Santé

L’accès aux soins de santé n’est pas à la portée de toutes les bourses

La population s’inquiète du fait que le coût des médicaments est élevé. Ce qui la pousse à pratiquer l’automédication malgré que celle-ci soit dangereuse. Le fonctionnement des pharmacies émaillé de pas mal d’embuches et le commerce ambulant des médicaments aggrave la situation. Cela se fait au vu et au su du régulateur 

La population s’inquiète du fait que le coût des médicaments est élevé. Ce qui la pousse à pratiquer l’automédication malgré que celle-ci soit dangereuse.

 Les prix des médicaments sont élevésDepuis le 1er novembre 2021, les tarifs des soins médicaux dans les hôpitaux privés et autres structures sanitaires privés ont été revus à la hausse à hauteur de 30%.  A titre illustratif, la consultation en médecine générale est passée de 5000 FBu à 8 000 FBu.

En médecine spécialisée, elle est passée de 10 000 FBu à 15 000 FBu.  Les gestionnaires de ces structures de santé qui se sont entretenus avec Burundi Eco expliquent que les coûts des médicaments sont fixés proportionnellement aux prix à l’importation qui sont élevés.

L’Association pour la Promotion de la Médecine Libérale (APROMELI) fait savoir que si les hôpitaux et les cliniques privés n’agissent ainsi, les conséquences devraient être fâcheuses. Ils risqueraient de tomber en faillite par manque de matériels ou d’outils de production importés, car le calcul des coûts de production des services de soins n’est pas corrélé avec les charges des structures médicales.

La population déplore cette situation.  Elle fait remarquer que le coût des médicaments est actuellement insupportable au regard de ses revenus.  Les gens qui ne travaillent pas dans les organisations qui prennent en charge leurs soins de santé ont donc des difficultés pour se faire soigner, car les médicaments sont chers.

Certains perdent leur vie suite au manque de soins de santé

« C’est pour cela qu’il y a des gens qui perdent leur vie parce qu’ils n’ont pas de moyens financiers pour se faire soigner», se désolent certains habitants contactés dans la municipalité de Bujumbura.   Ce qui prouve cela est qu’il y a encore beaucoup de gens pris en otage dans certaines structures de soins de santé parce qu’ils n’ont pas d’argent pour payer les frais destinés aux soins, fustigent-ils. Ils disent que la majorité des gens vivent grâce à la bonté de Dieu, car s’ils tombent malade, ils ne vont pas à l’hôpital. Ils implorent surtout la bienveillance du Messie pour être guéri.

Même les affiliés de la Mutuelle de la Fonction Publique se lamentent. Ils déplorent le fait qu’ils sont mal servis malgré que la MFP assure les primes qui varient entre 70 et 90% en fonction des soins offerts et des pathologies.

Même les affiliés de la MFP grognent

Des grognes de la part de ces affiliés fusent de partout.  Ils expliquent que c’est difficile de trouver un médicament avec un bon de la MFP. Parfois, ils disent que les médecins prescrivent des médicaments qui ne figurent pas sur la liste des médicaments couverts par la MFP et qu’ils sont obligés de payer 100%.  Le pire est qu’ils sont souvent contraints de payer des suppléments.

Suite aux difficultés liées à l’accès aux médicaments, les gens n’éprouvent pas l’envie de se faire soigner et recourt plutôt à l’automédication.

La majorité des gens n’hésitent pas de prendre une dose de quinine sans consulter un prestataire de soins.  S’il se blesse ou sent une irritation à la gorge, il prend une dose d’Ibuprofène sans l’avis d’un médecin. Les détenteurs des pharmacies servent à l’aise toute personne qui se rend chez eux à la recherche des médicaments sans même exiger l’ordonnance d’un médecin.    Leur priorité est d’écouler leurs produits et de gagner plus d’argent.

Quand l’automédication se taille la part du lion

«Nous ne sommes pas obligés d’exiger une ordonnance médicale», a indiqué une pharmacienne œuvrant dans la ville de Bujumbura.  Un autre employé d’une pharmacie abonde dans le même sens. Pour ce garçon qui affirme que bon nombre de ses clients sont porteurs d’une ordonnance médicale, rien ne l’empêcherait de donner des médicaments à celui qui les demande même sans ordonnance médicale.

Pour lui, le demandeur sait souvent comment se servir des médicaments qu’il cherche. Cependant, il indique que la prescription médicale est obligatoire dans certains cas. C’est notamment pour les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle ou d’autres maladies exigeant la prise continue des médicaments.

« Oui, je peux vendre un médicament à quiconque le cherche. L’ordonnance n’est pas obligatoire. Mais il s’avère parfois nécessaire de s’informer sur les symptômes du patient et de lui donner des conseils d’utilisation », a expliqué une jeune pharmacienne.

Elle affirme qu’il y en a qui ne veulent pas écouter les conseils du pharmacien. Elle donne l’exemple des jeunes gens qui viennent demander le viagra pour être plus efficace lors des rapports sexuels. « Quand on tente de leur expliquer son utilisation, ils préfèrent se rendre dans une autre pharmacie. Ils ne se contentent que des informations qu’ils ont recueillies de leur ligala », explique-t-elle sourire aux lèvres.

L’automédication, une pratique dangereuse

« L’automédication est une pratique très dangereuse », martèle l’ordre des médecins du Burundi dans les colonnes de Burundi Eco ces derniers jours. Il argue que prendre les médicaments qui ne sont pas prescrits par un médecin n’est pas différent de s’auto‐empoisonner.

Pour montrer qu’il s’agit d’un réel danger, l’ordre des médecins du Burundi a choisi de donner des exemples parmi quelques médicaments les plus accessibles à la population. « Vous savez que le paracétamol est un médicament facile à trouver et qui est vendu à moins cher. Mais il s’agit d’un médicament extrêmement dangereux qui cause de nombreux décès », avertit-il.

Il indique que la consommation excessive de ce médicament cause l’hépatite fulminante, une inflammation du foie assez spontanée qui emporte la vie de la personne atteinte.  Il pointe également du doigt les utilisateurs des médicaments utilisés comme antibiotiques ou antiviraux comme l’ibuprofène.

« Il y a des personnes qui sont aujourd’hui obligées de faire faire la dialyse à cause de la prise de l’Ibuprofène », indique-t-il. En outre, certains médicaments, notamment les antimicrobiens perdent leur efficacité dans la lutte contre les microbes. Ce qui peut constituer un problème dans l’avenir.

L’automédication, un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui

Cependant, même si cet ordre des médecins rappelle aux Burundais que le médicament est un poison malgré son rôle curatif, il affirme que certains médicaments peuvent être utilisés sans prescription médicale. Et de laisser entendre que l’automédication n’est pas un problème spécifique au Burundi. Il s’agit bien d’un phénomène très ancien et répandu dans le monde entier.

Toutefois, il existe plusieurs raisons qui sont à l’origine de l’automédication au Burundi. Il cite notamment le problème lié à l’éloignement des structures de soins ou à la pauvreté. « Peut-être que bon nombre de gens font recours à l’automédication à cause de l’insuffisance du personnel médical », dit-il. Pour lui, la pauvreté pourrait être une autre raison de ne pas fréquenter les structures de soins.

L’ordre des médecins du Burundi considère que blâmer les seules personnes qui pratiquent l’automédication serait injuste. Selon lui, il faut parler de façon globale. « Que chacun fasse tout ce qu’il doit faire pour essayer de changer la donne », dit-il.

Un prestataire de soins qui s’est entretenu avec Burundi Eco fait remarquer que c’est la raison pour laquelle les pharmacies sont devenues nombreuses. En mairie de Bujumbura, elles poussent comme des champignons.

Les parlementaires fustigent une prolifération des pharmacies en désordre

Les parlementaires s’inquiètent même de cette situation. Lors des questions orales adressées à l’ex‐ministre de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida Sylvie Nzeyimana, un des représentants du peuple s’est inquiété du fait que les pharmacies sont installées dans des endroits inappropriés. La conservation des médicaments inquiète plus d’un, car la plupart des pharmacies ne disposent même pas de frigos. Leur vétusté est aussi inquiétante de façon que toute personne peut douter de la qualité des médicaments qu’ils octroient à la population.

Le pire est qu’il s’observe encore des vendeurs à la sauvette qui exercent la commercialisation des médicaments en trompant la vigilance des policiers.

Normalement, les spécialistes en pharmacie font savoir qu’il est strictement interdit de vendre les médicaments n’importe où, car les médicaments exigent des conditions strictes de stockage, de température et d’aération. Selon toujours ces spécialistes, ces vendeurs sont exposés au soleil et à la pluie. La température influe sur la composition chimique des médicaments. Ils informent qu’un médicament mal conservé peut devenir un poison qui peut te coûter même la vie.

Que fait l’ABREMA?

Ce qui est inquiétant est que cela se fait au moment où il y a l’Autorité Burundaise de Régulation des Médicaments à usage humain et des Aliments (ABREMA) dont le rôle est de protéger la santé publique par la promotion de la qualité et de la sécurité sanitaire des produits tels que les aliments préfabriqués et emballés, les médicaments à usage humain, les produits cosmétiques et diététiques, les médicaments à base de plantes, les médicaments traditionnels, les dispositifs médicaux, etc.

De plus, il y a la loi portant réglementation de l’exercice de la pharmacie et de la vente des médicaments à usage humain.  L’article 24 de cette loi stipule que nul ne peut importer les médicaments à usage humain destinés à être utilisés sur Le territoire national que lorsqu’ il a été expressément autorisés par le ministère en charge de la santé après avis de l’autorité de régulation. Et seuls les médicaments et autres produits pharmaceutiques régulièrement homologués au Burundi et répondant aux spécifications qui leur sont applicables peuvent être autorisés à l’importation.

L’article 119 de ladite loi stipule aussi qu’il est interdit à toute personne, même titulaire d’un diplôme de pharmacien tout débit, étalage ou distribution des médicaments à usage humain sur la voie publique, dans les foires, les marchés et les maisons d’habitation.

 

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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