Environnement

« Mieux vaut tard que jamais »

Les inondations dues à la montée des eaux du lac Tanganyika défraient la chronique des médias.  Face à l’ampleur des dégâts, le gouvernement vient déclarer l’urgence climatique. Une étape cruciale pour mobiliser la communauté internationale à voler au secours des victimes et appuyer le gouvernement dans la riposte contre les effets du changement climatique. Cependant, le coût global pour faire face aux effets du changement climatique n’a pas été dévoilé.

Albert Mbonerane, défenseur de l’environnement, ne cesse de rappeler que la montée des eaux du lac Tanganyika avait eu lieu dans les siècles antérieurs et risque de se répéter dans l’avenir.

 

La montée des eaux du lac Tanganyika fait rage dans les zones riveraines depuis plusieurs mois. Par conséquent, le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique et le système des Nations Unies au Burundi ont signé conjointement un communiqué destiné à faciliter la mobilisation des ressources pour appuyer la mise en œuvre du plan de réponse aux impacts du phénomène El Niño. Cette activité a eu lieu mardi le 16 avril 2024. « Entre septembre 2023 et le 7 avril 2024 ; 203 9044 personnes ont été affectées […], en plus de 19 250 habitations et 209 salles de classe qui ont été détruites. Le nombre de personnes déplacées internes a également augmenté de 25 %, pour atteindre 98 000 personnes. Pour la même période, le secteur de la sécurité alimentaire a enregistré plus de 40 000 hectares de champs de culture détruits », lit-on dans le communiqué.

A travers ce communiqué, le gouvernement du Burundi reconnaît que le pays fait partie des 20 pays les plus touchés par les changements climatiques dans le monde. Ainsi, il demande à ses partenaires au développement d’appuyer le pays pour y faire face. Malheureusement, le montant des fonds nécessaires n’a pas été précisé.

Les défenseurs de l’environnement incompris ?

L’état d’urgence climatique a été déclaré après que différents experts en environnement ont rappelé à maintes reprises que les décideurs doivent comprendre le danger auquel le pays est confronté. Pour Albert Mbonerane, défenseur de l’environnement, il faut que les responsables des institutions étatiques mettent avant le respect des textes légaux, par exemple le code de l’eau, le code de l’urbanisme, etc. Ces lois sont claires en ce qui concerne la gestion des lacs et des rivières dont le lac Tanganyika. Et la population doit participer à la protection des sols pour lutter contre l’érosion et éviter de jeter les déchets n’importe où.

Mais dans l’immédiat, l’Etat doit penser à venir en aide ou délocaliser les habitants des zones à haut risque comme Gatumba. « Que l’Etat prenne des mesures le plus rapidement possible pour protéger les personnes victimes des inondations, car elles risquent d’attraper les maladies », précise Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME). Pour M. Rufyiri, le Conseil des ministres devrait étudier ce problème pour trouver une solution efficace.

Pourquoi la montée des eaux du lac Tanganyika ?

Selon M. Mbonerane, cette problématique est liée à beaucoup de facteurs. D’abord, la dégradation du sol occasionne l’érosion. Ainsi, les affluents du lac Tanganyika déversent dans le lac des sédiments et des déchets de diverse sortes au fur du temps. Ces sédiments emportés par les rivières forment un « compactage » au fond du lac. Ce qui est favorable à l’augmentation du niveau de l’eau.  A noter que lac Tanganyika compte au moins 100 affluents. Les actions anthropiques sont à l’origine de la dégradation du sol, notamment l’agriculture.

Les habitants de Gatumba dans la ligne de mire des inondations.

En plus de cela, le seul exutoire du lac Tanganyika qui est la rivière Lukuga est un tout petit peu bouché. L’eau ne coule pas comme il faut. Cette rivière a besoin d’être curer, selon M. Mbonerane. Mais la montée des eaux du lac Tanganyika est aggravée par des fortes précipitations enregistrées au niveau du bassin versant surtout dans les pays riverains notamment la Tanzanie et la République Démocratique du Congo (RDC).

Un phénomène climatique à répétition

La montée des eaux du lac Tanganyika a été signalée pour la première fois en 1878, selon Albert Mbonerane, défenseur de l’environnement. Mais à cette époque, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui habitaient le littoral du lac et il s’est calmé quelques temps après. En 1938, il y a eu nouvelle montée des eaux du lac. Là aussi on n’a pas signalé beaucoup de dégâts. Ce phénomène a récidivé 25 ans après, donc en 1963. Pour la première fois, la montée des eaux du lac a été qualifiée de catastrophe. Le bord du lac Tanganyika était habité par un nombre non négligeable de personnes. Par exemple, les habitants de Gatumba en commune de Mutimbuzi (Bujumbura) ont subi des inondations et ont été contraints d’être évacués pour aller s’installer dans des endroits sûrs notamment à Ngagara et Cibitoke dans la ville de Bujumbura. Heureusement, au bout de six mois, la situation s’est améliorée et le lac s’est retiré des zones habitables. En conséquence, Gatumba est redevenu vivable.

Aujourd’hui en 2024, les populations qui vivent aux environs du lac Tanganyika connaissent le même phénomène qui est devenu cyclique. Certes, dans les années 1960, les gens habitaient Gatumba. Mais Kibenga, Gisyo (Kanyosha), … n’étaient pas habités, car ces endroits étaient humides. Aujourd’hui, toutes ces zones abritent des maisons d’habitation et sont très menacées par la montée des eaux du lac Tanganyika et certains sinistrés ont fui leurs ménages inondés tandis que d’autres vivent quasiment dans l’eau.

Malgré tout, le code de l’eau (2012) interdit de construire dans l’espace de 150 m à partir du bord du lac Tanganyika compte tenu du niveau le plus élevé qu’ont atteint les eaux du lac dans leurs crues périodiques. Pour les autres lacs du pays (lacs du Nord) la limite est 50 mètres, 25 mètres sur chacun des bords des affluents du lac Tanganyika et 5 m à partir des autres rivières du pays. M. Mbonerane se désole du fait que ce code n’est pas respecté. La responsabilité revient aux pouvoirs publics. Malheureusement, ce sont les personnes qui ont construit dans des zones légalement non constructibles qui sont généralement victimes de la montée des eaux du lac Tanganyika.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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