Agriculture

Le riz, une denrée convoitée, mais onéreuse

Les quantités de riz produites localement accusent un déficit d’autour de 37 % face à la demande. Pour combler ce vide, des quantités importantes de riz sont importées des pays comme la Tanzanie. Cela fait que les prix de cet aliment de base pour les ménages burundais soient volatiles sur le marché. L’augmentation de la production du riz serait d’une grande importance.

J. Kennedy Samaniro, directeur encadrement à la Société Régionale de Développement de l’Imbo (SRDI) « Tout comme les autres denrées alimentaires, la hausse du prix   du riz dépend plutôt de la situation économique globale du pays ».

Le riz est un élément indispensable dans les cuisines burundaises. Facile à stocker et augmentant de volume facilement, ce produit est préféré par les ménages, surtout dans les milieux urbains. Cette demande en quantité élevée exige une disponibilité permanente de ce produit. Malheureusement, le Burundi est loin de s’auto suffire dans la production du riz. Selon J. Kennedy Samaniro, directeur encadrement à la Société Régionale de Développement de l’Imbo (SRDI), le riz cultivé au Burundi ne satisfait qu’à 63 % la demande nationale. Pour combler ce vide, le Burundi doit faire recours à l’importation de ce produit dans des pays comme la Tanzanie.

Selon les statistiques de l’OBR, lors du premier trimestre de l’année 2023, le riz a occupé 21,1 % des cinq premiers produits sensibles qui ont été les plus importés sur cette période. Comme l’a raconté un agent d’une société qui importe le riz de la Tanzanie, cette société importe à elle seule jusqu’à plus de 1000 tonnes de riz par mois. « Sans parler qu’il y a tant d’autres sociétés qui importent mensuellement les mêmes quantités de riz voire plus », précise-t-il.

Les prix du riz explosent

Les prix du riz ne cessent d’augmenter sur différents marchés au Burundi que ce soit pour le riz importé ou celui produit localement. Un kilo de riz burundais première qualité s’achète actuellement à 3800 FBu. Le riz tanzanien est considéré comme la variété la plus luxueuse. Un sac de 25 kilos de riz tanzanien première qualité se vend actuellement aux grossistes à 135 mille FBu. Ceux-ci vont le vendre à leur tour à 6000 FBu le kilo. La même quantité pour la seconde qualité se vend aux grossistes à 122 mille FBu alors qu’il n’y a pas longtemps il était à 110 mille FBU. Selon cet importateur du riz, cette hausse de prix dépend de la hausse du prix du riz dans le pays de provenance. « Il parait que la récolte du riz n’a pas été bonne en Tanzanie ces derniers temps. Cela fait qu’ils revoient les prix de ce produit à la hausse », fait-il savoir. Selon lui, à cela s’ajoute les prix connexes à l’importation, le transport, l’actuelle pénurie des devises, etc. Tout cela va se répercuter sur le prix au consommateur.

Selon notre interlocuteur, la hausse du prix du riz produit localement peut influencer celle du riz importé. Comme il l’explique, il y a des fois où le riz tanzanien est en abondance et à des prix qui sont de loin inférieurs à ceux du riz produit au Burundi. Mais puisque le riz tanzanien a l’habitude d’être cher comparativement à celui produit au Burundi, certains commerçants en profitent pour fixer des prix qui sont doublement supérieurs à ce que devrait être son coût.

Pour ceux qui croient que cette hausse des prix du riz ne dépend que de l’insuffisance de la production, M. Samaniro, a une explication. Selon lui, le riz n’est pas le seul produit qui a connu une hausse des prix ces derniers temps au Burundi. « Tout comme les autres denrées alimentaires, la hausse du prix   du riz dépend plutôt de la situation économique globale du pays », explique-t-il.

La production du reste faible malgré tout

Selon IRRI, la culture du riz occupe une superficie estimée à environ 50 000 hectares. Cela comprend 5 000 hectares dans la plaine irriguée de l’Imbo, 15 000 hectares dans la plaine non irriguée de l’Imbo et 30 000 hectares dans les basses terres du Moso et dans les marais de haute altitude. En 2019, la production du riz au Burundi était estimée à 120. 000 tonnes.

Selon M. Samaniro, même si on n’a pas encore réussi à s’auto suffire, la production du riz cultivé au Burundi augmente chaque année, les paramètres rizicoles aussi. Dans la zone de la SRDI, la production moyenne annuelle est estimée à 42000 tonnes de riz. Elle était d’à peu près 38 mille tonnes en 2022 et à peu près 37 mille tonnes en 2021.

Comme il l’explique, malgré les efforts du gouvernement du Burundi pour promouvoir la culture du riz, des défis persistent. Il évoque notamment le problème des terres potentielles où on peut emblaver le riz qui ne sont pas encore aménagées. Un autre défi est celui lié à l’insuffisance de l’eau pour irriguer les rizières. La culture du riz exige des quantité importantes d’eau pour l’irrigation. Selon M. Samaniro, les barrages dont disposent la SRDI datent des années 80 et étaient sensées irriguer 5000 ha. Avec l’aménagement de nouvelles rizières, ces mêmes barrages irriguent actuellement plus de 12 mille ha. Cela impacte négativement la production du riz. A cela s’ajoute la pression démographique, les changements climatiques, etc. Il fait savoir que le gouvernement du Burundi a pris des dispositions pour booster la production du riz. Il a cité les barrages hydro-agricoles qui sont en train d’être reconstruits à cet effet. Entre autres, ceux de Kiyange, Gikoma, Mubone et Kajeke.

Selon l’étude de l’IRRI, tous ces défis peuvent être relevés par l’adoption des technologies modernes de production, de récolte et de post-récolte, la fourniture des intrants ainsi que le renforcement des capacités du programme national de recherche et de vulgarisation de ce produit et des riziculteurs.

 

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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