améliorer le climat des affaires, les experts proposent de renforcer la qualité des institutions et la bonne gouvernance.

Des entreprises mort-nées, une réalité

La problématique des entreprises mort-nées inquiète plus d’un. Chaque année, l’Agence de Développement du Burundi (ADB) enregistre un nombre non négligeable d’entreprises créées. De juin 2021 à juin 2022, 4974 entreprises ont été enregistrées à l’ADB. Elles étaient au nombre de 5105 pour l’année 2020-2021. Mais sur terrain, ces entreprises ne sont pas visibles. Les raisons sont simples, selon Prof Léonidas Ndayizeye. Le Burundi occupe une bonne place pour le critère «création d’entreprises». Au niveau de l’ADB, il est possible de créer une entreprise dans deux heures parce qu’il y a un guichet unique où tous les services nécessaires sont disponibles. 

Selon les dernières données sur les différents critères du Doing Business de la Banque Mondiale, le Burundi occupe la 44ème place sur le critère « création d’entreprises » sur 190 pays. Mais il se classe parmi les derniers pour d’autres critères. Il occupe la 184ème place pour le raccordement à l’électricité, 176ème place pour l’accès au crédit, 143ème place pour la protection des petits investisseurs, 140ème place pour le paiement d’impôts et taxes, 169ème place pour le commerce transfrontalier, 158ème place pour la solidité des contrats, etc. 

Un code des investissements lacunaire

M. Nshimirimana précise néanmoins que le code des investissements promulgué en 2020 souffre tout de même de quelques imperfections. Il déplore que ce code privilégie les investisseurs étrangers par rapport aux investisseurs locaux.

Selon lui, pour bénéficier des avantages du code des investissements, un investissement de 500 mille USD est exigé. Une somme jugée élevée par le secrétaire général de la CFCIB.  « C’est plus d’un milliard de FBu. On a privilégié les investisseurs étrangers alors que le Burundi regorge de milliers de chômeurs ». Il rappelle qu’au Burundi, les grands contribuables sont ceux qui ont un chiffre d’affaires annuel de 700 millions FBu et ils ne sont que 700. 

Toutes les observations et commentaires émis lors de sa préparation ont été élaguées et n’ont pas été tenus en compte, fait savoir M. Nshimirimana. Pour lui, il fallait rester dans l’esprit du code des investissements de 2010 où un investissement de 100 millions de FBu, soit 50 mille USD était exigé. 

Pour Denis Nshimirimana, dans l’esprit de la création de la banque des jeunes et de celle des femmes, il fallait adapter le code des investissements pour que des jeunes regroupés en associations ou dans des coopératives qui cherchent un crédit de 200 millions puissent accéder aux avantages du code des investissements. 

Le difficile accès au crédit

Le manque de financement est une autre problématique non négligeable. L’accès au crédit reste difficile. « Pour accéder à un crédit d’un milliard de FBu, il faut que mes hypothèques totalisent au moins 1,5 milliards de FBu. On vous donne à peine 60% de la valeur de vos expertises. Alors qui sont capables dans ce pays de totaliser des hypothèques de ce montant ? », se demande-t-il.  Cela veut dire qu’il faudrait au moins avoir 4 villas à Mutanga Nord ou Gasekebuye. 

La non digitalisation, un autre mal

« La non digitalisation des services pose également problème. A l’Office Burundais des Recettes (OBR), nous faisons la queue et nous perdons plus de 6 heures lors de la déclaration des impôts et taxes. Il faut d’abord remplir les formulaires physiques, aller payer à la banque, revenir avec la quittance pour qu’un agent de l’OBR puisse saisir les données dans la machine », déplore M. Nshimirimana. Cela alors que dans d’autres pays comme le Kenya tous les services sont en ligne. « Là, on gagne du temps et cela réduit la corruption ». 

Un autre défi est celui des infrastructures physiques, notamment les routes et les usines. Le Burundi fait également au déficit énergétique. Il évoque aussi les barrières non tarifaires.  Pour lui, il est déplorable d’être contrôlé 5 fois en mairie de Bujumbura sur une distance de 15 km. Au lieu d’installer des barrières policières sur chaque km en ville, il faut imaginer des types de vignettes pour montrer qu’une personne a été contrôlée. 

Pour améliorer le climat des affaires, les experts proposent de renforcer la qualité des institutions et la bonne gouvernance. Ils proposent également de miser sur l’éducation.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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