Commerce

L’OBR redonne-t-il l’espoir aux commerçants des marchés de Ngozi et de Gitega ?

Le loyer des stands ou des échoppes dans les marchés gérés par l’Etat a été revu à la baisse. Ce que les commerçants de Ngozi et Gitega saluent. Même les commerçants qui ont perdu leurs espaces en juillet dernier ont l’espoir de les reprendre.

Le ministère en charge des finances a revu la mesure prise au mois de juillet 2023 à l’endroit des commerçants des marchés construits par l’Etat. Laquelle ? L’Office Burundais des Recettes (OBR) a pris en main la gestion des marchés construits par l’Etat ou ses partenaires au développement au détriment des communes et de la mairie de Bujumbura. L’OBR s’est lancé dans la collecte des frais de location des stands dans ces marchés. En plus de cela, le montant que le commerçant doit payer mensuellement à l’OBR était multiplié par 10 voire par plus de 15. Ce n’est pas tout, le gouvernement a décidé de décourager le système de sous-location des stands dans les marchés. C’est pour cette raison que les échoppes « sous-louées » ont été attribuées automatiquement aux « sous-locataires » au détriment des « sous-bailleurs » même si ces derniers ont signé des contrats avec les gestionnaires des marchés comme les communes ou la mairie de Bujumbura.

Cette décision a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les commerçants se sont indignés, mais en vain. Après sept mois de mise en application de cette mesure, le gouvernement décide de la revoir et de l’alléger un tout petit peu. Désormais, les loyers mensuels des stands et des échoppes équivalent au double de ceux qui étaient payés avant juillet 2023. Les recettes issues de cette location seront partagées équitablement entre l’OBR et la commune où se situe le marché concerné. De surcroît, la sous-location des stands ou des échoppes est interdite. Seul l’OBR est compétent pour signer le contrat de bail avec les locataires. Alors, comment les commerçants de Ngozi et Gitega ont accueilli cette mesure ?

Les commerçants de Ngozi saluent la mesure

« La mesure prise en juillet 2023 par l’OBR n’était pas du tout juste », précise le prénommé Salvator, commerçant au marché de Ngozi. Pour lui, ce n’est pas raisonnable d’attribuer une échoppe gratuitement à celui qui n’a rien investi là-dedans. Heureusement, à Ngozi, tous les présumés locataires n’ont pas accepté de prendre les échoppes d’autrui. « Par exemple, moi j’œuvre dans une échoppe d’une autre personne, mais je n’ai pas accepté de la prendre même si l’OBR me l’a cédé. J’ai invité son propriétaire à venir l’enregistrer sous son nom », témoigne M. Salvator

Le marché de Ngozi dispose de 2000 places et faisait gagner à la commune de Ngozi 18 millions de FBu par mois jusqu’en juin 2023. Depuis lors, la commune n’a rien gagné.

 

En plus de cela, le fait de revoir à la hausse de façon exorbitante les frais que les commerçants paient mensuellement à l’Etat n’était pas juste. Par exemple, M. Salvator payait 8000 FBu à la commune mais, avec la mesure de l’OBR, il payait 100 000 FBu par mois. Par contre, avec la révision de la mesure, il va payer mensuellement 16 000 FBu seulement. « Comme l’Etat décide maintenant d’alléger la mesure, tant mieux. Espérons que cela restera inchangé pendant longtemps », souhaite M. Salvator.

Radjabu Havyarimana, représentant des commerçants de la province de Ngozi affirme que les commerçants de cette province saluent la révision de la mesure. Aujourd’hui, les frais de location des stands imposés par l’OBR ne sont plus exorbitants et les anciens propriétaires des échoppes peuvent les reprendre. En plus de cela, une commission indépendante qui avait été mise en place pour régulariser les litiges entre les commerçants a contribué à atténuer les effets de cette mesure.

Les « sous-locataires » de bonne foi ont évité le pire

Pour Samson Nkurunziza, commissaire du marché de Ngozi, la mesure prise en juin 2023 par l’OBR a été accueilli différemment. Certains commerçants se sont réjouis d’avoir bénéficié des échoppes qu’ils louaient auparavant aux acquéreurs. Mais d’autres commerçants de bonne foi n’ont pas voulu prendre les stands qui ne leur appartenaient pas.  « Nous avons continué à plaider pour les commerçants afin que ce problème soit résolu », affirme M. Nkurunziza.

Le marché de Ngozi dispose des échoppes ou des stands qui sont entièrement construits par la commune, mais il y en a d’autres qui ont été construits par les commerçants eux-mêmes avec des tôles payées avec leurs propres fonds. Selon M. Nkurunziza, cette deuxième catégorie de commerçants a causé beaucoup de problèmes, car un commerçant qui a dépensé des millions de francs burundais pour construire un stand ne peut pas digérer le fait que son échoppe soit attribuée à quelqu’un d’autre gratuitement. Heureusement, comme la mesure a été revue, cela constitue un ouf de soulagement pour les personnes qui reprennent leurs échoppes.

A noter que le marché de Ngozi dispose de 2000 places et faisait gagner à la commune 18 millions de FBu mensuellement jusqu’en juin 2023 selon M. Nkurunziza. Depuis lors, la commune n’a rien gagné. Le manque à gagner est estime à plus de 120 millions de FBu durant les sept mois de tractations.

« La nouvelle mesure est prometteuse. Même les commerçants qui ont déjà payé le loyer mensuel conformément au récent tarif de l’OBR seront remboursés », rassure Désiré Minani, gouverneur de la province de Ngozi. Mais de quelle manière les commerçants seront remboursés ? Cette autorité provinciale explique qu’on calculera le nombre de mois proportionnels au montant déjà payé, c’est-à-dire que les commerçants travailleront plusieurs mois sans payer le loyer afin de compenser tous les frais déjà payés.

Mais les personnes qui risquent de payer les pots cassés selon M. Minani, ce sont les locataires (qui n’ont payé aucun sou à l’OBR depuis juillet 2023) mais qui vont remettre les échoppes dans les mains des anciens locataires. Jusque-là, on n’a pas encore bien déterminé qui s’acquittera de ces impayés.

A Gitega, la nouvelle mesure a été bien accueillie

« L’argent que nous payions mensuellement à l’OBR depuis juillet 2023 était un peu surévalué. Mais comme l’Etat décide de diminuer les frais à payer par mois, c’est quelque chose à saluer. En plus de cela, nous avons espoir que les propriétaires qui ont perdu leurs échoppes alors qu’ils avaient signé des contrats avec la commune de Gitega vont les reprendre », indique Fiacre Irankunda, commerçant au marché de Gitega. Il explique qu’il y a des personnes qui ont acquis des échoppes à plusieurs millions de FBu et qui, tout d’un coup, les ont perdus au profit des locataires. Cette mesure était d’une part injuste.

La plupart des commerçants du marché de Gitega estiment que l’argent qu’ils payaient mensuellement à l’OBR depuis juillet 2023 était un peu surévalué.

 

Godeliève Maua, une commerçante rencontrée au marché de Gitega abonde dans le même sens. Pour elle, comme l’Etat vient de revoir favorablement la mesure, c’est quelque chose à saluer, car l’ancienne mesure a provoqué des indignations chez les commerçants sans oublier des conflits entre les anciens et les nouveaux locataires des échoppes. Ce n’est pas facile de digérer le fait de perdre son échoppe si gratuitement.

Le communiqué de la mairie de Bujumbura a semé le doute à Gitega

Suite à un communiqué rendu public par le maire de la ville Bujumbura le 30 janvier 2024 par lequel elle suspendait provisoirement la reprise des échoppes par les anciens locataires, cela a prêté à confusion même dans la ville de Gitega. Certains commerçants du marché de Gitega n’ont pas compris s’ils sont concernés ou pas par ce communiqué. Ainsi, quelques locataires qui ont acquis les échoppes depuis juillet 2023 ont refusé d’obtempérer. Ce qui a causé des malentendus entre ces deux catégories de commerçants. Même l’administration locale a dû intervenir pour donner la lumière et tranquilliser.

« Le gouvernement du Burundi a réformé la gestion des marchés construits par l’Etat ou par ses partenaires au développement dans le but de décourager les personnes qui occupent beaucoup d’échoppes, celles qui veulent les vendre ou celles qui les mettent en sous-location », indique Venant Manirambona, gouverneur de la province de Gitega.  Pour cette autorité provinciale, cette situation doit cesser et les commerçants doivent savoir que les marchés appartiennent à l’Etat, donc qu’ils sont censés louer les « espaces » à celui-ci.

Venant Manirambona, gouverneur de la province de Gitega (au milieu) rappelle les commerçants que les marchés appartiennent à l’Etat, donc qu’ils sont censés louer les « espaces » à celui-ci.

 

Mais M. Manirambona avoue que le gouvernement a amélioré certaines choses. C’est pour cette raison que la mesure prise par l’OBR en juillet 2023 est désormais révolue. Cela pour régulariser certains commerçants qui ont perdu leurs échoppes qui ont avancé des raisons convaincantes en vue de les reprendre. Aujourd’hui, le travail qui est en cours c’est l’identification et l’enregistrement des commerçants qui doivent occuper des « espaces » dans les marchés et qui signeront les contrats avec l’OBR.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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