Médias

L’information, un bien public à valoriser

Les professionnels des médias témoignent que des avancées sont enregistrées dans la collecte, le traitement et la publication de l’information. Toutefois, ils reconnaissent que l’information n’est pas faite pour le journaliste, mais plutôt pour le public. C’est pourquoi ils prônent l’accès facile à l’information, à la protection du journaliste, à la rémunération des journalistes…

Selon Chanel Nsabimbona, secrétaire exécutif du Conseil National de la Communication (CNC), actuellement le paysage médiatique burundais compte plus de 200 médias dont 23 radios basés à Bujumbura, 21 radios communautaires, une radio internationale (RFI), 3 studios, 10 télévisions, 33 médias de la presse écrite, 56 médias en ligne et 5 magazines. Il a dit cela à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai de chaque année.

« Le CNC a sur son bureau 67 dossiers de demande d’agrément. 2224 journalistes ont des dossiers pour bénéficier de la carte de presse, mais seulement 230 en ont déjà eu », fait-il remarquer.

M.Nsabimbona s’inquiète que les médias pourraient constituer un refuge pour les sans emplois.

Il déplore que des manquements soient constatés dans les publications sur les comptes twitter et YouTube. Cela sans oublier la solidarité négative affichée par certains journalistes. Et de rappeler : « Le CNC exige aux bailleurs de ne pas financer un médium non reconnu par ce conseil ».

Le paysage médiatique burundais compte plus de 200 médias avec un nombre important de journalistes bénévoles.

Les malheureux journalistes bientôt secourus ?

Thierry Kitamoya, assistant du ministre de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias reconnait l’effectif pléthorique des médias qui naissent.

La conséquence est, selon toujours lui, l’engagement des journalistes bénévoles. « Ceux-ci travaillent selon la volonté du bailleur.  Celui qui finance oriente le traitement de l’information », s’exclame-t-il.

Toutefois, M.Kitamoya tranquillise que la loi sur la presse de 2018 actuellement en révision imposera à ceux qui veulent créer des médias de disponibiliser d’abord des moyens pour bien rémunérer les journalistes.

Et de renchérir : « Nous allons également effectuer des descentes sur terrain pour vérifier si les journalistes sont rémunérés ». 

M. Kitamoya est préoccupé par certaines gens exploitant les réseaux sociaux qui se considèrent comme des journalistes. Ils diffusent des informations qui ne cadrent pas avec l’éthique et la déontologie professionnelles. Ces gens ternissent l’image du métier. 

Des avancées, mais…

M.Kitamoya avoue qu’aujourd’hui les pouvoirs publics collaborent avec les médias. « Chaque trimestre, les porte-paroles des institutions publiques animent une émission publique. Ce que fait le Président de la République du Burundi à la fin de l’année. D’ailleurs, certains médias dont la diffusion avait été interdite ont été rouverts », explique-t-il.

Par contre, il admet qu’il existe peut-être des autorités qui n’ont pas encore compris que l’information est un bien public et qui procèdent à sa rétention.

Nestor Nkurunziza qui a exercé le métier de journaliste il y a de cela 29 ans témoigne que le journalisme n’a pas reculé dans notre pays. 

D’après lui, des journalistes osent traiter des informations économiques ou faire des analyses. Ils creusent et arrivent même à diffuser ce qui se passe dans les coins les plus reculés du pays. Ce qui diffère du passé où on orientait les informations conformément au point de vue de l’autorité. 

Et d’acclamer : « Avant il n’existait pas d’interaction journalistique. Par ailleurs, tous les médias sont presque présents sur les réseaux sociaux. Les auditeurs ou les lecteurs interagissent ».

« Malgré cela, on a tendance à faire de l’autocensure. Les médias burundais couvrent en grande partie des informations qui se passent au Burundi se désintéressant de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Cela sans oublier un traitement profond de l’information », se désole-t-il avant d’exprimer une grande désapprobation sur la rétention de l’information où des synergies sont organisées et que des sources officielles s’absentent à la dernière minute.

Il revient sur le manque d’une structure associative des journalistes afin de se faire un clin d’œil ou de s’entraider en cas de besoin. 

Quant à la loi sur la presse souvent révisée, M.Nkurunziza certifie que c’est une bonne chose si elle est modifiée dans le sens positif. Il propose que la révision en cours de la loi sur la presse de 2018 n’oublie pas la protection du journaliste ou la procédure à suivre pour élire les membres du CNC ». Et de convier les journalistes à la lecture, aux formations continues…

Christie Munezero, journaliste depuis 16 ans avoue que le monde de médias évolue avec le temps et que l’information va vite avec l’invention des réseaux sociaux. Elle signale que la transmission de l’information diffère de la diffusion de l’information. « Il faut que les journalistes traitent l’information sans peur tout en respectant l’éthique et la déontologie professionnelles », martèle-t-elle.

Me Gérard Ntahe, expert en droit de la presse rappelle que la loi sur la presse concerne tous les journalistes. Il souligne que la loi stipule que le journaliste doit détenir un diplôme ou justifier d’une certaine période passée dans le métier, doit être quelqu’un qui travaille pour un médium et payé par ce même médium et posséder une carte de presse…

Dans le classement mondial de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse, le Burundi a été classé 107ème en 2021 sur 180 pays considérés. Cela au moment où il a été classé 147ème en 2020.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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