Entrepreneuriat

Le handicap physique n’est pas une fatalité

Les jeunes vivant avec un handicap ne sont pas en laisse pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Au chef-lieu de la province Rutana, une coopérative des personnes vivant avec un handicap excelle dans la couture moderne. Sur appui technique et financier du PAEEJ, les membres de cette coopérative ont mise en place un atelier de couture. Leur unité de confection des habits tourne à plein régime même si les défis ne manquent pas.

Benny-Emile Barutwanayo : « Après nos études, nous avons décidé de nous regrouper pour créer notre propre boîte au lieu d’alimenter les faux espoirs de décrocher un job quelque part ».

 

D’après Benny-Emile Barutwanayo, président de la coopérative des personnes vivant avec handicap dénommée « GUKORA NI URUPFUNGURUZO RW’ITERAMBERE IWACU ». La coopérative compte 10 membres dont des lauréats des universités et des établissements de formation professionnelle. Ils ont conjugué leurs efforts pour faire face au chômage. « Après nos études, nous avons décidé de nous regrouper pour créer notre propre boîte au lieu d’alimenter les faux espoirs de décrocher un job quelque part. Nous avons bénéficié des formations sur la couture moderne et nous en avons fait un métier à part entière », fait savoir Benny-Emile Barutwanayo, président de ladite coopérative.

Ce lauréat de l’Université des Grands Lacs dans le département du développement a suivi une formation modulaire de deux ans sur les techniques de couture. Après la session de formation, il s’est associée avec d’autres praticiens du métier formés notamment au centre pour les personnes vivant avec un handicap de Gakwende en commune Gitanga. D’où l’initiative de créer une coopérative spécialisée en couture en 2022. A deux ans d’activité, les membres de la coopérative ont de quoi se vanter. Il y a trois mois, ils ont reçu un appui financier du Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) de plus de 9 millions de FBu pour donner un coup de pouce aux travaux. Ainsi, ils ont pu investir dans les équipements avec un montant de plus de 5 millions de FBu rien que pour acheter une machine brodeuse. Cependant, les défis ne manquent pas.

Migration vers l’économie formelle

Le président de la coopérative fait savoir qu’ils ont besoin de financements pour investir dans la mode en achetant de nouveaux équipements et d’autres consommables. « Nous souhaiterions débuter la confection des habits notamment les vestes, mais le budget nous fait défaut. Les équipements notamment les machines spécialisées et les tissus de bonne qualité sont budgétivores. Nous avons besoin d’au moins 20 millions de FBu pour innover dans ce domaine et faire la différence avec les tailleurs traditionnels », explique le président de la coopérative.

Pour le moment, la machine brodeuse acquise avec le financement du PAEEJ leur permet de gagner la confiance des clients. Ils se spécialisent de plus en plus dans la broderie et la confection des modèles de pagnes pour femmes. Les membres de la coopérative apprennent également les bases de la finance formelle. Le trésorier enregistre toutes les dépenses et les recettes. Un certain montant est épargné sur un compte ouvert dans une microfinance de la place. Cette pratique facilite non seulement le paiement des fournisseurs, mais aussi la liquidation du crédit du PAEEJ au cours des trois prochaines années.

Changement de mentalités…

Le président de la coopérative conseille les autres jeunes de changer de mentalités en évoluant avec le temps. Au lieu de braquer les yeux sur l’Etat dans l’espoir de décrocher un emploi, le mieux serait d’initier des activités génératrices de revenus quitte à créer de l’emploi. « Nous qui vivons avec un handicap, nous avons bravé la peur et d’autres préjugés en participant aux concours d’idées avec les autres personnes dépourvues de difficultés motrices », s’émerveille-t-il. Le président de la coopérative fait savoir qu’il a connu de légers soucis surtout avec les lourdeurs administratives pour constituer son dossier de projet, les difficultés liées au coup de transport pour défendre son idée d’entreprise. Pire encore, son plan d’affaires nécessite des retouches, car les prix des équipements proposés lors de la présentation du projet ont radicalement changes avec la hausse vertigineuse des prix des produits importés. Ce qui fait que l’appui du PAEEJ n’a pas pu couvrir l’ensemble des besoins. Il sollicite le concours des autres partenaires pour l’appuyer afin de réaliser son rêve de mettre sur pied une industrie textile.

Le PAEEJ à l’œuvre dans la région du Moso

Dans la province de Rutana, les jeunes qui se sont confiés au journal Burundi Eco affirment qu’ils ont eu vent des interventions du PAEEJ. Néanmoins, ils ont du mal à innover et constituer des projets bancables. Lors de notre séjour dans les communes de Rutana, Giharo et Bukemba, nous avons constaté que les jeunes entrepreneurs sous le blason du PAEEJ ne sont pas nombreux comparativement aux autres parties du pays. Apparemment, les jeunes surtout ceux qui n’ont quitté le banc de l’école avant de terminer leurs études s’orientent vers le commerce, le transport et les activités champêtres.

Aimable Ndayisaba, chef d’antenne PAEEJ à Rutana affirme que dans cette circonscription d’ailleurs comme dans d’autres régions du pays, les jeunes éprouvent difficultés dans la conception des projets. Beaucoup de jeunes fréquentent nos bureaux en quête de financement. Certains d’entre eux viennent avec des idées de projet et d’autres veulent un appui financier pour renforcer les unités existantes. Les agents du PAEEJ accompagnent les entrepreneurs en herbe au niveau communal et provincial. Ainsi, des sessions de coaching et de renforcement des capacités sont organisées pour aider les jeunes à parfaire leurs projets. Nous formons les candidats sur la conception des plans d’affaires, car tout projet n’est nécessairement pas bancable. De plus, les jeunes doivent proposer des projets réalistes et réalisables compte tenu de la capacité d’absorption et de gestion des fonds.

Le capital humain est un grand atout même si la plupart des jeunes sous-estiment leurs réelles capacités à exceller dans l’entrepreneuriat. « Nous les aidons à compléter le formulaire de demande de financement à soumettre au PAEEJ pour analyse. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école, nos agents dépêchés sur terrain organisent des séances de sensibilisation sur l’éducation financière et le travail en synergie ». Ces derniers se mettent ensemble par groupe de 10 ou plus pour exercer des activités agropastorales.  Le PAEEJ appuie les jeunes de 16 à 40 ans. Pour le moment, le programme entre dans sa troisième année d’exécution.

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Benjamin Kuriyo.

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