Un dégel des relations en vue

La normalisation des relations entre le Burundi et le Rwanda se profile à l’horizon. En tout cas, les signes précurseurs sont là. Ça ne fait aucune ombre d’un doute, la volonté de rétablir les relations est là. Les autorités des deux pays ont déjà posé des gestes tangibles pour illustrer cet élan de rapprochement. Il s’agit entre autres des réunions conjointes de sécurité au niveau des régions frontalières, le rapatriement volontaire des réfugiés en provenance du Rwanda, l’échange des membres des groupes armes qui sévissaient dans la sous-région et pour couronner le tout, le Burundi a dépêché une délégation qui a été accueillie par le président rwandais Paul Kagame au début de cette année à Kigali.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Il importe de rappeler la rencontre historique des chefs de la diplomatie des deux pays sur la frontière Gasenyi-Nemba. Le dégel des relations entre les deux pays a été matérialisé par la présence du Premier Ministre rwandais Edouard Ngirente lors de la célébration du 59^ème anniversaire de l’indépendance du Burundi en juillet dernier. Cela met un terme à la période des relations timides entre les deux voisins. Il a eu l’occasion de s’exprimer sur les relations entre le Burundi et son pays.

La sortie médiatique de Kagame qui s’exprimait sur l’évolution de la situation constitue une lueur d’espoir pour les peuples des deux pays qui attendent impatiemment la réouverture des frontières. «Dans un proche avenir, les relations entre le Rwanda et le Burundi redeviendront normales », a déclaré le Président rwandais Paul Kagame lors d’un discours au Parlement en marge des cérémonies de prestation de serment du nouveau ministre rwandais des Infrastructures.

Les problèmes entre le Rwanda et le Burundi, y compris l’insécurité le long de la frontière commune au niveau des forêts de Nyungwe et de la Kibira seront bientôt éliminés pour que les habitants des deux pays puissent se déplacer librement, a-t-il ajouté.

Le Burundi et le Rwanda partagent la même histoire. A l’ère coloniale les deux pays étaient sous tutelle Belge et portaient un même nom Ruanda-Urundi. Les deux pays parlent des langues sœurs en l’occurrence le Kirundi et le Kinyarwanda.

Au-delà des aspects socio-culturels, les deux pays font partie des mêmes blocs régionaux dont la Communauté Est Africaine. Ce qui présage que les deux pays regorgent d’énormes opportunités économiques. Avant la crise de 2015, les échanges commerciaux entre les deux pays étaient dominés par les denrées alimentaires notamment les fruits, le lait aromatisé, les pommes de terre dites Ruhengeri, etc.

Les données de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) montrent que le Burundi a exporté vers le Rwanda des biens vers le Rwanda d’une valeur de 13 milliards de FBu en 2013 alors que le Rwanda avait acheté au Burundi des produits d’une valeur de 24 milliards de FBu à la même période.  En outre, les hommes et les femmes d’affaires des deux pays effectuaient des navettes entre les deux capitales pour suivre de près leur business. A un certain moment, les boissons Made in Rwanda inondaient le marché burundais, mais tout à coup le business a disparu. Il s’agit d’une preuve que les relations bilatérales influencent l’activité économique.

La réouverture des frontières va booster non seulement les échanges commerciaux entre les deux pays, mais aussi faciliter le tourisme au niveau de la sous-région. D’ailleurs, aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut vivre en solo, disait Albert Shingiro, chef de la diplomatie Burundaise dans les colonnes de Jeune Afrique.