Médias

Journée mondiale de la liberté de la presse : Entre les textes et la situation, qui dit mieux ?

A l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse le 3 mai, l’administration affirme la garantie de la liberté de la presse dans les textes, surtout en l’article 31 de la Constitution. Les professionnels des médias ne le nient pas et restent préoccupés par son applicabilité ainsi que par sa maîtrise par les concernés. Les femmes journalistes se disent déterminées à jouer pleinement leur rôle tel que véhiculé dans les thèmes liés à cette journée

La célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse a eu lieu sous le thème internationale « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». Ce thème cadre avec celui du pays intitulé « Le rôle des médias dans les élections et la démocratie ». 

Diane Ndonse, présidente de l’AFJO : « Sur plus de 1 400 professionnels des médias récemment inscrits au CNC, les femmes ne représentent que 32 % »

« La date du 3 mai sert de rappel aux gouvernements sur la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse, de moment de réflexion pour les médias professionnels sur les questions relatives à la liberté de la presse et à la déontologie. Tout aussi important, la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse est un jour de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l’abolition de la liberté de la presse », déclare Audrey Azoulay, directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). 

Ce message vient d’être lancé au moment où le Burundi est placé à la 159ème place (même place que l’année dernière) sur une liste de 180 pays et régions établis par Reporters Sans Frontières (RSF). 

Une administration opportuniste

« La liberté de la presse au Burundi est une réalité », indique Frédéric Nahimana, ministre de la Communication et des Médias.

Pour Nestor Bankumukunzi, président du Conseil National de la Communication (CNC) la Constitution reconnait la liberté d’expression en son article 31 (La liberté de la presse est garantie. L’Etat respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion). Cette disposition est complétée, selon toujours lui, par les textes organisant le CNC et la loi sur la presse. « Comment marier la liberté de la presse et le respect de la loi », s’interroge M.Bankumukunzi avant d’affirmer que la réponse n’est pas toujours unanime.

Nestor Bankumukunzi, président du CNC : « La constitution reconnaît la liberté d’expression en son article 31 »

Il informe que pour certains défenseurs de la liberté de la presse, il faudrait laisser le journaliste exercer librement son métier sans aucune influence de la loi. Pour le régulateur et d’autres partisans du journalisme professionnel responsable, le respect strict de la loi et l’encadrement des journalistes sont indispensables pour prévenir des dérapages éventuels. 

Et de marteler : « Il est donc difficile de converger sur les mêmes pratiques pour que ce métier s’exerce librement, professionnellement et à l’avantage de la vie des communautés ».

Les professionnels des médias s’inquiètent

Dans les textes, la liberté de la presse existe bel et bien, témoigne Jacques Bukuru, professionnel des médias depuis 24 ans. 

Cependant, il confie que du sommet à la base, les employeurs, l’appartenance politique…pourraient être des éléments catalyseurs de se réserver dans les publications. Par ailleurs, rappelle M.Bukuru, il arrive que les concernés ne maîtrisent même pas les textes dont on parle (Constitution, loi sur la presse …).

« Le récent rapport de RSF certifie que les pays où les journalistes peuvent exercer en toute sécurité ne cessent de diminuer. Ceci conduit à une montée de la peur chez les professionnels des médias, et, partant, une perte de la qualité des contenus médiatiques. Notre pays n’est pas épargné par cette hantise de la peur », déplore Denise Mugugu, présidente de la Maison de la Presse.

Insistance sur le genre

Selon le ministre de la Communication et des Médias, il faut que la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse soit une étape de plus pour intégrer la notion de genre dans les diverses productions médiatiques.

« Quoi qu’assurées d’obtenir au moins les 30 % des postes dans les institutions en raison des quotas constitutionnels, les femmes et les jeunes en particulier du monde rural peinent véritablement à trouver leur place et leur rôle en termes de participation citoyenne », explique le ministre Nahimana. C’est donc aux médias de travailler en synergie pour prioriser les progressions sensibles à l’approche des élections de 2020, martèle-t-il.

Les femmes journalistes déterminées

L’Association Burundaise des Femmes Journalistes (AFJO) se dit prête à jouer pleinement son rôle dans les élections. Cela comme véhiculé par le thème de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse.

Cependant, Diane Ndonse, présidente de l’AFJO se lamente que les femmes restent moins nombreuses dans les médias. Pourtant, renchérit-elle, c’est facile qu’une source féminine révèle ses problèmes ouvertement à une journaliste plutôt qu’à un journaliste.

Elle annonce que sur plus de 1 400 professionnels des médias récemment inscrits au CNC, les femmes ne représentent que 32%. Et d’ajouter : « Parmi celles-ci, 14% occupent des postes de prise décision. Les journalistes-reporters représentent 18 % ».

Mme Ndonse annonce également qu’en tant que personnes ressources, les femmes interviennent dans les médias à hauteur de 15,6% contre 84,4% pour les hommes d’après toujours ce rapport.

Toutefois, elle se veut rassurante. Elle tranquillise que l’AFJO a déjà commencé la sensibilisation du genre à participer aux élections. Cela via l’émission « Umwanya ni Rwawe » …

Et de conclure : « L’AFJO a initié au mois de février la charte des médias qui prône l’intégration du genre dans les médias ».

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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