Développement

Centrale thermique de 5,5 MW à l’arrêt : Des pertes énormes pendant neuf ans

La Regideso promet de réactiver la centrale thermique de 5,5 Mégawatts appartenant à l’Etat après neuf ans à l’arrêt. Cela pour un budget estimé à 6 millions de FBu. Par contre, la Regideso a loué une centrale thermique appartenant à la société d’importation des produits pétroliers « Interpetrol » et dont les pertes à la fin du contrat sont évaluées par les organisations de la société civile à 74 milliards de FBu. Cette centrale génère 30 Mégawatts et elle est depuis 2017 fonctionnelle

  

Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi demande de mener des investigations pour l’inexplicable choix de louer la centrale thermique appartenant à la société « Interpetrol ».(Photo : Ntare House)

 

« Cela ressemble à celui qui quitte sa maison pour aller louer une autre », déclare Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi, lors de sa visite au cours de ce mois d’octobre 2022 à la centrale thermique de Buyenzi de 5,5 Mégawatts.

Celle-ci venait de passer neuf ans à l’arrêt et le Président de la République du Burundi avait demandé de mener des investigations pour l’inexplicable choix de louer une centrale thermique appartenant à la société « Interpetrol » alors que l’Etat avait le sien.

A cette occasion, Jean Albert Manigomba, directeur général de la Regideso a promis la remise en marche de la centrale thermique de 5,5 Mégawatts qui était financée par l’Union Européenne (UE) juste dans une semaine à partir du 19 octobre 2022. Le budget pour le faire est évalué à 6 millions de FBu.

Et de signaler : « Le carburant utilisé pour alimenter la centrale thermique louée à la société « Interpetrol » peut être utilisé pour alimenter la centrale thermique remise en marche ».

Il a par ailleurs annoncé que la remise en marche de la centrale de 5,5 Mégawatts va contribuer à éviter les coupures d’eau. Pour lui, une coupure du courant électrique pendant 3 heures occasionne la coupure d’eau pendant 3 jours.

Le contrat décrié 

« Dans le souci de sauver la centrale hydroélectrique de Mpanda, il faut faire un avenant pour certains contrats qui ont été mal négociés et qui risquent de causer des pertes à l’Etat (cas des contrats entre la Regideso et la société Interpetrol », lit-on par exemple dans le communiqué du conseil des ministres du 24 septembre 2020. 

Le communiqué du conseil des ministres du 4 février 2021 revient également sur le contrat entre la Regideso et la société Interpetrol.

Le contrat de fourniture de courant électrique entre la Regideso et la société Interpetrol indique que la Regideso, société à 100% étatique doit payer à la société Interpetrol chaque mois une somme de 6 milliards de FBu et cela sur une période de 10 ans. Cette dernière devrait à son tour fournir 30 Mégawatts à la Regideso.

Ce projet est un appui de l’UE à la Regideso à travers le projet d’Appui à la Transition et au Secteur Energie (ATASE phase I et phase II) afin d’augmenter la production d’énergie. 

La centrale thermique d’Interpetrol devrait produire de l’électricité entre minuit et 6 heures du matin.

Dans une lettre adressée à la Présidence de la République du Burundi le 28 janvier 2021, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) a signalé que le contrat que la Regideso a signé avec la société Interpetrol en 2010 pour la fourniture de 10 Mégawatts pendant 6 mois a causé une perte à la Regideso sur cette période de 3, 7 milliards de FBu.

Et de continuer : « Pour le contrat sur 10 ans de la fourniture de 30 Mégawatts, la perte à la Regideso est estimée à 7, 4 milliards de FBu par an, soit 74 milliards de FBu sur 10 ans. Cela, alors que depuis 2011, la Regideso a revu à la hausse plus de 3 fois les prix de l’électricité et de l’eau, soit plus de 100% pour l’électricité et plus de 500% pour l’eau ».

La puissance énergétique actuellement installée est d’environ 105 Mégawatts dont 15 Mégawatts en provenance de la centrale hydroélectrique de Ruzibazi inauguré au mois de septembre dernier. Le Plan National de Développement (PND 2018-2027) projette les besoins du pays en 2027 en énergie à au moins 400 Mégawatts pour son industrialisation et 412 Mégawatts pour le secteur des mines.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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