Société

Transmission des mémoires douloureuses : Et si on commençait par de bons exemples ?

Le 30 avril 1997, au petit séminaire de Buta, 40 séminaristes sont massacrés dans un dortoir pour avoir refusé de se plier à une ségrégation fondée sur l’appartenance ethnique. Aujourd’hui, leurs petits frères affirment qu’ils sont bien armés pour ne pas céder aux propos divisionnistes malgré le passé douloureux de cette école. Ceci est sans doute le fruit de l’éducation forgée depuis des années dans ce séminaire

Les éducateurs du petit séminaire de Buta fait tout que la transmission des mémoires soit non violente.

 Les élèves du petit séminaire de Buta où 40 élèves ont été tués suite aux tensions ethniques en 1997 affirment qu’ils vivent dans l’harmonie et qu’ils ne peuvent pas céder aux manipulations. Cela est confirmé par Abbé Oscar Nizigama, recteur de ce petit séminaire. Il rassure que les éducateurs évitent tout message divisionniste à l’endroit de ces élèves.

Le recteur du petit séminaire de Buta indique que cet état d’esprit de ses éduqués résulte des stratégies utilisées depuis longtemps par cette école dans la transmission non violente des mémoires en milieu scolaire. « A ma connaissance, je n’ai enregistré aucun comportement ou message entre eux incitant à la haine à base ethnique », dit-il.

Il ajoute que même si cela arrivait, la première réaction serait de les rassembler et de leur donner un message qui leur unit et qu’il leur montre qu’ils partagent le même destin pour cette nation. « Nous les préparons à être de bons citoyens et de bons serviteurs de Dieu ».

Parler du passé, mais faire en sorte qu’il soit le plus constructif possible

Bonheur Iraganje, Bruce Havyarimana, Edgar Iteriteka, sont trois jeunes élèves du petit séminaire de Buta. Ils affirment qu’ils sont bien armés pour ne pas céder aux propos divisionnistes malgré l’histoire douloureuse de cette école. « On en parle avec nos éducateurs en montrant que ce sont des événements du passé qui n’ont plus d’importance. On évite de déterrer ce qui a été enterré et que les Burundais s’entretuent encore une fois à cause des histoires d’ethnies », raconte l’un des trois élèves.

L’autre le rejoint :« Il nous ont dit qu’ils ont tous été tués et emportés par une rivière. Ils ne donnent pas des précisions sur les faits. Ils nous disent seulement que c’étaient des combattants sans pointer du doigt une personne ou une catégorie de gens ».

« Lorsqu’on me raconte cela, je trouve que malgré la mésentente qui existait entre certains élèves, il y en avait d’autres qui se distinguaient et gardaient de l’amour envers autrui », conclut un autre.

Un exemple de transmission d’une mémoire

L’abbé Léopold Mvukiye, éducateur à cette école conseille les gens qui ont connu l’événement conseille qu’il faut d’éviter toute sorte d’incitation à la haine surtout chez les jeunes : « je conseille à toute personne de raconter le passé douloureux en commençant par de bons exemples pour éviter de blesser l’une ou l’autre susceptibilité »

Il insiste qu’il faut dire aux nouvelles générations qu’au moment où les uns s’entretuer, il y a des gens qui ont sauvé les autres qui n’ont pas la même ethnie qu’eux, qui les ont cachés ou qui ont accepté de mourir ensemble avec eux.

Quant à l’administration, Louis Nduwimana, conseiller du gouverneur de Bururi chargé de l’administration et des finances indique que normalement les établissements scolaires suivent de près leurs élèves, mais que s’il y a un élève qui dépasse les limites, c’est là où l’administration intervient. Et il ajoute : « nous privilégions plus les conseils que la punition ».

Que ce soient les éducateurs et les éduqués du petit séminaire de Buta ou le conseiller du gouverneur de Bururi, tous sont unanimes que la violence de masse ne survient jamais en l’absence des messages haineux et qu’il faut d’abord mettre un accent sur cela.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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