Economie

Burundi : une croissance économique projetée à 4,3%

Le Fonds Monétaire International (FMI) annonce une reprise de la croissance économique au Burundi. Les experts du FMI tablent sur une croissance économique de 4,3% tirée par la production agricole, les investissements et les réformes macroéconomiques en cours. Cependant, la croissance économique aussi forte soit-elle n’est pas synonyme du développement économique de notre pays.

Les services du FMI estiment que les mesures d’ajustement politique récemment adoptées, notamment l’assainissement budgétaire dans le cadre du budget révisé 2023/24 (juillet-juin), le resserrement de la politique monétaire (MP) et la libéralisation du marché des changes devraient soutenir la durabilité macroéconomique.

 

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mme Mame Astou Diouf, Chef de mission pour le Burundi, s’est rendue à Bujumbura du 11 au 21 janvier 2024 pour s’entretenir avec les autorités burundaises en vue de la première revue de l’accord sur la Facilité élargie de crédit (FEC). Les discussions ont porté sur les derniers développements du cadre macroéconomique et politique, la performance du programme ainsi que les perspectives à court terme.

Les services du FMI estiment que les mesures d’ajustement politique récemment adoptées, notamment l’assainissement budgétaire dans le cadre du budget révisé 2023/24 (juillet-juin), le resserrement de la politique monétaire (MP) et la libéralisation du marché des changes devraient soutenir la durabilité macroéconomique. Ainsi, Il est prévu une reprise économique plus forte pour 2024, avec une croissance du PIB réel de 4,3 %, tirée par la production agricole, les investissements et les réformes en cours, lit-on sur le site officiel du FMI.

Le PIB, un indicateur avec des limites

La croissance économique est évaluée par le Produit Intérieur Brut (PIB). Ce dernier est égal à la valeur de tous les biens et services produits à l’intérieur d’un pays. En d’autres termes, c’est la somme de toutes les valeurs ajoutées ; donc de tout ce qui a été nouvellement produit sur une période et un territoire donnés.

L’ accroissement du PIB n’implique pas nécessairement une amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population. D’abord, si la croissance démographique est plus rapide que la croissance du PIB, le PIB par habitant diminue. Ensuite, un taux de croissance élevé peut ne pas profiter à une grande partie de la population. C’est ce qui arrive quand un secteur n’impliquant pas beaucoup de main d’œuvre et donc une grande partie de la population (celui de l’extraction des minerais par exemple) enregistre un fort taux de croissance, même si ce taux tire l’économie vers le haut. D’où l’introduction d’un nouvel indicateur qui prend en compte les progrès socio-économiques. L’Indice de Développement Humain (IDH) propose une autre évaluation du niveau de développement ou de « bien-être » des populations. En plus de la richesse monétaire, l’IDH prend en compte deux autres aspects essentiels du développement humain : la santé et l’éducation. La santé est mesurée par l’espérance de vie à la naissance tandis que l’éducation est mesurée à travers deux indicateurs, à savoir : l’indice de scolarisation et le niveau d’étude des adultes. L’IDH est compris entre 0 et 1. Plus il est proche de 1, meilleur est le développement. Pour en savoir plus : https://burundi-eco.com/que-retenir-de-la-croissance-economique/

Une crise économique qui perdure

Le ralentissement de l’activité économique et les pénuries de carburants nationaux ont freiné la reprise économique durant les trois premiers mois. Par contre, le rebond de la production agricole pendant le reste de l’année 2023, les investissements publics et les activités bancaires ont renforcé l’activité économique. Ce qui a atténué les pressions inflationnistes. Vers la fin de l’année, l’inflation a chuté de 6 points passant de 26% à 20% entre les mois d’octobre et décembre 2023. « L’inflation moyenne devrait baisser à environ 22 % en 2024 contre 27% en 2023 », projette le FMI.

La prime du marché parallèle des changes est loin d’être maîtrisée. La dévaluation de 38% opérée par la Banque centrale en mai 2023 n’a pas réussi à stabiliser le marché de change. La prime s’est élargie dépassant récemment les 55 %. Le différentiel entre les taux de change se creuse davantage. Le billet vert frôle les 5000 FBu alors que le marché officiel échange un dollar Américain contre 2884.77 FBu.

Les réserves de change restent faibles (96,4 millions de dollars, soit 0,8 mois d’importations à fin 2023) en raison de la facture élevée des importations. « Les importants flux d’envois de fonds, les exportations d’or, le premier décaissement du FMI au titre de la FEC et d’autres financements de donateurs contribuent à atténuer les pressions ».

Une évolution en dents de scie

Les exportations domestiques évoluent en dents de scie. Le Burundi exporte essentiellement le café, le thé, l’or et les produits manufacturés. Cependant, le pays dispose d’un large éventail de produits potentiellement exportables. Il suffit d’une bonne planification et d’un bon ciblage des marchés. La balance commerciale est très déficitaire. Le pays dépense plus de 1,2 milliards USD alors que la valeur totale des exportations oscille autour de 250 millions USD sur une année. Ces données montrent que les produits primaires dominés par le café et le thé, deux principaux produits d’exportation ne suffisent pas pour couvrir les besoins en importation. Entre janvier et septembre 2023, le pays a engrangé 330 milliards de FBu, soit 114,6 millions USD issus des exportations. Au troisième trimestre  de 2023, les exportations enregistrent un bond de 116,6% tirées essentiellement par les produits primaires et manufacturés.

Pour revenir sur le cas du FMI, les discussions sur la première revue de l’accord sur la  FEC se poursuivront au cours de la période à venir dans le but de parvenir à un accord sur les politiques et les objectifs du programme qui soutiendraient un accord au niveau des services pour l’achèvement de la revue. Le FMI reste déterminé à soutenir les efforts des autorités burundaises pour atteindre les objectifs du programme.

 

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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