Edition Spéciale

Coût du mariage : Faits ton inventaire avant de t’engager

La société semble avoir réussi à imposer une forme de mariage, un canevas des besoins pour créer son foyer. Ces derniers temps, le coût du mariage est considérable et certains ont du mal à trouver toute la fortune nécessaire pour cet événement. Mais combien coûte un mariage à Bujumbura ?  Rien n’est facile, il faut retrousser les manches avant d’y aller

Aujourd’hui comme hier, les Burundais célèbrent le jour du mariage. Dans l’opinion publique, ce concept évoque des images vagues associées au bonheur, à la fécondité, à la chance et à tout ce qui parait être beau. Il faut cependant mobiliser des moyens financiers considérables pour mener à bien cet événement. Dans la ville de Bujumbura, les mariés se dépensent sans limites. Le logement et le petit équipement du futur foyer coûte les yeux de la tête. La dot est une vraie bête noire pour l’aspirant au statut marital. Rien n’est facile. Il faut respirer profondément, bien méditer avant de décider de changer d’état civil.  

Tout ce qui est lié aux cérémonies de mariage s‘échange contre l’argent dans un monde où la pauvreté frappe la plupart des jeunes gens en âge de se marier. Tant pis, ils y vont, tête haute, parfois sans préparation, affronter cet inconnu qui s’appelle le futur. Oui, la fille et le garçon chauffés dans le four de l’amour finissent par décider de se donner la main dans l’espoir de réussir leur vie après leur union. 

D’autres ont des moyens pour organiser leur fête, mais doivent faire face à des dépenses immenses pour venir à bout de ces activités. L’évidence est que le mariage coûte énormément cher. Faut-il donc faire un inventaire des besoins, additionner les dépenses et trouver la somme nécessaire avant de se lancer.

Tout ce qui est lié aux cérémonies de mariage s‘échange contre l’argent et tous les prix sont en hausse.

   

Le coût du mariage n’est plus supportable pour certains

Il faut aujourd’hui prendre du temps pour mobiliser les fonds nécessaires aux cérémonies de mariage. Tous les prix sont partis en hausse. Les vêtements, les lieux où se déroulent la fête, les frais liés au déplacement des invités, les images, les boissons, les articles de ménage, la dot et les cérémonies y relatives … coûtent énormément cher pour les candidats au mariage. Dans la nouvelle pratique, les futures épouses partagent les responsabilités. Chacun a donc des dépenses à prendre en charge. 

Cependant, le garçon en tant que futur chef de ménage est toujours amené à dépenser plus que la fille. A part le jour du mariage, on est obligé de dépenser pour les festivités liées à la remise de la dot.  

Dans les villes, le modèle de mariage que la plupart des campagnards appellent « ubugeni bw’abasirimu » ou « ubugeni bw’abakize » est le même. Les dépenses sont donc connues et tous les mariés rivalisent d’ardeur.

Pour donner plus de lumière sur le coût de l’organisation d’un mariage, nous nous sommes rendus dans divers marchés de la capitale économique Bujumbura. Dans ce tableau, nous avons pris soin de montrer le minimum de dépenses exigé pour le mariage.

Garçon  Fille
Articles Dépenses en FBu Articles Dépenses en FBu
Loyer (avance pour 3 mois) 750 000 Assiettes 45000
Armoire 250000 Casseroles 90000
Salon 700000 Verres
Salle à manger 300000 Bassin 20000
Lit conjugale 200000 Seau 15000
Matelas 350000 Thermos 18000
Armoire 250000 Fourchettes et Cuillères 13000
Salle de réception 500000 Couteau 10000
Décor 200000 Draps 160000
2 costumes 200000 Couvre-lit 60000
 Chemises 150000 Louches (6) 15000
Chaussures 180000 Plateau 25000
Voitures 300000 Coupes 20000
Boissons 600000 Braisiers (2) 7000
Alliances (3) 750000 Rideaux 200000
Dot 2 500 000
Images 350000
Robe de mariage 200000
Total 8 280 000 Total 698 000
Total                                                8 978 000

 

La dot pour couvrir les dépenses

Dans la plupart des cas, la dot n’est plus un cadeau pour les parents de la fille. Pour la future mariée, tout s’arrange lentement. Souvent, c’est le garçon qui paie tout. En d’autres termes, les achats effectués par la fille sont indirectement payés par le garçon. Le principe est que madame doit montrer qu’elle a contribué même au cas où elle n’en est pas capable. En effet, plus la fille n’a pas de moyens, plus le garçon dépensera beaucoup. Ceci justifie souvent l’importance de la dot à payer. La fille engage des dépenses dans la dot donnée et sa famille le sait à l’avance. 

Ainsi, des pratiques d’un genre nouveau ont été inventées par une génération douée en matière de créativité festive. Au lendemain du mariage, le mari reçoit une chèvre de la famille de son épouse et plusieurs paniers remplis de vivres. Tout doit se calculer sur base de la dot donnée. 

Collecte déguisée des fonds 

Se soutenir mutuellement pendant les fêtes de mariage est une des marques de la culture Burundaise. Dans la société d’aujourd’hui, la pratique a échappé à l’érosion de la culture qui a occasionné la disparition de certaines mentalités. Dans cette logique, les futurs mariés sollicitent le soutien de leurs proches et amis. Le comité de mariage aide dans la préparation de cette fête, mais aussi pendant les cérémonies le jours du mariage. 

Ces jours, des voix s’élèvent contre une possible exploitation des membres du comité de mariage. En effet, certaines gens préfèrent enrôler un grand nombre de personnes dans leur comité de mariage. Dans certains cas, le nombre de membres du comité de mariage va au-delà de 100 personnes. L’amitié et la parentalité ne sont plus les seuls critères pour être invité à participer à la préparation d’un mariage.  Le pire est que les membres de ce comité se voient imposer la somme à cotiser. « La journée est à nous tous » est la phrase la plus répétée dans ce genre d’activités. Constatant un vide financier considérable, le comité adopte souvent une mesure de s’imposer la contribution. Par écrit, chacun est amené à faire un engagement pour soutenir le futur marié. Ce qui n’est pas bien vu par la plupart des gens qui participent dans ce genre d’activités. « Pourquoi doit-on imposer au comité de mariage une somme à payer alors que cela n’est pas normalement sa mission ? », se lamente M.N. Pour lui, c’est bon d’aider un ami, mais cela suppose une volonté et non une obligation. Il pense qu’une personne choisie pour faire partie d’un comité de mariage peut être utile autrement même quand il ne parvient pas à contribuer financièrement. 

Le bride shower, un renfort important pour une fille qui prépare un mariage 

Pour les filles, la candidate au mariage reçoit un soutien financier de la part de ses amies. Quelques jours avant son mariage, ses amies s’organisent en équipes. Elles mettent ensemble l’argent collecté et achètent les articles à offrir à la future mariée. Plus on a d’amis plus on bénéficiera d’un soutien consistant. Les cadeaux comprennent les casseroles, les cuillères et les fourchettes, les rideaux … Bref les biens qu’elle devra présenter à son mari. Cette action permet à la fille de réduire les dépenses liées à la préparation de son mariage. Les organisatrices peuvent également choisir de mettre l’argent collecté dans une enveloppe.  Cependant, cette pratique ne convainc pas tout le monde malgré son importance pour celle qui bénéficie du soutien. 

« C’est un bon geste, mais je ne suis pas pour la manière dont s’organise cette pratique », réagit une femme fraichement mariée qui a voulu que son nom ne soit pas dévoilé. Selon elle, il y a des cas où on se voit associer sans consultation pour soutenir une personne x alors qu’on ne voulait pas. En plus de cela, les participantes doivent donner une même somme alors que le soutien devrait être personnel.

Du malin et de l’endettement  

Cependant, les garçons doivent se débrouiller. Pour célébrer un mariage dans le bon sens du terme, certains contractent des dettes auprès des amis ou des banques pour les fonctionnaires. Parfois, la nouvelle famille se retrouve dans une pauvreté innommable quelques jours seulement après la fête. D’autres préfèrent diminuer les dépenses. S’il est difficile de modifier la forme du mariage, il reste possible de jouer sur la cherté de certains articles ou objets.   

Certains garçons se permettent par exemple de s’offrir une alliance plaquée en or pour le jeter un peu plus tard et tromper sa compagne que cet «objet de valeur» a été perdu. Ici, l’enjeu est d’éviter que la femme découvre la vérité. « Les femmes aiment les alliances et veulent celles qui sont chères même quand elles n’ont pas assez d’argent pour s’en procurer », explique Z. N, un jeune marié. Celui-ci a été obligé par sa future fiancée de changer de commande après qu’elle ait constaté la qualité des alliances choisies par son futur mari. Pour essayer de diminuer les dépenses, il avait décidé de faire la commande à l’insu de sa fiancée. Celui-ci affirme qu’il a loué la voiture à la dernière minute alors qu’il n’avait plus d’argent. Il devra donc payer le lendemain.  « Cela n’a été possible que parce que j’entretenais des relations personnelles avec le propriétaire de cette voiture. Sinon, il ne me l’aurait pas emprunté », commente-t-il. 

Il reste difficile d’organiser un mariage avec ses propres moyens.  A Bujumbura, il y a un minimum à respecter. Rouler en voiture, payer pour le déplacement des membres de la famille, louer une maison de deux chambres et un salon, louer une salle de réception, la robe de la mariée, équiper la maison… s’imposent comme des standards difficiles à modifier dans l’organisation du mariage. Malheureusement, toutes ces exigences pèsent lourdement sur le futur de la nouvelle famille. Certains jeunes préfèrent ne pas précipiter leur mariage. Mais pour combien de temps parce qu’il s’agit d’une étape à franchir dans la vie pas seulement pour assurer son avenir personnel, mais aussi pour plus de considération sociale ? Cependant, le mariage n’est pas aujourd’hui un jeu d’enfants. 

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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