Finance

« Le Burundi n’est pas en défaut de paiement »

Au moment où les parlementaires s’inquiètent de l’augmentation de la dette publique, le ministère ayant les finances dans ses attributions tranquillise qu’on n’a pas encore atteint le stade du défaut de remboursement de cette dette. Et les experts suggèrent que la dette publique soit bien gérée, car les conséquences du surendettement sont fâcheuses    

La dette publique ne cesse d’augmenter, s’inquiètent les représentants du peuple lors de l’analyse et de l’adoption du projet de loi de règlement et du compte rendu budgétaire, exercice 2020-2021. Selon les données de la BRB,  la dette publique s’est accrue de 11,6% à fin décembre 2021 se fixant à 4 338,3 contre 3 886,3 milliards de FBu à la même période de l’année 2020. En glissement annuel, la dette intérieure s’est accrue de 212 847,5 millions de FBu à fin décembre 2021 passant de 2 850,4 à 3 063,2 milliards de FBu principalement en relation avec l’accroissement de l’endettement de l’Etat envers le secteur bancaire (+184 897,5 millions de FBu) et le secteur non financier (+ 37 750,0 millions de FBu) plus spécialement sous forme de titres du trésor détenus par les banques commerciales (+201 415,1 millions de FBu)et les établissements financiers (+39 750,0 millions de FBu).

En glissement annuel, la BRB annonce que la dette extérieure a augmenté de 239,3 milliards de FBu à fin décembre 2021 passant de 1036 à 1275,3 milliards de FBU. Par rapport au mois précédent de l’année 2020, la dette extérieure s’est légèrement accrue de 0,5% à fin décembre 2021, se fixant à 1 275,3 contre 1 269,0 milliards de FBu.  En 2020, la BRB fait remarquer que la dette publique s’est accrue de 19,0%, passant de 3 265,9 à 3 887,2 milliards de FBu. Et cette augmentation a porté aussi bien sur la dette intérieure (+23,0%) que sur la dette extérieure (+9,2%). Rapportée au PIB, la dette publique totale représentait 58,4% en 2020 contre 52,5% en 2019. La dette intérieure a augmenté de 23,0%, passant de 2 317,5 à 2 851,2 milliards de FBu. 

Dr Domitien Ndihokubwayo, ministre ayant les finances dans ses attributions: « le Burundi n’a pas encore atteint le stade du défaut de remboursement de ses dettes».

L’augmentation de la dette publique s’observe depuis 2015

Dans le forum national sur le développement du Burundi tenu du 18 au 19 novembre 2021, les experts ont aussi alerté sur le niveau inquiétant de l’augmentation de la dette publique depuis 2015. Selon Dr Euphrem Niyongabo, cette dette est dominée par la dette intérieure estimée à ¾ de la dette totale du pays.  Néanmoins, cet expert s’inquiète du fait que  la croissance économique n’est pas en train de suivre cette cadence. Au regard de cette situation, Niyongabo se demande si l’Etat est à mesure de rembourser la dette publique et ses intérêts. Selon les indicateurs de la Banque Mondiale et du FMI sur lesquels on se base pour se rendre compte si la dette publique est remboursable ou pas,  il fait savoir qu’on n’a pas encore dépassé les limites. Malgré cette situation, il alerte que le Burundi tend vers un risque de surendettement élevé même s’il parvient encore à honorer ses engagements.

Les banques commerciales financent la dette intérieure à plus de 50%

Roger Ntwenguye, directeur général adjoint de la BGF déplore que les banques commerciales financent la dette intérieure à plus de 50%. Elles avancent à l’Etat plus de 1500 milliards de FBu. Selon toujours lui,  le déficit budgétaire va aussi crescendo. Par exemple, fin 2020, le déficit budgétaire était estimé à 400 milliards de FBu contre 200 milliards de FBu en 2019. Donc, il augmente d’année en année. Il s’inquiète donc au sujet de la soutenabilité de cette dette qui a une courbe ascendante. 

Selon lui, si les banques commerciales mobilisent les ressources pour financer la dette publique, l’avenir des ménages et des entreprises est incertain, car la mission principale des banques commerciales est de financer le secteur privé étant donné qu’il est le moteur de la croissance économique. Selon toujours lui, si cette cagnotte  finançait le secteur privé, ce serait une très bonne chose. A titre illustratif, les banques commerciales ont financé le secteur privé ces deux dernières années à hauteur de plus de 300 milliards de FBu et la plupart des projets financés étaient de type industriel. On espère que d’ici trois ou quatre ans, on pourra créer plus de 3000 emplois. Donc le fait que les banques commerciales soient entrain de financer la dette publique constitue une perte énorme pour la croissance économique.

Pour éviter le pire, les experts  suggèrent que la dette publique soit bien gérée, car les conséquences du surendettement sont fâcheuses.  Et une stratégie adéquate de l’endettement et de la gestion de la dette publique devrait être mise en place pour gagner le pari.  Il faut aussi limiter les dépenses, élargir l’assiette fiscale, exploiter de façon transparente les secteurs porteurs de croissance comme les minerais qui peuvent générer beaucoup de revenus, réduire les charges des sociétés publiques, adopter la numérisation du système fiscal, reduire les exonérations et consacrer des dépenses importantes aux secteurs générateurs de revenus et de croissance économique.

A la question de savoir si l’Etat pourra continuer à  rembourser la dette,  Domitien Ndihokubwayo, ministre ayant les finances dans ses attributions fait savoir que le Burundi n’a pas encore atteint le stade du défaut de remboursement de ses dettes. Il affirme qu’il ne cesse de rembourser ses dettes et précise que même le FMI et la Banque Mondiale sont au courant de cela.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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