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Malagarazi : Des jeunes investissent dans le transport lacustre

Nombreux sont les jeunes qui partent à la quête des opportunités dans les marais de la Malagarazi. Certains d’entre eux exercent les activités de pêche ou travaillent dans les champs alors que d’autres assurent le transport des biens et des personnes. Ce métier leur permet de générer des revenus. Reportage. 

En l’absence d’un pont, le bateau est le seul moyen de recours pour franchir la frontière.

En décembre dernier, un reporter du journal Burundi Eco s’est rendu au niveau du point de passage informel dit « Chez MPABASI ». Depuis le centre urbain de Gihofi, on contemple déjà les vastes champs de canne à sucre à perte de vue. Une partie des plantations a été engloutie par les crues de la rivière Malagarazi.

Un voyage au cœur de la savane

Ce jour-là, la visite des rives de la Malagarazi figurait sur notre agenda. Nous passons par le service des migrations pour en savoir plus sur le mouvement des biens et des personnes à la frontière. Hélas, le silence y règne. Il n’y a personne à l’intérieur du poste frontière des migrations de Ngomate pour nous accueillir. Nous rebroussons chemin pour nous rendre directement à la frontière. Le voyage à vélo d’une vingtaine de minutes nous coûtera 5000 FBu. Les motards ne sont plus autorisés à franchir la barrière bloquant l’accès à la route en terre battue vers le point de passage. Ces derniers ont trempé dans des actes de fraude et de contrebande. Ils dissimulent les marchandises dans les champs de canne à sucre pour les récupérer à la tombée de la nuit.

La route se faufile entre les plantations de canne à sucre appartenant à la Sosumo. De part et d’autres, les cannes à sucre forment une savane. La saison pluvieuse a interrompu les travaux de la campagne sucrière. Nous remarquons des traces de pneus de tracteurs dans les pistes d’accès aménagées dans les plantations. La route est en mauvais état. Certaines parties sont très boueuses alors que d’autres contiennent des flaques d’eau. Parfois nous devons marcher à pied en passant par les bordures de la route pour ne pas finir dans les eaux stagnantes. Plus on s’approche des rives de la Malagarazi, plus le mouvement s’intensifie. Nous croisons des femmes à vélo qui s’approvisionnent au marché de Gihofi et rentrent avec leurs provisions en Tanzanie. Des taxis vélos ou des cultivateurs transportent également leur récolte.

La porosité des frontières

Après une demi-heure, nous rejoignons la frontière Burundo-Tanzanienne. Une grande digue protège les plantations de canne à sucre contre les crues de la Malagarizi. Des herbes fixatrices notamment des bambous ont été plantées le long de la rive côte Burundais. Un agent de sécurité nous regarde d’un air amical. Nous nous approchons pour décliner notre identité et l’objet de notre visite. Nous avons sa bénédiction pour travailler en toute tranquillité.

Le point de passage n’est pas du tout aménagé. Seule une maisonnette en paille sert d’abris en cas de pluies. Nous escaladons la digue en s’appuyant sur les bambous. Tout d’un coup, nous avons sous nos yeux, la grande Malagarazi qui a inondé de l’autre côté une bonne partie des plantations de maïs. Les eaux de couleur rougeâtre très chargées d’alluvions coulent avec turbulence au cœur de cette grande rivière du Sud-Est du pays. Une dizaine de personnes discutent sur le bulletin météorologique de la veille. Les conditions météorologiques dictent les conditions de navigation. En cas de fortes pluies, les prix augmentent jusqu’à 5000 shillings Tanzaniens (TZS)», lance une dame qui attendait les embarcations.

Après une dizaine de minutes, une embarcation accoste avec 10 passages à bord. Le bateau de fortune transporte également des sacs de manioc sec et des vélos. Nous apprenons que les Burundais partent travaillent travailler dans les champs le matin en Tanzanie pour rentrer le soir. En période de récolte, ils utilisent les bateaux pour traverser la Malagarazi. Par après, ils utilisent les moyens de bord, les vélos, les portefaix pour assurer le transport vers les ménages ou vers le marché d’écoulement.

Quid de la sécurité des passagers ?

L’activité économique reste limitée par l’absence des infrastructures de base. Il n’y a pas de latrines, pas de service de change. Le shilling Tanzanien est le plus couramment utilisé pour payer les frais de restauration ou les frais de transport. Il importe de signaler que du côté burundais, il n’y a même pas de restaurants. Ceux qui œuvrent sur les rives de la rivière Malagarazi s’approvisionnent en Tanzanie. C’est à moins de 100 m de la frontière. Ils peuvent faire des commandes en appelant un propriétaire du restaurant de l’autre côté.

L’activité économique reste limitée par l’absence des infrastructures de base.

La plupart des jeunes se lancent dans le métier de chauffeur de bateau. Cela requiert plus d’attention. Ils rament à deux avec des morceaux de bambous qu’ils plongent au fond de la rivière pour faire   avancer le bateau. L’autre doit surveiller le courant de la rivière. A l’arrivée, le bateau est vite rattaché sur des morceaux de bois au risque d’être emporté par les vagues. La sécurité des passagers n’est pas garantie. Ni les passagers, ni les membres de l’équipage personne ne dispose des gilets de sauvetage. Ce qui ne présage rien de bon en cas de naufrage ou d’attaque d’animaux aquatiques. L’autre danger est que les membres d’équipages ne disposent pas d’assez d’ustensiles (ibipeyure) pour refouler l’eau qui entre à l’intérieur des bateaux. L’action s’appelle dans le jargon « Gupeyura ».

La rivière Malagarazi, une aubaine pour les transporteurs

En l’absence d’un pont, le bateau est le seul moyen de recours pour franchir la frontière. Pas de documents exigees. Les Tanzaniens comme les Burundais traversent la frontière pendant la journée. Pour chaque rotation, un propriétaire de bateau peut gagner plus de 20 mille shillings TZS. Il peut facilement gagner plus de 100 mille FBu par jour. Comme ce sont des bateaux non motorisés, il est exonéré des dépenses de carburant. Il gagne doublement, car c’est lui-même qui se place en intermédiaire pour effectuer le change entre les deux devises pour ses clients. Après le déchargement du bateau, l’autre équipe dont une femme avec un nourrisson montent à bord et battent pavillon vers l’autre rive.

Nombreux sont les jeunes qui partent à la quête des opportunités dans les marais de la Malagarazi. Certains d’entre eux exercent les activités de pêche ou travaillent dans les champs alors que d’autres assurent le transport des biens et des personnes.

Pour ceux qui ont loupé des leçons de géographie du Burundi à l’école secondaire, la rivière Malagarazi reçoit les eaux de la plaine de Kumoso et d’une partie de la région naturelle de Buragane. La Malagarazi forme la frontière entre le Burundi et la Tanzanie sur une distance de 156 km. Après ce parcours frontalier avec la Tanzanie, la Malagarazi s’enfonce dans les terres tanzaniennes et décrit une large boucle dans le pays avant de se jeter dans le lac Tanganyika au niveau du village de Liagala.

Les principaux affluents de cette rivière au Burundi sont : la Rukoziri, la Nyakabanda, la Mutsindozi, la Ndanga, la Nyamabuye, la Muyovozi, la Musasa et la Rumpungwe (80 km). Les marais de la Malagarazi constituent un site privilégié pour les oiseaux migrateurs, des oiseaux d’eau douce, de plusieurs espèces de poissons endémiques, les espèces en voie d’extinction comme les crocodiles (Crocodilus niloticus), les hippopotames, l’antilope Tragelaphus spekei, etc…

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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