Spéciale femme

Le patriarcat est-il la source de l’inégalité entre l’homme et la femme ?

Le genre est une conception qui fait référence beaucoup plus aux rôles et responsabilités de l’homme et de la femme qui varient dans le temps et dans l’espace. Dans le temps, la société burundaise a évolué dans une perspective patrilinéaire où l’homme dominait la femme. Même aujourd’hui, le patriarcat s’observe dans la société burundaise. Lambert Hakuziyaremye, socio-anthropologue certifié en genre et développement nous en dit long    

La famille est l’une des instances de socialisation. Là, les responsabilités sont partagées entre l’homme et la femme compte tenu des activités de chacun. Au niveau de l’inculcation des valeurs chez les enfants, l’homme essaie de transmettre des valeurs dévolues à l’homme à son fils et la femme à sa fille. Les parents montrent à leurs enfants comment doit être un homme digne ou une femme digne.Ainsi commence la dichotomisation de l’éducation des enfants. Dans la société burundaise, les grandes responsabilités reviennent à l’homme, d’où le patriarcat.

La femme s’occupe des tâches domestiques (umuzezwanzu) alors que l’homme s’occupe des travaux extérieurs comme l’approvisionnement en produits de première nécessité. Le patriarcat a fonctionné depuis longtemps et a fini par être intériorisé par plusieurs générations burundaises. C’est une perspective de domination de l’homme sur la femme. Même aujourd’hui, au niveau du ménage, certains hommes pensent que la femme a des limites au niveau des responsabilités. Malgré ce décalage, la femme a considéré cela comme normal.

Lambert Hakuziyaremye, socio-anthropologue certifié en genre et développement : « L’éducation non discriminatoire des enfants joue un rôle important dans le processus du respect des droits de la femme ».

Des éléments négatifs du patriarcat

Certains éléments du patriarcat remettent en cause les droits de la femme. Il favorise une éducationsexuée (socialisation différentielle). Cette socialisation considère le garçon comme quelqu’un de viril qui doit résister et qui doit faire face à des situations compliquées. Mais la petite fille est considérée comme quelqu’un qui doit se soumettre,  et qui ne peut pas être épanoui/libreface aux opportunités offertes par la société.

L’égalité qu’il faut n’est pas une égalité mathématique, c’est plutôt le fait d’accorder les mêmes chances, les mêmes droits et les mêmes opportunités à l’homme comme à la femme. Au niveau du ménage, tous les deux sont complémentaires.

Des pistes de solution

Selon M. Hakuziyaremye, pour assurer une égalité effective entre l’homme et la femme, il faut que le problème de l’inégalité soit résolu en amont d’abord, commencer par la socialisation des enfants. On doit leur donner les mêmes chances et les mêmes opportunités sans distinction aucune. Que les tâches domestiques s’exécutent indépendamment du sexe de l’enfant. De même pour la scolarisation. Depuis l’enfance, les parents devraient inculquer au petit garçon qu’il a les mêmes droits que sa sœur. Tous les deux doivent évoluer en même temps en bénéficiant d’une même éducation non discriminatoire.

En plus de cela, la mentalité des Burundais devrait changer. Pour y arriver, M. Hakuziyaremye fait allusion à la théorie du sociologue Alex Muchielli. Il propose trois solutions. Il faut exercer une certaine pression sur les éléments négatifs véhiculés par la société burundaise et qui bafouent les droits de la femme. Les acteurs qui doivent s’y impliquer sont notamment les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et la population en général. Chaque geste qu’ils posent devrait être sensible au genre. Les  projets mis en place par les ONGs dans la société doivent être sensibles au genre également. Et les médias ont le rôle de sensibiliser l’opinion pour que les droits de la femme soient respectés.

En deuxième lieu, il propose la mise en place d’une zone de liberté où les femmes doivent trouver facilement des espaces pour s’exprimer et/ou manifester leurs compétences. En troisième lieu, il propose la valorisation des modèles. Que les femmes qui excellent et qui ont réussi dans différents domaines servent d’exemples pour inspirer les autres.

L’individu est le produit de la société et le changement commence par lui-même. Si l’homme contribue à la promotion des droits de la femme, cela fait du bien pour tous. Les femmes constituent une ressource importante pour le pays quand leurs compétences sont mises à disposition de la nation. Même au niveau des ménages, en travaillant seul, l’homme ne peut pas satisfaire les besoins de la famille. La contribution de la femme est essentielle et constitue une plus-value. L’émancipation de la femme n’est pas non plus une vengeance contre l’homme. Les femmes sont appelées à défendre leurs droits sans pour autant bafouer ceux des hommes.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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