Editorial

Vers une gestion rigoureuse du budget ?

L’exercice budgétaire 2022-2023 s’annonce déjà difficile. L’année budgétaire qui débute le 1er juillet 2022 revêt une certaine particularité. Le pays quitte progressivement le mode « austérité » pour entamer une gestion rigoureuse du budget dit programme. « Les membres du Gouvernement devraient bien se préparer au nouveau système budgétaire (Budget-Programme) qui sera mis en œuvre à partir de l’exercice 2022- 2023 », lit-on dans un communiqué de presse sanctionnant le conseil des ministres du 20 avril 2022. Une équipe du ministère des Finances ainsi que d’autres experts vont dispenser des formations jusqu’au niveau des communes pour aider tous les gestionnaires des budgets à assimiler ce système, précise la même source.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

 D’ailleurs, une retraite gouvernementale sur ce sujet a été organisée durant cette semaine. Pendant deux jours, les membres du gouvernement ont pu échanger sur une nouvelle gestion des recettes de l’Etat dans l’objectif de promouvoir le développement du pays. Le chef de l’Etat veut combattre la malversation économique par la promotion de la transparence dans la gestion de la chose publique pour que les fonds collectés par les services de l’Etat soient utilisés à la satisfaction des besoins réels des citoyens, lit-on sur la page officielle de la Présidence. 

Normalement, le Parlement dispose de trois mois pour l’analyse et l’adoption du projet de budget général de l’Etat. Or, il ne reste que 41 jours. L’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) trouve que le Gouvernement a déjà enregistré un retard remarquable dans le processus d’adoption dudit projet de  budget. Le patron de l’Olucome Gabriel Rufyiri demande au chef de l’Etat d’instruire les services compétents pour accélérer le processus budgétaire, exercice  2022-2023.  

Le patron de l’Olucome salue par ailleurs l’initiative du gouvernement de déclencher au Burundi le budget programme en cours d’élaboration. Toutefois, cet observatoire reste sceptique quant à la gestion efficiente du budget. Ainsi, la mise en place d’une chambre qui jugera tous les comptes publics, d’un secrétariat exécutif indépendant et compétent de la cellule nationale des renseignements financiers sera indispensable avant l’exécution de la loi des finances, exercice 2022-2023. 

Pour l’Olucome, le Budget programme sera  un facteur déclencheur  de croissance et du développement économique au Burundi que si tous ces outils de contrôle sont mis en place. Il en est  de même  pour  les hommes et les femmes qui vont exécuter et contrôler le budget programme car le budget programme est avant tout axé sur les résultats obtenus sur base des indicateurs objectivement vérifiables. Ces résultats ne pourront être obtenus que si  les experts sont recrutés de façon transparente et indépendante. 

Lors de la présentation de la loi budgétaire, exercice 2019-2020 à l’Assemblée Nationale, le ministre des Finances a évoqué le problème d’insuffisance du budget alloué à l’investissement. « Si c’était possible de me retrouver avec un budget de 4 000 milliards de BIF, j’aurais ainsi 1500 milliards de BIF réservés uniquement au fonctionnement de l’Etat parce qu’il y a ce que nous disons que c’est fonctionnel alors que ça ne l’est pas. J’aurais ainsi 2500 milliards de BIF dédiés à l’investissement dans divers secteurs », a fait savoir Dr Ndihokubwayo.

Le budget de l’Etat, exercice 2022-2023 intervient dans un contexte de marasme économique avec la dépréciation continue du BIF par rapport au dollar, la dette publique intérieure qui explose, la pénurie persistante des produits importés et une inflation au-dessus du seuil acceptable. Dans ces conditions, il est judicieux de penser aux sources de financement au moment où plus de 80% du budget proviennent des recettes internes. L’augmentation du budget risque de créer une nouvelle pression fiscale. 

Pour faire face aux facteurs endogènes et exogènes de la pénurie des produits essentiels tels que les produits pétroliers et les intrants agricoles, l’OLUCOME suggère la création de deux rubriques budgétaires, l’une pour la constitution d’un stock stratégique carburant pour au moins six mois et l’autre pour la constitution d’un stock stratégique des intrants agricoles  pour au moins deux ans.

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Benjamin Kuriyo.

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éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

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