Une opportunité d’affaires

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La problématique de gestion des déchets municipaux refait surface. Les autorités sont à pied d’œuvre pour assainir la ville de Bujumbura. La campagne zéro déchet bat son plein. Notre édition spéciale revient sur l’impact des mesures prises pour rendre la capitale économique plus propre que jamais. Les grands axes de la capitale économique se dotent de nouvelles colonnes de fleurs, histoire d’attirer les touristes. Cependant, dans les quartiers, la collecte et la gestion des déchets laissent à désirer. Les sociétés en charge de la salubilité brillent par leur inefficacité. Pire encore, la ville ne dispose pas de décharge publique en bonne et due forme. Ce qui fait que les déchets constituent un grand problème en amont comme en aval.

La technique de tri sélectif n’est pas en usage au Burundi. Les ménages mélangent toutes sortes de déchets dans un seul et même sac poubelle. Les ordures ménagères contiennent un amalgame de produits nocifs dont les batteries et les piles hors d’usage, les médicaments périmés, les résidus des cosmétiques… Les ordures ménagères sont chargées de métaux lourds nocifs à la santé et à l’écosystème aquatique. Ces produits toxiques s’infiltrent dans le sol et finissent leur course dans le lac Tanganyika.

Dans l’entretemps, la pollution industrielle qui nous tue à petit feu ne préoccupe personne. Il importe de signaler que les effets indirects de la pollution industrielle sur la santé humaine ne sont plus à démontrer.  Les polluants se concentrent dans les organismes vivants tout au long de la chaîne alimentaire. En cas d’ingestion alimentaire, les substances nocives notamment les nitrosamines cancérigènes attaque notre système digestif.

La sensibilisation et la mise en place des politiques adaptées en matière d’assainissement s’imposent. Actuellement, les garagistes déversent une partie des huiles à même sol ou directement dans les égouts. Dans les deux cas, les huiles de moteur finissent leur course dans le lac. La gestion des déchets plastiques reste problématique malgré la mise en place des restrictions sur l’utilisation des sacs en plastique.

Le pays devrait s’inspirer de l’exemple des autres pays champions en matière de gestion des déchets. Ces derniers ne sont pas du tout une fatalité, mais plutôt une opportunité d’affaires. Notre pays a tellement besoin d’énergie, de la fumure, etc. Pourtant, le recyclage des déchets peut se révéler une solution durable et efficace à certains défis. L’Ethiopie s’est dotée d’une usine de recyclage des déchets en énergie, de même que la Suède. A travers l’incinération des déchets, on produit l’énergie sous forme d’électricité, de biogaz ou digestat et pourquoi pas de charbon. Les déchets constituent une manne sous d’autres cieux. Il suffit d’avoir de bonnes idées pour les exploiter. Les études montrent que l’incinération d’une tonne de déchets peut produire jusqu’à 700 kWh d’électricité ou 1 500 kWh de chaleur.