Editorial

L’électrification du pays reste une priorité

Le Burundi est l’un des pays d’Afrique qui affiche un taux d’électrification relativement faible. On estime que moins de 15% de la population a accès à l’électricité. La production énergétique est faible. Pourtant, le raccordement à l’électricité figure parmi les critères fixés par la Banque Mondiale pour évaluer le climat des affaires (Doing Business) dans un pays. C’est un indicateur qui porte essentiellement sur les procédures, les délais et le coût pour se brancher sur le réseau. Il mesure également la fiabilité de l’approvisionnement en électricité en déterminant à la fois la durée et la fréquence des pannes d’électricité.

Directeur de publication

Par rapport aux aspects susmentionnés, le Burundi n’affiche pas un bon score. Les coupures d’électricité sont récurrentes, les procédures administratives sont extrêmement lentes et coûteuses, les pannes d’électricité surviennent à répétition…. Bref, le raccordement à l’électricité n’est pas une mer à boire. Il exige de la patience et parfois il faut passer par des voies illégales pour être servi dans les plus brefs délais. Le coût de raccordement est aussi exorbitant. Ce qui encourage les installations informelles sur le réseau électrique de la Regideso à défaut des moyens pour se procurer les équipements (fils conducteurs, les compteurs, installation et/ou maintenance, etc.).

Les ménages et les entreprises sont souvent privés d’électricité plusieurs heures par jour (ou par nuit). Dans certains cas, les coupures surviennent de façon instantanée. Ce qui représente un manque à gagner énorme dans le cas de l’utilisation de l’électricité à des fins productives.

Notre pays enregistre des contreperformances dans le raccordement à l’électricité. La Banque Mondiale, dans son rapport « Doing Business 2019 » estime qu’il faut 158 jours pour obtenir un raccordement électrique permanent au réseau alors que la moyenne mondiale est de 86 jours. Le pays a été classé à reculons passant de la 163ème place à la 183ème place.

Le Burundi n’est pas un cas isolé. L’étude de cas de la Banque Mondiale réalisée en 2018 montre que le secteur de l’électricité en Afrique subsaharienne est confronté à des problèmes de fiabilité considérables. Ainsi, d’après la même source deux tiers des entreprises dans les capitales africaines n’ont pas accès à une électricité fiable. Ce qui limite leur compétitivité.

Les opérateurs économiques se retrouvent dans l’incapacité de créer suffisamment d’emplois pour la jeunesse africaine. Par conséquent, le taux de chômage explose et la productivité du pays chute vertigineusement. D’où une récession économique qui s’installe progressivement.

Les tentatives de réforme du secteur de l’énergie ajoutent le drame au drame. Elles ont entraîné une augmentation des tarifs de l’électricité dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne. On se souviendra de la politique du gouvernement de favoriser les investisseurs privés dans le secteur énergétique. Avec le contrat entre la Regideso et la société Interpetrol relatif à l’exploitation de la centrale thermique, le prix du kWh a sensiblement augmenté.

Le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers restent mobiliser pour doper le secteur énergétique. Pour ce faire, plusieurs projets de construction des barrages hydroélectriques sont en cours çà et là dans le pays et au niveau régional. Le parlement a récemment adopté un projet d’accord de financement pour développer l’énergie solaire.  Ces initiatives vont sans doute booster le taux d’électrification. Encore faudra-t-il renforcer la gouvernance et la transparence au niveau de la gestion de la compagnie nationale d’électricité, en l’occurrence la Regideso.

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Benjamin Kuriyo.

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  • Journal n° 606

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