Santé

Le Burundi est-il en mesure de financer lui seul le secteur de la santé ?

Le secteur de la santé est en grande partie financé par les organismes internationaux. Mais l’Etat burundais veut tenter de prendre les choses en mains en mobilisant les financements intérieurs.

L’idéal est que 15% du budget général de l’Etat soit canalisé vers le secteur de la santé.

Le dialogue de haut niveau sur le financement de la santé au Burundi a été organisé du 12 au 14 février 2024 à Bujumbura. Cette initiative a été mise en place par le gouvernement du Burundi (à travers différentes institutions notamment le ministère en charge de la santé) en collaboration avec plusieurs organisations et régionales internationales dont l’East African Community (EAC). Ce processus s’inscrit dans l’agenda 2063 qui met en avant le plan de développement de l’Afrique sur 50 ans et donne la priorité à la mobilisation des ressources intérieures comme principales sources de financement de la transformation structurelle du continent.

L’objectif global dudit dialogue consiste à mobiliser les parties prenantes nationales et internationales pour évaluer et revoir les stratégies de financement de la santé au Burundi. Il faut évaluer aussi les progrès les défis et parvenir à un consensus sur les priorités ou les actions de réforme du financement de la santé techniquement viables et politiquement réalisables.

« Plus d’argent pour la santé », où en est le Burundi ?

« Plus d’argent pour la santé » est l’une des quatre thématiques autour desquelles tournait le dialogue.  Différents intervenants ont montré que le budget de l’Etat a augmenté au fil des années, mais que la proportion allouée à la santé n’a pas suivi la même tendance. L’idéal est que 15% du budget général de l’Etat soit canalisé vers le secteur de la santé. Malheureusement, ce n’est pas le cas. A titre d’illustration, pour l’exercice budgétaire 2021-2022, la somme injecté dans la santé était 228,8 milliards de FBu sur un budget national de 1,71 mille milliards de FBu, soit 13,35%. Pour l’exercice budgétaire 2022-2023, le budget national se chiffrait à 2,39 mille milliards de FBu, mais la part réservée à la santé n’était que 228,7 milliards de FBu. Pour l’exercice budgétaire en cours (2023-2024), l’enveloppe allouée à la santé est de 337,4 milliards de FBu contre 3,39 mille milliards de FBu de budget national, soit 9,94 %.

D’une part, cela s’explique par le fait que le plaidoyer (peu soutenu) n’arrive pas à montrer l’importance d’un financement conséquent du secteur de la santé comme secteur porteur de croissance. D’autre part, il y a un prétexte qui s’appuie sur la disponibilité des financements extérieurs pour la santé à travers les partenaires au développement. Par exemple, voici à quel taux certains programmes de santé sont financés par l’extérieur. Le programme autour de la lutte contre le paludisme est financé à hauteur de 77,8% ; le VIH-SIDA et les IST (92 %), la tuberculose (85 %), la vaccination (90 %), la diarrhée (57,37 %) et la malnutrition (93,14%).

« Plus de santé pour l’argent disponible »

Cela est la deuxième des quatre thématiques développées. Bien que l’enveloppe allouée au secteur de la santé ne soit suffisante, le peu disponible n’est pas gérée efficacement. L’iniquité caractérise l’allocation des fonds sans oublier la duplication des interventions. Le non-respect du circuit du malade a aussi été évoqué. A cela s’ajoute la mauvaise qualité des soins. Un autre problème à prendre au sérieux, c’est l’instabilité du personnel soignant. Ce n’est plus un secret, à cause de la modicité des salaires des médecins, certains d’entre eux préfèrent quitter les structures de soins publiques pour aller prester chez les privés voire à l’étranger où l’herbe est encore verte. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la prise en charge des malades.

Des recommandations prometteuses

A l’issue des trois jours qu’a duré le dialogue ci-haut évoqué, des recommandations ont été formulées à l’endroit de l’Etat afin qu’il puisse améliorer le secteur de la santé. Premièrement, il vaut mieux revoir à la hausse la proportion du budget de l’Etat allouée à la santé pour atteindre au moins 15 % du budget national. L’introduction de nouvelles taxes pour financer la santé est aussi évoquée. Il faut également instaurer une assurance maladie obligatoire et type contributif et équitable. Il est nécessaire de mettre en place un fonds d’assistance médicale pour améliorer l’équité dans l’accès aux soins.

En plus de cela, il faut mettre en place des mécanismes de motivation et de rétention du personnel de santé. La liste des recommandations n’est pas exhaustive.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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