Tourisme

Le tourisme : pourquoi faire, pour qui, comment, ça sert à quoi ?

Une semaine après la publication d’un article sur l’état des lieux du secteur de l’hôtellerie et tourisme au Burundi paru dans le numéro 420 sous le titre « Tourisme en berne » c’est-à-dire en panne, Burundi Eco revient sur ce sujet afin d’explorer les composantes du tourisme, ses formes et sa contribution dans l’économie d’un pays

Le tourisme est le fait de voyager dansun lieu autre que celui où l’on vit habituellement, que ce soit dans son propre pays, ou à l’étranger. C’est donc une façon de changer de vie durant un moment donné dans un endroit inhabituel. C’est comme si des habitants de Gitega venaient de passer 15 jours à l’hôtel en bordure de plage à Bujumbura, comme si des habitants de Bujumbura allaient à Ijenda, en montagne, pour faire des randonnées et balades dans les forêts de la crête Congo-Nil dans les environs du mont Heha ou s’ils allaient une semaine dans le parc national de la Ruvubu pour observer les nombreux animaux, les oiseaux et les papillons.

Le tourisme implique généralement la consommation d’une nuitée auprès d’un hôtelier et éventuellement la réservation d’un titre de transport. Initialement rattaché aux loisirs, au repos et à la santé, le tourisme englobe également l’ensemble des activités économiques auxquelles la personne fait appel lors d’un déplacement inhabituel : transports, hôtels, restaurants, bars,musées, parcs nationaux, cinéma, théâtre, lieux historiques.Il peut s’agir, par exemple, d’un voyage d’affaires (on parle alors de «tourisme d’affaires») ou d’un pèlerinage religieux («tourisme cultuel»), d’un voyage culturel dans une grande ville européenne pour visiter des musées et expositions de grands artistes peintres.

Pratiquer le tourisme permet en outre de marquer des pauses dans son emploi du temps utilitaire imposé par la nécessité de gagner sa vie.Le touriste s’intéresse généralement à la culture ou aux paysages qu’il visite. Cette pratique a été longtemps l’apanage de gens fortunés qui pouvaient se permettre de voyager, pour voir des constructions remarquables, des œuvres d’art ou goûter d’autres cuisines.

Le tourisme a donné naissance à une véritable industrie lorsque les classes moyennes des pays occidentaux (Europe et d’Amérique du Nord) ont pu commencer à voyagerdès les premières grandes avancées sociales comme les congés payés. C’est l’amélioration générale du niveau de vie qui a permis aux gens de se consacrer davantage à leurs loisirs, et notamment au tourisme, sans oublier les progrès considérables en matière de transports (transport maritime, ferroviaire mais surtout aérien).

Tourisme de masse et tourisme de niche, quelle différence ?

Le tourisme de masse est celui du plus grand nombre répondant à une demande dite « de farniente » càd « ne rien faire » sauf s’allonger sur une plage, lire un roman ou rester scotché sur son smartphone. Cette forme de tourisme implique des infrastructures d’accueil adéquates en matière de transports aériens (charters), routiers et chemin de fer, logement, restauration et activités de loisirs (sports nautiques par ex). Par opposition, le tourisme de niche concerne les publics très spécifiques, en nombres plus restreints. Ces publics sont très différents, mais ont des points communs : une passion ou une volonté personnelle très particulière basée sur une curiosité et un centre d’intérêt plus prononcés, un niveau moyen d’éducation et de formation plus élevé, des moyens économiques plus importants (3 à 4 fois plus).

Le Burundi dispose de réelles potentialités qui intéressent le secteur touristique.

A titre d’exemples pour le Burundi, on peut citer deux niches potentielles à développer. La première concerne le lac Tanganyika et ses poissons cichlidés recherchés par de nombreux amateurs de nature et de découverte. Cette niche ne demande pas beaucoup d’investissements car pour observer les poissons, nul besoin d’équipements sophistiqués, un masque, des palmes et un tuba suffisent. La seconde niche concerne les oiseaux. Le Burundi compte quelques 600 espèces d’oiseaux dont beaucoup sont endémiques. Il existe de par le monde, des centaines de milliers d’amateurs d’oiseaux prêts à se déplacer pour les observer, principalement les Américains. Mais pour développer cette filière, il faut que le pays soit équipé d’infrastructures hôtelières de niveau international dans l’ensemble du pays sans oublier des infrastructures sanitaires en bordure des lieux d’observations : parcs nationaux et en priorité celui de la Rusizi, forêts, vallées…     

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) définit le tourisme comme « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs. Le terme « activités » doit être compris ici au sens général d’occupations individuelles.

Tous les voyageurs intéressant le tourisme sont appelés visiteurs. On distingue deux catégories de visiteurs : les touristes, qui passent au moins une nuit (et moins d’un an) hors de leur environnement habituel, et les excursionnistes, qui ne passent pas de nuit hors de leur environnement habituel. Par convention, les déplacements quotidiens domicile-travail et domicile-étude font partie de l’environnement habituel. Les déplacements vers une résidence secondaire sont toujours réalisés hors de l’environnement habituel. La notion d’environnement habituel fait intervenir plusieurs critères : la durée du déplacement, la distance entre le domicile et la destination ainsi que la fréquence de réalisation du déplacement.La prise en compte de l’ensemble des critères est variable d’un pays à l’autre, en particulier en fonction de la superficie. Aussi il ne peut y avoir une définition unique de l’environnement habituel. Pour des raisons pratiques, le système d’observation statistique du tourisme retient les critères suivants : un touriste est un visiteur qui passe au moins une nuit (et moins d’un an) hors de son domicile, un excursionniste est un visiteur qui réalise un aller-retour à la journée à plus de 100 kilomètres de son domicile. Les allers-retours à la journée des transfrontaliers sont également comptés, quelle que soit leur distance (sauf les allers-retours pour le travail et les études qui sont exclus du champ du tourisme). Un voyage fait référence à la période comprise entre le départ et le retour au domicile.

Le tourisme, pourquoi ?

Parmi les motifs de déplacements du visiteur, on distingue les loisirs, la détente et les vacances, les visites à des parents et amis, la santé (thermalisme, thalassothérapie…), les affaires et motifs professionnels, les missions ou réunions diverses, les autres (pèlerinages, les manifestations sportives, les voyages scolaires). En résumé, le touriste génère des richesses pour l’Etat et pour les populations locales.Les notions de visiteurs, de touristes et d’excursionnistes s’appliquent en particulier aux voyageurs internationaux, c’est-à-dire aux voyageurs dont le pays de résidence est différent du pays visité.Si on s’intéresse aux personnes résidentes à l’étranger qui sont en visite, on définit les notions suivantes :Les visiteurs internationaux sont les individus non-résidents (touristes et excursionnistes) en visite dans le pays. Les visiteurs internationaux en transit sont les visiteurs non-résidents qui transitent deux nuits consécutives au plusuniquement dans le but de se rendre dans un autre pays ou d’en revenir. Les excursionnistes internationaux sont les visiteurs non-résidents qui ne passent pas de nuit.

Pour le cas du Burundi, ce pays dispose des réelles potentialités qui intéressent le secteur touristique. On cite à titre d’exemple : les paysages et montagnes, nombreux itinéraires potentiels de randonnées à baliser, des cascades, le lac Tanganyika et ses plages à dépolluer et aménager, les parcs nationaux à réhabiliter (Ruvubu, Rusizi), la crête Congo-Nil et le mont Heha, les champs de thé et la forêt primaire de la Kibira,les oiseaux (plus de 600 espèces différentes), les poissons cichlidés (plus de 200 espèces), les papillons (très nombreuses espèces très rares), les chimpanzés (nombreux groupes d’individus recensés dans le PN de la Kibira), etc

Les différentes formes de tourisme

On distingue plusieurs formes de tourisme. Ce sont entre autres l’écotourisme, le tourisme vert (tourisme rural), le tourisme bleu (littoral), le tourisme blanc (les sports d’hiver en montagne), le tourisme noir (mémoriel, lieux de catastrophes, de génocide), le tourisme de guerre (débarquement en Normandie, Verdun) et le tourisme durable (écosystèmes et populations locales).

Il y a aussi le tourisme alternatif,le tourisme responsable (respectueux de l’environnement, des écosystèmes etc), le tourisme solidaire (soutien financier aux populations locales et minorités),le tourisme de découverte économique (entreprises, patrimoine industriel, scientifique), le tourisme équitable(respect et soutien des populations locales), le tourisme fluvial, le tourisme moto (Route 66, nombreux circuits potentiels de montagnes au Burundi), le tourisme équestre, le tourisme rock-and-roll (lieux de naissance de musiques : reggae, bleues ), le tourisme balnéaire et le tourisme montagnard. Et d’ajouter le tourisme volcanique (volcan en activité Nyiragongo à Goma au Nord Kivu voisin), le tourisme d’aventures, le tourisme des grands safaris (Big Five), le tourisme ornithologique,le tourisme de plongée aquatique, le tourisme politique, le tourisme sportif (cyclotourisme, marathon), le tourisme d’événements sportifs (Grands Prix de F1, CAN), le tourisme culturel, le tourisme d’affaires, le tourisme industriel, le tourisme sexuel,  le tourisme médical, le tourisme de santé (centre thermal), le tourisme social (touristes aux revenus limités, organisé par l’associatif mutuelliste), le tourisme des jeunes, le tourisme des séniors, le tourisme urbain, le tourisme religieux (Lourdes, la Mecque), le tourisme participatif (chantiers internationaux comme fouilles ou reconstructions), le tourisme de célébration (mariage, anniversaire, promotion, retrouvailles familiales).

Tourisme, axe de développement et de créations de richesses et d’emplois

Notons que le tourisme génère des revenus directs pour l’Etat et pour la population. Le touriste achète un visa, paie la taxe à l’aéroport et la TVA fixée à 18% sur tous ses achats et dépenses. Il paie les frais d’hébergement dans les hôtels et de restauration.Ce qui veut dire que les travailleurs de ces secteurs bénéficient de salaires et de pourboires (tip). Les cabaretiers, les sociétés detélécommunication, les propriétaires des stations services et des véhicules de location en profitent.

Les artistes trouvent le marché d’écoulement de leurs produits, car les touristes achètent des cadeaux pour leurs familles. Le tourisme constitue aussi une manne pour les coiffeurs, les détenteurs des maisons de massage, de fitness, etc. Et d’ajouter que les touristes paient ledroit d’entrées dans les Parcs Nationaux et le Musée vivant (à réhabiliter). Ils génèrent des activités économiques importantes qui contribuent à la croissance et donc à l’augmentation du PIB.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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Un environnement des affaires peu attractif

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