Santé

Le fléau des produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés persiste

Le problème des produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés, également connu sous le vocable de ‘’faux médicaments’’ menace la santé des gens. Ses conséquences sont désastreuses. Aucun gouvernement n’a plus le droit de faire sourde oreille face à un fléau qui emporte des milliers des vies humaines chaque année. Burundi Eco vous propose quelques éléments pour cerner l’ampleur de ce problème de santé publique de portée internationale

Selon l’agence Ecofin Hebdo, en 2017, un médicament sur dix en circulation dans les pays sous-développés était faux. Plus inquiétant encore,  les faux médicaments sont souvent conçus pour paraître identiques aux produits authentiques et peuvent ne pas provoquer des réactions indésirables évidentes même si souvent ils ne traitent pas correctement la maladie ou l’affection à laquelle ils sont destinés. A ce sujet, il faut savoir que les faux médicaments peuvent ne  renfermer  aucun principe actif, contenir un autre principe actif ou un principe actif correct à un dosage erroné. Certains autres peuvent être de nature toxique, avec des concentrations mortelles d’un principe actif erroné ou tout simplement contenir d’autres produits chimiques toxiques. Les antipaludiques et les antibiotiques figurent parmi les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés le plus souvent signalés.

Désiré Bizimana, Président de l’Ordre National des Pharmaciens du Burundi (ONPB) : « Au niveau local, ce phénomène concerne les produits les plus consommés, notamment la quinine et les produits de déparasitage, mais aussi des médicaments qui n’exigent pas d’ordonnance médicale et qui sont donc en vente libre dans les pharmacies comme les antidouleurs »

 

L’Afrique, ventre mou des faux médicaments

Selon l’OMS de 2018, 42% des cas détectés de produits pharmaceutiques inférieurs aux normes ou falsifiés ont été identifiés en Afrique, principalement dans la région subsaharienne. Ce pourcentage place le continent africain en tête des régions les plus exposées aux ravages des faux médicaments, loin devant l’Amérique et l’Europe avec 21% des cas signalés.  Toujours d’après jour, en septembre 2016, près de 126 millions de faux médicaments ont été saisis par l’Organisation Mondiale des Douanes dans 16 ports africains. Le Nigéria qui était la destination finale de 35% de ces des faux médicaments saisis est reconnu depuis lors comme la principale porte d’entrée des faux médicaments sur le continent. L’une des causes  de la forte présence des faux médicaments en Afrique est la disproportion notée entre le prix élevé des produits pharmaceutiques de qualité et le faible pouvoir d’achat des populations africaines. Avec environ 3% de la production mondiale, le continent africain ne fabrique quasiment pas de médicaments. Ceci explique peut-être cela.  Le Dr Innocent Koundé Kpeto, Président de l’Ordre des Pharmaciens du Togo donne d’autres explications sur la prolifération des faux médicaments sur le continent noir. Il a déclaré au journal Le Monde que «  l’Afrique concentre toutes les vulnérabilités qui favorisent la prolifération  des faux médicaments : la faiblesse de la gouvernance, des systèmes de santé inappropriés, une offre de soins et un maillage des pharmacies sur le territoire insuffisants, l’existence d’un marché parallèle est quasiment toléré sans oublier la pauvreté des populations »

Des conséquences désastreuses

La vente et la consommation des faux médicaments ont des conséquences graves. D’abord la santé des individus qui les prennent est menacée. En fait, lorsqu’ils n’aggravent pas la maladie, les faux médicaments créent les soins inutiles, des arrêts de travail prolongés et parfois tuent celui qui les prend. A ce propos, le London School of Hygiene and Tropical Medecine fait savoir qu’entre 64000 et 158000 décès liés au paludisme en Afrique subsaharienne sont causés par de faux médicaments.  Ces derniers entraînent également des coûts supplémentaires pour les patients en raison des complications qu’ils engendrent. Ils plombent les perspectives de développement et de croissance d’une industrie pharmaceutique africaine encore à l’état embryonnaire.

Quid du Burundi ?

Selon Désiré Bizimana, Président de l’Ordre National des Pharmaciens du Burundi (ONPB), même si aucune étude n’a encore été faite jusque-là, le phénomène de faux médicaments est une réalité au Burundi même s’il relève de l’ordre beaucoup plus pécuniaire que criminel. « Si on constate des maladies qu’on traite avec des molécules normalement connues mais qui ne guérissent pas, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas par rapport à la qualité du médicament », a fait savoir M. Bizimana. Au niveau local, ce phénomène concerne les produits les plus consommés, notamment la quinine et les produits de déparasitage, mais aussi des médicaments qui n’exigent pas d’ordonnance médicale et qui sont donc en vente libre dans les pharmacies comme les antidouleurs, a ajouté le Président de l’ONPB.

La pharmacovigilance, bouclier contre les faux médicaments 

Il existe une commission chargée de la pharmacovigilance au sein du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida (MSPLS). La pharmacovigilance est l’activité consistant à enregistrer et à évaluer les effets secondaires (en particulier les effets indésirables) résultant de l’utilisation des médicaments. Dans le cadre de ses activités, la commission recense et retrace les médicaments dont les effets indésirables n’ont pas été annoncés par le fabriquant. Elle procède donc à des enquêtes et remonte la chaîne jusqu’au fabricant s’il s’avère qu’un médicament ne remplit pas les normes. Malheureusement, on n’a pas pu s’entretenir avec la personne qui chapeaute cette commission car, au moment de mettre sous presse, le personnel du MSPLS participait à la Conférence Nationale sur la Santé.

Quelques astuces pour éviter les faux médicaments

Les faux médicaments sont conçus pour ressembler aux médicaments authentiques. Mais il y a moyen de les éviter. S’approvisionner dans une structure connue est un des astuces. On court plus de risques en achetant un médicament dans  une structure non reconnue par la loi ou dans la rue.  Le décret n° 100/058 régit l’organisation et le fonctionnement de l’ONPB. L’article 87 de ce décret stipule que ‘’ Toute officine pharmaceutique doit se signaler par l’emblème de la pharmacie et une enseigne portant le nom du pharmacien et la mention « pharmacie » (….)’’. Le Président de l’ONPB a ajouté que le numéro de téléphone du pharmacien doit également figurer sur l’enseigne. Tout cela constitue un faisceau d’indices qui peuvent renseigner sur la crédibilité d’une structure de vente des médicaments. A bon entendeur, salut !

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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