Edition Spéciale Enfant

Les enfants des travailleuses de sexe, ces nourrissons oubliés

Avec leurs multiples partenaires, les travailleuses de sexe sont exposées aux grossesses non désirées, mais aussi aux maladies sexuellement transmissibles. Le plus souvent, il leur est difficile de reconnaître l’auteur de ces grossesses « accidentelles ». Du coup, les conditions de vie de ces enfants  se dégradent et leur avenir  est incertain

Quand le soleil donne ses derniers reflets,   Bujumbura semble se coucher  très tôt. A partir de 18 h, le centre-ville se vide peu à peu.  Les Bujumburois font des files indiennes à la gare des bus située à l’ex-marché central de Bujumbura.  Même si le centre-ville semble se coucher, l’ambiance bat son plein à Kamenge.  Nous sommes le 19 novembre 2020, à la 11ème avenue de la zone Kamenge en commune Ntahangwa. Il est 19h, et cette localité grouille toujours de monde. La nuit voit fleurir plusieurs activités, les unes plus illicites que les autres. Les amateurs d’ «Akabenzi» se bousculent et certains sont des clients chassés de la ville de  peur de manquer un moyen de déplacement. Dans ce quartier, les bistrots foisonnent, les bières industrielles  coulent à flot. De la musique de tout genre, le moindre brouhaha et des groupuscules de filles court vêtues en conversation plantent le décor.  D’autres viennent à compte-gouttes de tous  les coins de cette localité. Autant il fait nuit, autant leur nombre se dédouble dans cette localité.

Les jeunes filles deviennent nombreuses à s’adonner au travail de sexe.

Ce qui est curieux est que la majorité des gens qu’on voit sur les lieux  et qui font des mouvements de va-et-vient sont des filles.  Certaines se positionnent dans tous les coins de croisement des rues et allées, d’autres devant de petites maisonnettes à clôtures faites de roseaux.  Elles se distinguent des autres par leur accoutrement “osé”. Chacune dispose d’un pagne et d’une petite lampe torche à la main. Apparemment, elles ne sont pas des serveuses de bistrots à voir les mouvements qu’elles font dans les rues ou  d’un bistrot à un autre. Souriante qu’elles sont,  leurs yeux sont toujours aux aguets pour détecter quiconque leur ferait signe.

Une véritable agora. A l’intérieur d’une buvette, deux jeunes filles sont attablées autour d’une grande bouteille de Primus qu’elles versent parcimonieusement dans des verres appelés Nyumbakumi. L’une d’elle, en pagne et fardée, semble être dans les vingtaines. C’est Aline Kaneza. L’autre, visage clair, formes généreuses, rit en nous invitant à s’asseoir à la même table. Aline Kaneza, son visage n’est pas éclairci. A tour de rôle, chacune se présente à chaque client qui entre dans le  bar pour aiguiser sa curiosité. Kaneza fait savoir qu’elle est venue là non pas pour s’acheter une bière, mais plutôt pour chercher un potentiel client. Cela va faire bientôt quatre ans qu’elle est travailleuse de sexe.

Tout n’est pas rose pour Kaneza

Aujourd’hui, pour Aline Kaneza, la vie n’est pas sans panache. Elle raconte qu’elle vient de mettre au monde un enfant qu’elle confie à une nounou avant de venir dans ce lieu chercher de quoi  se nourrir et payer le loyer.  Elle indique qu’elle loue une maisonnette à deux chambres pour 60 000 FBu.  Aline nous invite à faire un tour dans les bicoques qui sont dans les alentours de la 10ème, 11ème et 12èmes avenues. Ce sont des allées non pavées, souvent boueuses lorsqu’il a plu et au moindre geste, on risque de patauger dans la boue. A chaque coin de rue et à l’ombre des arbres se positionnent plus d’une dizaine de jeunes filles en attente des consommateurs  du sexe. Elles ont une marque spéciale. Travaillant dans un milieu non éclairé, chacun doit avoir  sur lui une petite lampe torche. Il faut savoir que le  travail du sexe consiste à  négocier et offrir des services sexuels contre rémunération avec ou sans l’intervention d’une tierce partie. Ces services ne sont pas  légaux et reconnus comme étant disponibles à ces endroits. “Les prix de ces services s’ajustent en fonction du jeu de l’offre et de la demande” précise-t-elle.

Gagner sa vie et celle de son bébé, un combat difficile 

Gagner sa vie et celle de son bébé constitue un enjeu de taille. Son enfant est le fruit d’un amour qui a mal tourné.  Même si  son père ne nie pas sa paternité, jusqu’ à présent, l’enfant n’est pas enregistré à l’État-civil. Etant donné que les enfants de moins de 5 ans sont soignés gratuitement au Burundi, comme elle n’a pas l’extrait d’acte de naissance de son enfant, elle est obligée de payer la totalité des frais de soins de santé à la moindre maladie. C’est un travail exigeant pour elle, mais elle doit le faire en dépit des contraintes socio-économiques auxquelles elle est confrontée.  Ainsi, la perpétuation de ce métier tient d’abord au fait qu’il existe une demande conséquente. Sans clients, point de débauche. Le jeu économique de l’offre et de la demande trouve son application dans ce contexte.

Même si Kaneza se trouve dans cette situation, elle témoigne que si l’occasion de trouver un mari se présente, elle est prête à changer de vie.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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