Agriculture

Vers la mise en place d’une industrie semencière ? 

La saison culturale 2024A débute avec des défis de taille. La cherté et la rareté des semences hantent le secteur agricole. Pire encore, les riziculteurs demeurent sceptiques sur l’efficacité des fertilisants. Les autorités rassurent qu’elles vont investir dans l’industrie semencière locale et privilégier les résultats des études sur la qualité des engrais. 

La question des fertilisants se pose toujours avec acuité d’autant plus que leur insuffisance en qualité et en quantité se répercute sur les prix des denrées alimentaires.

Le gouvernement est satisfait du fait que la population s’attèle aux activités agricoles, y compris pendant la saison sèche. Il encourage les agriculteurs à préparer davantage la saison culturale 2024 A qui commence pour booster la production agricole. Le Premier Ministre Gervais Ndirakobuca invite les agriculteurs à diversifier les cultures pour maximiser le rendement. Cela permettra non seulement de lutter contre l’insécurité alimentaire, mais aussi et de dégager un surplus commercialisable et générer des revenus pour les ménages.

Il s’agit d’un bon slogan s’il est accompagné par des actes concrets. Le pays fait face à une pénurie récurrente de semences sélectionnées en dépit des politiques adoptées pour promouvoir le secteur. Chaque retard enregistré dans la distribution des semences et des fertilisants subventionnés affecte les récoltes. Les agriculteurs demeurent perplexes sur l’approvisionnement en intrants agricoles.

Mieux vaut tard que jamais !

Au début de la saison culture 2024 A, il a été constaté un retard dans la distribution des semences importées. Par conséquent, certains agriculteurs se sont tournés vers le marché noir pour s’approvisionner à plus chers. Le nouveau ministre de l’Agriculture tient à rassurer l’opinion que le gouvernement s’est saisi de la question. Prosper Dodiko renseigne que des fonds ont été décaissés pour acheter les semences en trois lots dont un lot pour la saison culturale C et deux lots pour la saison en cours. A en croire Dodiko, les dernières cargaisons ont été acheminés vers les provinces de l’intérieur du pays le week-end dernier.

Pour pallier à la pénurie récurrente des semences, le gouvernement souhaite investir dans l’industrie semencière locale. L’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) développe déjà des semences de maïs appelés maïs composite et d’autres semences agricoles autochtones. Le ministre Dodiko annonce également la création d’une société de production des semences pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. « Nous sommes en discussion avec une compagnie étrangère qui a déjà accepté de créer une filiale à Bujumbura. En outre, le pays a déjà acquis des semences parents –étape indispensable pour lancer la production locale des semences », se réjouit-il.

La question des fertilisants FOMI refait surface  

La question des fertilisants se pose toujours avec acuité d’autant plus que leur insuffisance en qualité et en quantité se répercute sur les prix des denrées alimentaires. Pourtant, l’Etat engage des fonds conséquents (255 milliards de FBu cette année) pour répondre aux besoins des producteurs. Ces derniers restent sur leur soif. Lors de l’émission publique tenue à Gitega, les riziculteurs de la plaine de l’Imbo ont remis en cause la qualité des fertilisants. Ils se sont interrogés si le gouvernement fait toujours confiance à la société FOMI d’autant plus que le ministère de l’Agriculture encourage l’utilisation de l’urée en substitution à l’engrais FOMI-Totahaza.

L’ex-directeur de la fertilisation récemment promu au poste de ministre de l’Agriculture fait savoir qu’il n’y a pas de torchon qui brûle entre FOMI et le gouvernement. Pour preuve, c’est la même société qui est en train de distribuer les fertilisants à l’échelle nationale. Mais cela n’empêche pas de revoir certaines choses, nuance-t-il. Prosper Dodiko affirme que la décision de remplacer l’engrais Totahaza par l’urée pour la riziculture a été motivée par une étude sur les formules de fertilisation. Les résultats de cette étude sont sans équivoque : pour avoir une production du riz à l’hectare, il faut au moins appliquer 163 kg d’urée nécessaire pour fournir 75 kg d’azote. Par contre, en utilisant les fertilisants FOMI, il faut appliquer presque le double de cette quantité, soit 300 kg de l’engrais Totahaza par hectare.  Ce qui est avantageux est d’utiliser moins de fertilisants, mais avec une teneur élevée en azote, tranche-t-il.

Cela étant, les informations fournies par FOMI via son site montrent que Totahaza est un engrais organo-minéral riche en substances azotées. Il serait conçu et produit pour les céréales et les légumes. Sa teneur en éléments nutritifs renseigne que  l’azote est à 21%, le potassium à 8%, le calcium à 4% et le magnésium à 2%.Totahaza est aussi un engrais complémentaire à FOMI-Imbura.

Des dépenses onéreuses en intrants agricoles

Les problèmes liés aux semences et fertilisants persistent malgré les dépenses onéreuses de l’Etat en intrants agricoles. Au cours de cet exercice budgétaire, il est prévu  un projet d’appui au développement de l’industrie semencière pour 9 milliards de FBu. Cette année, la subvention des semences sélectionnées va coûter à l’Etat plus d’un milliard de FBu.

Le gouvernement hausse le ton. En septembre dernier, lors d’une réunion avec les chefs des bureaux provinciaux de l’agriculture, un des cadres de la société FOMI qui œuvre dans la fabrication et la distribution des fertilisants a évoqué un problème de manque de devises et des pannes techniques. Un motif balayé d’un revers de la main par le chef du gouvernement. Le représentant de FOMI et son équipe se sont vu chasser de la salle de réunion avant que cette dernière ne prenne fin.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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