Cooperation

La diplomatie économique en marche

La crise mondiale de Covid-19 s’estompe et les échanges commerciaux reprennent de plus bel. La République Populaire de Chine accueille actuellement de nombreux séminaires et foras pour renforcer la coopération sino-burundaise. C’est dans ce contexte que la rédaction du journal Burundi Eco a été contactée pour participer au séminaire sur l’économie digitale en juin dernier.  Dans cet article, nous revenons sur cette thématique tout en démontrant comment le Burundi peut tirer profit de la coopération au développement économique.

 

Des bus écologiques dits BRT (Bus Rapid Transit) assurent le transport en commun en plein centre de Beijing .

 

Durant notre séjour de 14 jours à Beijing en Chine, nous avons eu l’occasion de visiter deux grandes villes, en l’occurrence Beijing et Hangzhou. De là, nous avons constaté que l’économie chinoise prospère. D’après China Daily, le taux moyen de croissance économique annuelle de la Chine a atteint 9,6 % au cours des 40 dernières années. Il s’agit d’un chiffre sans précédent dans l’histoire du développement économique mondial qui dépasse les attentes de tous.

Pour l’économiste LIN YIFU, le  miracle économique  découle de la réforme et de l’ouverture. Cet universitaire estime que la Chine s’est développée grâce aux théories extraites des pratiques, qui non seulement nous permettent de comprendre le passé et le présent, mais aussi de mieux appréhender l’avenir. De cette manière, le gouvernement chinois entreprend des démarches d’aider les autres pays en développement à entrevoir de meilleures perspectives au nom de la coopération gagnant-gagnant. « En tant que pays émergent, la Chine peut aider les autres pays en développement en proposant des théories qui s’inspirent de ses pratiques réussies », conclut-il.

Le miracle économique chinois

Pour parvenir à une croissance réelle, le gouvernement chinois s’est investi davantage pour augmenter continuellement le niveau de productivité du travail. Ainsi, les industries technologiques innovent continuellement et chaque travailleur produit plus et des produits de meilleure qualité. Ce  qui permet d’augmenter considérablement les revenus.

Le pays a misé d’abord sur le développement du monde rural pour nourrir la population. Les fermiers ont vu leurs revenus augmenter et ils ont quitté la campagne pour le milieu urbain. Ils y ont créé des petites et moyennes entreprises, rapporte Mme Baozhen Yang, diplomate chinois, ex-consul au Gabon et en France. La Chine est considérée comme le grenier du monde pour les certains produits, notamment le riz. En 2022, la production céréalière a dépassé 600 millions de tonnes, soit une quantité moyenne de 500 kg par habitant.  Pour réduire l’extrême pauvreté de la population, le gouvernement chinois a mobilisé toute la communauté pour mener des actions concrètes. Ainsi, les personnes riches aident les personnes pauvres, une province riche appuie une province pauvre. En outre, le programme de 1000 entreprises pour assister 1000 villages a permis d’acheter le projet de développement des infrastructures socio-économiques. Le développement des infrastructures routières reste une priorité. « Quand vous voulez devenir riche, il faut d’abord construire les routes », instruit-elle.

Depuis 1978, le gouvernement chinois a initié une série de réformes économiques. Et l’économie chinoise a été libéralisée. Ainsi, l’arrivée des investisseurs étrangers booste l’économie à travers l’innovation, la création d’emplois, les réformes fiscales, etc. La donne change avec la création des zones économiques spéciales. Et la Chine devient l’épicentre de l’industrie mondiale. L’année dernière, la Chine disposait de 20 millions d’entreprises privées. Actuellement sur les 500 grandes compagnies mondiales, 490 ont déjà investi en Chine. L’industrie textile produit plus de 50% de l’offre mondiale. Actuellement, les métaux stratégiques qui entrent dans la fabrication des semi-conducteurs sont au centre des préoccupations des grandes puissances. La Chine qui reste le principal producteur du gallium et du germanium indispensable à la production des puces électroniques annonce la restriction de ses exportations à partir du mois prochain. Ces mesures interviennent dans un contexte de tensions autour des semi-conducteurs et sur fond de rivalité avec les Etats-Unis.

L’économie digitale, une pratique en vogue

Le séminaire sur l’économie digitale nous a permis de toucher du doigt les avancées notables de la Chine en matière de développement économique. Nous sommes témoin que la Chine tire le reste du monde vers un autre modèle de développement. D’où le concept de smart city, smart water, smart océan pour désigner les innovations technologiques apportées dans tous les domaines de la vie. Avec le déploiement de l’internet 5G, la Chine est de plus en plus connectée. Au coin des rues, sur les gares routières, dans les bus, les aéroports, tout le monde a les yeux braqués sur son écran de téléphone. Les experts qui ont exposé révèlent que les paiements électroniques prédominent en Chine.

Les habitants utilisent de plus en plus des plateformes de paiement tels que Wechat, Alipay, etc. pour faire des commandes en ligne. D’ailleurs, un service de livraison s’est vite développé. Les motocyclettes des livreurs sillonnent l’ensemble de la capitale Beijing pour livrer des produits et des services commandés en ligne. De nombreux motards munis de téléphones géo-localisés acheminent à longueur de journées des milliers de colis. Il suffit de scanner le Code QR pour effectuer des paiements et c’est vite fait. Pas besoin de se promener avec des billets de banque en poche. C’est une économie de plus en plus digitalisée.

Un checkpoint automatique sur la route menant vers l’aéroport international de Hangzhou.

 

L’économie digitale, tout un processus

Le Burundi expérimente timidement l’économie digitale. Le ministère en charge du commerce a distribué une centaine de tablettes aux coopératives pour la promotion de leurs produits en ligne. Cependant, il importe de signaler que l’économie digitale implique la collecte des métadonnées et leur traitement dans tous les secteurs (transport, logistique, énergie, santé, économie). Il faut aussi des infrastructures pour faciliter le partage des informations, des plateformes de paiement, etc. Pire encore, réussir à sécuriser les données contre d’éventuelles attaques.

L’économie digitale change les attitudes des acteurs du marché. Au lieu de proposer des produits, les entreprises s’adaptent plutôt aux choix des consommateurs. Le commerce électronique réduit à néant les intermédiaires entre l’acheteur et le vendeur. La maîtrise des Technologies de l’Information n’est pas synonyme d’exceller en économie digitale.  Jack ma, le fondateur d’Ali baba est diplômé en langues étrangères. Il n’était pas familier du monde du commerce international, mais il a mis en place une plateforme de commerce en ligne très utilisé ces derniers jours, fait remarquer professeur Yuzhu Wang dans son exposé. Ce dernier considère l’économie digitale comme quelque chose qui permet à quelqu’un de devenir millionnaire en une seule nuit. Il fait allusion aux jeux en ligne, aux plateformes de vente en ligne de marketing ou encore au téléchargement en ligne des applications ou des films.

Comment renforcer la coopération bilatérale ?

Au moment où le Burundi est sur le point de relancer son économie, le pays pourrait profiter des liens d’amitié avec la République Populaire de Chine pour stimuler le développement social et économique. La diplomatie économique est en marche. Le Chef de l’Etat encourage les diplomates Burundais à attirer les investisseurs étrangers vers le Burundi. C’est un travail de longue haleine, mais il suffit d’une bonne stratégie pour drainer les Investissements Directs Etrangers (IDE).

Dans le cadre de la coopération gagnant-gagnant, le Burundi peut signer des accords avec la Chine dans le domaine des TIC, des infrastructures, de l’agriculture. Au-delà des visites officielles et des visites d’échanges d’expériences, des comités mixtes entre les deux parties pourront élaborer de façon permanente des projets sous l’initiative « la ceinture et la route » ou encore d’autres opportunités.

La digitalisation des services publics en cours peut bénéficier des soutiens de la part des entreprises phares comme China Unicom ou encore la China Electronics Technology Group Corporation (CETC)… Les investisseurs ou les commerçants burundais peuvent nouer des relations avec Alibaba, Alipay pour promouvoir les exportations domestiques et les importations. Des partenariats peuvent être envisagés entre le business chamber association plateformes et La Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB) pour promouvoir le développement du secteur privé.

Séance de degustage au plus célèbre thé vert de Chine. Le petit village de Meijiawu avec ses maisons blanches et ses toits noirs est entouré de champs de thés. Il s’est spécialisé dans cet art depuis plus de 600 ans

Du coté burundais, des efforts sont à consentir pour renforcer la coopération dans le cadre de la « Belt Road Initiative ». Ce qui permettra de réaliser de gros projets d’infrastructures routières. Les centres de recherche dont l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) peut dupliquer les modèles chinois sur l’agriculture écologique. Des entrepreneurs peuvent profiter de l’expérience chinoise pour lever des fonds. Grosso modo, le Burundi devrait être à l’école de la Chine pour aspirer à un développement durable étant donné que ce pays prône le respect des valeurs culturelles et la non-ingérence dans les affaires internes des Etats.

S’il parvient à améliorer le climat des affaires à travers le développement des infrastructures de transport et une fiscalité attractive, le Burundi peut au moins équilibrer sa balance commerciale.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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Un environnement des affaires peu attractif

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A l’instar des autres pays, le Burundi se lance dans le redressement de son économie pour améliorer les conditions de vie des populations et réduire les inégalités sociales. Ainsi, « le pays s’est engagé sur la voie de la transformation économique de manière à augmenter et diversifier la production sans entraver l’équilibre écologique », a déclaré le président de la République Evariste Ndayishimiye lors du sommet des chefs des Etats tenu à Nairobi le mois précédents. La campagne de lutte contre la pauvreté pour aspirer à la prospérité partagée et un développement durable se heurte à des défis de taille. Même si le gouvernement s’est donné un pari de l’émergence endéans 16 ans, à travers sa nouvelle « Vision d’un Burundi Emergent en 2040 et Développé en 2060 », l’économie nationale est plus que jamais exposée aux chocs extérieures.

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