Le phénomène des enfants en situation de rue est un des défis majeurs auxquels le Burundi fait face depuis quelques années. En plus, ces derniers temps, ils constituent un danger public en ce sens qu’ils agressent et dérobent les biens des honnêtes gens. Ce qui inquiète pas mal de passants
Les enfants en situation de rue ne le sont pas par hasard. C’est à l’Etat de les reloger et de leurs trouver une occupation décente.
« Comme travail quotidien, je suis un agent de Lumicash. Le soir de mercredi le 18 janvier 2023, j’étais en train d’échanger l’argent avec mon client. Tout d’un coup, environ cinq enfants en situation de rue venus de nulle part m’ont encerclé et m’ont arraché par force certains des billets de banque que je tenais dans mes mains et ont pris le large. Heureusement, j’ai pu sauver quelques frais », fait savoir sous couvert d’anonymat une jeune fille qui exerce le travail de transfert d’argent via les téléphones mobiles au centre-ville de Bujumbura. Elle ajoute que les agents de Lumicash et d’Ecocash sont les principales cibles de ces enfants en situation de rue. Ils ciblent également des dames qui ont des sacs à main ou des téléphones et s’enfuient avec leur butins via les canalisations souterraines et personne ne les suit, car ils inspirent la peur. Cet exemple n’est pas isolé. Il est parmi tant d’autres.
Les enfants en situation de rue constituent un défi majeur auquel le Burundi fait face depuis quelques années. Il n’a pas trouvé jusqu’alors une solution durable. Ces enfants se concentrent dans les centres urbains en général et dans la ville de Bujumbura en particulier. Quand on circule dans la capitale économique Bujumbura, surtout au centre-ville, il est rare de ne pas croiser les enfants en situation de rue scindés en de petits groupes de 10 personnes en moyenne. Ils errent dans les différents quartiers de la ville en équipes. Ce qui fait d’eux un danger public car, leur but principal est de dérober les biens des passants comme les sacs à mains, les téléphones, l’argent, etc. Les victimes sont nombreuses.
Le gouvernement a pris des mesures inappropriées et contreproductives
A partir du deuxième semestre de 2022, les enfants en situation de rue sont devenus de plus en plus nombreux et dangereux. Cette situation s’est aggravée quand le gouvernement du Burundi a voulu retirer de la rue par force les mendiants et les délinquants parmi lesquels les enfants en situation de rue qui font l’objet de notre article. On les faisait transiter au centre d’encadrement se trouvant à Jabe (mairie de Bujumbura) avant de les transférer dans leurs familles d’origine. C’est une mesure qui a été jugée inappropriée et contreproductive par différents intervenants dans le secteur de la protection des droits de l’enfant. Avant tout, il faut s’attaquer aux problèmes qui poussent les enfants à quitter leurs familles pour aller vivre dans la rue. La pauvreté est la cause principale de ce phénomène.
Dans une interview qu’il a accordée à Burundi Eco en août 2022, Emmanuel Amissi directeur adjoint du projet Enfant Soleil chargé d’encadrer les enfants retirés de la rue se trouvant à Jabe a souligné que lorsque les enfants en situation de rue rejoignent leurs familles d’origine après encadrement et trouvent que la cause de leur migration vers la rue n’a pas trouvé de solution, ils retournent directement dans les rues et deviennent de plus en plus agressifs. Pour lui, la meilleure stratégie est d’identifier et de s’attaquer aux causes profondes de la mendicité et d’assister ces enfants étant dans leurs familles d’origine. Ainsi, la balle est dans le camp du gouvernement.
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