Société

Pas de réparation digne, pas de paix durable

La restitution des biens est une marque importante pour permettre aux rescapés et aux victimes des crises cycliques qu’a traversé le pays de se reconstruire. Sinon, les plaies resteront saignantes et l’espoir d’une paix durable s’éclipsera : cas de la crise de 1972

Restituer les biens aux familles de rescapés est une façon efficace de leur permettre de se reconstruire, trouvent les habitants de Magara, Zone Gatete, commune Rumonge, victimes de la crise de 1972.

 

Rumonge est l’une des provinces qui ont été touchées par la crise de 1972.  Par conséquent, cette province compte beaucoup d’habitants qui sont revenus au pays après plusieurs années d’exil dans les camps de réfugiés de Uryankulu, Mpanda na Mishami… en Tanzanie. Depuis leur retour, la plupart des rapatriés attendent des dizaines d’années que leurs terres ou celles de leurs pères, les magasins, maisons et voitures leurs soient restitués.

Sur la colline Mugara, zone Gatete de la commune Rumonge, les blessures sont encore fraîches chez les habitants qui ont connu cette crise malgré plus d’une demi décennie de cela. Les leurs ont été tués et ne reviendront jamais. Mais ce qui leur font mal, c’est de voir leurs biens occupés ou profités par leurs voisins

Une réparation tant attendue

La plupart des rapatriés de la crise de 1972 de Mugara, ont perdu une, deux, trois ou plusieurs membres de leurs familles. « J’ai perdu mon père, deux frères et notre grand-père. En tout, j’ai perdu sept personnes pendant cette crise, », raconte Spora Bugoma, un septuagénaire.

D’autres ont vu leurs terres et leurs biens spoliés : « Quand nous avons fui, mon père avait des propriétés, possédait une voiture et une moto de type Vespa. A notre retour, tout avait disparu, ses propriétés terriennes sont exploitées par d’autres personnes jusqu’aujourd’hui », lance une femme de cette colline.

Le mandat de la Commission Nationale Terres et autres Biens a expiré en mars 2022 sans qu’elle eut pourtant achevé sa mission de résoudre les contentieux spéciaux liés aux terres et autres biens. Sur 22 mille dossiers pendants, 5 mille sont de Rumonge.

Certaines de ces victimes ne sont pas encore remises dans leurs droits. Et malheureusement, il y a même ceux à qui les juridictions ont donné raison, mais qui n’arrivent pas à recouvrer leurs biens. Leurs terres sont soit occupées par l’Etat ou on y effectue les travaux d’intérêt général.

Des promesses non tenues

« Lorsque nous étions dans les camps de réfugiés en Tanzanie, les autorités burundaises sont venues nous sensibiliser à regagner le bercail tout en nous promettant la restitution de nos biens », explique Jackson Ndayizeye, un sexagénaire habitant la colline Mugara, qui s’est réfugié à 13 ans en Tanzanie.

C’est d’ailleurs ce qui était prévu par les accords d’Arusha, dans le protocole IV, chapitre I, article 8 (a, b) qui stipulait que tout réfugié et sinistré doit pouvoir récupérer ses biens, notamment sa terre. Il stipulait également que si la récupération s’avère impossible, chaque ayant-droit doit recevoir une juste compensation et/ ou indemnisation. A l’article 9, il est stipulé que les compensations et les indemnisations seraient assurées par un fonds qui serait alimenté par le budget national et par des dons d’organismes de coopération bilatérale et multilatérale ou par des aides d’organisations non gouvernementales.

Le constant amer des concernés est qu’à défaut de leur restituer leurs biens, ils ne sont ni compensés ni indemnisés.

Nous ne sommes pas considérés comme les enfants de la nation

« Je trouve que l’Etat les a relégués aux oubliettes et qu’ils ne sont pas considérés comme des enfants du pays. Nous sommes mis au bas de l’échelle alors que c’est l’Etat qui nous ont demandé de regagner le bercail », retorque Spora.

Alors que je peine à prendre en charge mes 11 enfants et que je manque d’une habitation digne, d’autres personnes occupent mes terres, cultivent et récoltent. Pouvez-vous imaginer la douleur que je ressens ? ajoute Ndayizeye.

Comme Jackson, Spora et d’autres, les victimes affirment que leurs cœurs sont remplis d’amertume et que les blessures du passé peinent à se cicatriser. Et le minimum que l’Etat puisse faire pour eux, est de les rétablir dans leurs biens. Ils estiment que la paix à laquelle le pays est à la quête n’est pas totalement garantie.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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